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![]() ![]() ![]() ![]() Immense bazar à ciel ouvert, chaque vendredi matin, le souk (sog) d'El-Hamri
s'anime de mille fourmillements. On y vient de partout vendre ou acheter de
tout ou simplement pour y faire un tour. C'est presque un rituel pour le plus
grand nombre des habitués que de venir se balader dans ce grand comptoir où
chaque parcelle de sol, dès les premières heures de la matinée, vaut son pesant
d'argent.
La rue des Invalides, longeant le manège et le lycée d'El-Hamri, devient très animée le temps d'une matinée. C'est le territoire des «faracha», de la palabre et du flair. De la pièce détachée, de la plus rare aux objets les plus exceptionnels, du vieil habit, les espadrilles surtout, aux bicyclettes, du petit outillage aux bibelots électroniques les plus improbables, chacun peut trouver ce qu'il cherche. Et il n'y a pas que cela, également les vendeurs ambulants de kalantika et casse-croûte en tous genres, thé chaud, cacahuètes et autres amuse-gueules bon marché. Ce monde, clos et ouvert tout à la fois, est le lieu idéal pour gagner quelques sous. C'est un métier secondaire pour de nombreux jeunes et moins jeunes qui savent se débrouiller pour ne pas revenir bredouilles du safari de la débrouillardise. Chacun est spécialiste dans un créneau. Ils viennent la matinée en n'ayant dans la poche que quelques sous pour seul capital. Un premier tour, question de sonder le marché pour localiser les belles opportunités, essayer surtout de repérer ceux qui viennent se débarrasser d'un objet, sans pour autant être des spécialistes de la revente. Lakhdar, fonctionnaire et bricoleur à ses moments perdus, mais surtout beau parleur, aime être de la partie chaque semaine et il le dit carrément. «Pour arrondir mes fins de mois, je gagne de l'argent sans vraiment me fatiguer, simplement en faisant de la transaction sur place. C'est-à-dire que je vends sur place ce que je viens d'acheter». Et Lakhdar, qui est un spécialiste dans les chauffe-eau, avoue que de nombreux citoyens, un peu naïfs ou suffisants, n'hésitent pas à jeter cet appareil ou carrément le brader, le croyant irrécupérable. Mais la plupart ne savent pas qu'il suffit d'un peu de calcaire pour rendre cet instrument inopérant. «Donc, avant d'acheter, je le palpe. Et si je vois qu'il est récupérable, je l'acquiers pour rien, pour ensuite le déboucher à l'aide d'un dégrippant. Et la semaine d'après, je le revends, bien sûr en faisant du bénéfice», ajoute-t-il. Et ils sont nombreux comme Lakhdar, chacun dans sa spécialité, qui viennent ici pour flairer la bonne affaire. Téléphones portables, MP3, survêtements, bicyclettes, postes radio..., tout se vend et tout s'achète en ces lieux. Rendez-vous obligatoire des bricoleurs et de simples citoyens qui viennent non seulement pour chercher la rareté, mais aussi pour parler, s'échanger des informations sur les bons filons, palper l'air du temps, se mettre au parfum de la nouveauté. Le marché est un lieu de haute théâtralité où chacun donne l'air d'être sincère... Mais avec les aléas, chacun sait que l'autre ne dit pas la vérité, sans forcement mentir... Nos marchés hebdomadaires sont comme ça, ils palpitent de vie et foisonnent de couleurs, d'odeurs et de bien d'autres choses. |
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