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Blida: Le nouveau système comptable en débat

par Tahar Mansour

La Faculté des sciences économiques de l'Université Saâd Dahlab de Blida a organisé à la fin de la semaine écoulée, et durant trois jours, un séminaire international sur les IAS-IFRS (international accounting standards/international financial reporting standard), des normes financières et comptables internationales auxquelles nos entreprises, étatiques et privées, devront se conformer à partir du mois de janvier 2010. Il faudrait noter cependant que ce passage aurait dû être effectif à partir de 2009 puisque introduit par le nouveau plan comptable algérien, mais il exige une mise à jour des compétences des professionnels du secteur. Ainsi, avec l'adoption des IAS-IFRS par le système comptable algérien, les bilans des entreprises et des grands cabinets d'expertise comptable seront plus transparents. Les commissaires aux comptes devront aussi s'y confirmer. Ce nouveau système doit donc conduire à faciliter la vérification des comptes et à assurer la disponibilité d'informations financières lisibles et transparentes. Jusqu'à maintenant, c'est l'apparence juridique des opérations financières qui était privilégiée alors qu'avec les IAS-IFRS, c'est plutôt l'aspect économique et financier qui est en avant. En outre, l'information financière et économique sera plus lisible au-delà des frontières car, avant, il fallait engager des experts pour la lecture de la comptabilité algérienne, ce qui pouvait aussi conduire à des erreurs d'interprétation. Ainsi, les normes IAS/IFRS ont pour but principal d'établir un corpus de normes comptables de haute qualité destiné aux grandes entreprises, ce qui nécessitera donc de profonds aménagements informatiques dans les grands groupes comme dans les PME/PMI. Ceci permettra donc une plus grande clarté dans les comptes des entreprises, mais est-ce que ceci sera possible actuellement ? Est-ce que ces entreprises pourront rendre publics tous leurs comptes et payer ainsi un surcroît d'impôts (réels) ? Seront-elles capables dans le contexte actuel d'afficher leurs plans d'avenir et pourront-elles faire face et suivre à une concurrence féroce ? D'ailleurs, les entreprises algériennes, pour être fiables, devraient être cotées en bourse, or, nous sommes loin de cela. Toutes ces questions et bien d'autres encore ont été discutées par d'éminents spécialistes, dont un de Tunisie et un autre de Jordanie, car il faut rappeler que ces deux pays se sont conformés aux normes internationales depuis plusieurs années déjà. En Algérie, nous devons nous adapter et non adopter les normes internationales sans discernement car, les systèmes diffèrent d'un pays à un autre ainsi que les mentalités. Mais ceci n'empêche pas que nos entreprises doivent présenter une évaluation juste de leurs capacités actuelles et être capables de justifier leurs résultats futurs, et ceci après avoir opéré une mise à niveau avec les entreprises étrangères. En parlant d'entreprises étrangères, nous apprenons qu'elles sont des milliers à vouloir pénétrer le marché algérien et n'attendent que le meilleur moment pour le faire, ce qui oblige nos entreprises à y faire face, sinon elles seront absorbées. Alors, l'Algérie pourra-t-elle s'adapter aux AIS/IFRS maintenant ou devrons-nous attendre encore longtemps avant que les mentalités acceptent le changement et tout ce qui vient avec comme transparence et lisibilité dans les comptabilités ?