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Aïn Defla: Les agriculteurs vident leur sac

par M. N.

Mercredi dernier, l'ODEJ (Office des Etablissements de la Jeunesse) de Aïn Defla a abrité une importante réunion entre le directeur de la CNMA, Mr Akba Kamel, le Directeur général adjoint de la BADR, Mr Saghour Mourad, le directeur des Services agricoles de Aïn Defla, le directeur de la Chambre de l'agriculture et les plus gros producteurs des différentes filières pommes de terre, céréales, lait, aviculteurs.

 Ce fut surtout une réunion-débat où les agriculteurs ont posé les problèmes répétitifs qu'ils rencontrent, problèmes liés aux crédits, au soutien à la lourdeur bureaucratique, au manque de performance de la CCLS (Coopérative de céréales et de légumes secs) de Khemis Miliana, à l'effacement de la dette promulguée par le chef del'Etat, à une application aléatoire des textes en matière d'accès au crédit... Une longue liste de critiques constructives en fait puisque tous les agriculteurs qui ont pris la parole ont déclaré unanimement «Nous ne voulons qu'une chose, lever les contraintes pour nous permettre de travailler, produire plus et mieux...». Nombreux ont été les intervenants qui se sont plaints de la lourdeur des dossiers de crédits bancaires «On exige de nous des papiers qu'on ne peut se faire délivrer : «factures, proformats, bilans des 2 années précédentes, titres de propriété alors que nous sommes locataires ou bien que nous possédons des terres dans l'indivision»..

 D'autres ont interpellé le représentant de la BADR sur l'attitude des agences bancaires «on refuse même qu'on puisse acquérir au comptant des machines agricoles. On nous demande au préalable de rembourser les crédits alors que nous figurons sur la liste des exploitants touchés par l'effacement de la dette..

 D'autres encore ont exprimé leur désapprobation sur l'octroi du soutien accordé par l'Etat «A la BADR on nous demande de verser l'apport personnel mais avec en plus la part du soutien de l'Etat». A ce sujet, les responsables ont rappelé que la réglementation est claire : «L'état ne verra sa part de soutien qu'après l'obtention du service fait». Ce qui a fait dire à certains postulants «Si nous avions cet argent, nous ne demandrions ni crédits ni soutien de l'Etat».

 Ce que beaucoup d'agriculteurs n'ont pas compris, c'est que l'obtention du crédit de campagne soit devenue un véritable parcours du combattant : «Ce sont des crédits à court terme, 3 à 6 mois, nous avons toutes les peines du monde à les obtenir, pourtant, nous avons prouvé de par le passé que nous sommes des clients sérieux et que nous avons remboursé jusqu'au dernier sou les crédits qui nous avaient été octroyés».

 A propos d'effacement de la dette, on a appris que sur le plan national, l'ardoise se chiffre à quelque 22 milliards de DA et que pour la wilaya d'Aïn Defla le montant s'élève à 120 millions de DA pour 1.500 dossiers. Selon une autre source sur les 1.500 dossiers de la wilaya de Aïn Defla, un seul avoisine le milliard de cts. Ce qu'on sait aussi c'est que tous les dossiers sont à Alger mais, qu'à ce jour, aucune décision d'exécution n'a été établie.

 Il a aussi été question du prix des assurances facturées par la CRMA à 14.000 DA l'hectare. On trouve bizarre qu'une autre compagnie d'assurance propose des prix bien moindres. Au sujet de cette concurrence qu'on qualifie de déloyale», les assureurs de la CRMA sont catégoriques «les conditions générales proposées par ce concurent sont tronquées» ajoutant «lisez les conditions générales et vous vous rendrez compte que si vous payez moins c'est que c'est un sous produit. Le cas des agriculteurs touchés par les chutes de grêle dans la wilaya de Tiaret sont là pour le confirmer...

 Plusieurs céréalicutleurs ont dénoncé la pratique qui sévit à la CCLS : «Nous avons obtenu les engrais depuis 33 jours, un produit dont l'entreposage n'est pas sans poser probème, mais à ce jour, nous n'avons pas pu obtenir les semences». A propos de semences de blé, certains ont crié au scandale, «les semences avec l'emballage de la CCLS sont écoulés dans le trabendo.. alors que nous, nous ne les obtenons pas auprès de cet organisme».

 En réponse le président de la Chambre a répondu : «Dans ce cas, il est de votre devoir de vous adresser à la police, ou à la gendarmerie.. de pareils trafiquants et autres spéculateurs doivent être éradiqués du rang des agriculteurs honnêtes». Le directeur de la CCLS a voulu prendre la parole pour se justifier, la parole lui a été refusée par le président de la réunion.

 Les hauts responsables de la DSA, de la CNMA, de la BADR ont noté toutes les doléances des agriculteurs et ont promis qu'elles seront étudiées. Tout comme il a été prévu d'autres rencontres séparées, filière par filière, afin d'applanir les difficultés, lever les contraintes et faciliter la tâche des producteurs.