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Débat :
Baccalauréat algérien : quand cinq jours effacent trois ans d'efforts- Fardeau budgétaire, inégalités pédagogiques et nécessité d'un modèle hybride
par Oukaci Lounis* ![]() « Un
système d'évaluation trop centralisé et basé sur des épreuves finales renforce
la compétition, l'anxiété scolaire et les inégalités » (UNESCO, Repenser
l'évaluation pour l'apprentissage au XXIe siècle, 2021).
Depuis de nombreuses décennies, le baccalauréat algérien occupe une position prépondérante dans l'imaginaire collectif, l'organisation du système éducatif ainsi que dans la trajectoire socioprofessionnelle des jeunes. Véritable rituel national, il est perçu comme un pivot d'ascension sociale, un garant de l'égalité républicaine et une porte d'entrée vers l'université. Ainsi, en 2025, dans un contexte marqué par une pression budgétaire accrue, des crises systémiques au sein du système éducatif et des transformations rapides des modèles d'évaluation à l'échelle internationale, il apparaît légitime de s'interroger sur la pérennité, la légitimité et la fonction véritable de cet examen. D'un point de vue économique, l'organisation annuelle du baccalauréat mobilise des ressources financières et humaines colossales : logistique nationale, mobilisation d'enseignants, indemnités, sécurité, surveillance numérique L'État algérien, confronté à d'autres urgences (santé, infrastructures, réforme pédagogique), peut-il continuer à investir autant dans un dispositif dont le rendement éducatif et social reste incertain ? Sur le plan pédagogique, le bac actuel repose essentiellement sur une logique de standardisation, d'accumulation de connaissances et de reproduction. Il favorise la mémorisation plutôt que la réflexion critique, la compétition plutôt que la coopération, l'angoisse plutôt que la créativité. Cette évaluation finale en fin de terminale reflète-t-elle encore les véritables apprentissages des élèves ? Contribue-t-elle à leur orientation éclairée dans un monde en mutation, ou reproduit-elle les inégalités qu'elle prétend corriger ? Enfin, à l'échelle comparative, de nombreux pays ont amorcé des réformes majeures de leur évaluation terminale : passage au contrôle continu, modularité, certification par compétences, intégration de l'intelligence artificielle Ces alternatives interrogent le modèle algérien, resté figé depuis des décennies. Dès lors, le maintien du baccalauréat tel qu'il existe aujourd'hui est-il soutenable à moyen et long terme ? Ne constitue-t-il pas à la fois un fardeau budgétaire, une illusion méritocratique et un obstacle à la modernisation de l'école algérienne ? Comment concilier l'exigence de justice, d'efficacité et d'innovation sans trahir l'idéal éducatif national ? Notre Problématique répond à la question suivante : Le baccalauréat algérien est-il encore un modèle soutenable ? Analyse critique des coûts budgétaires, de l'efficacité pédagogique et des alternatives possibles. Cette problématique invite à une analyse critique et multidimensionnelle du baccalauréat algérien, afin d'éclairer les enjeux réels, de mettre en évidence les limites structurelles, et d'envisager des voies de réforme sérieuses, adaptées et contextualisées. Cette problématique propose une analyse critique du baccalauréat algérien, en examinant ses coûts budgétaires, son efficacité pédagogique et les alternatives possibles. L'objectif est d'ouvrir une réflexion stratégique sur l'avenir de cet examen, et plus largement, sur l'avenir de l'école algérienne. I. Le coût budgétaire du baccalauréat : un gouffre silencieux Chaque année, l'organisation du baccalauréat mobilise des moyens humains, logistiques, administratifs et sécuritaires colossaux. Rarement questionné dans le débat public, le coût budgétaire de cet examen national constitue pourtant un poste de dépense massif, absorbant des ressources qui pourraient être investies ailleurs dans le système éducatif - formation des enseignants, équipements numériques, soutien aux élèves en difficulté. Ce gouffre financier, souvent invisible, mérite d'être mis en lumière. Dans un contexte économique tendu et face aux impératifs de modernisation de l'école algérienne, il devient légitime de s'interroger : le bac, tel qu'il est conçu aujourd'hui, est-il un investissement pertinent ou une dépense d'un autre temps ? Le baccalauréat algérien est-il encore un modèle soutenable ? II. Un fardeau budgétaire de plus en plus difficile à justifier : quand le chercheur est contraint de simuler Combien coûte réellement le baccalauréat en Algérie ? C'est une question à laquelle il est étonnamment difficile de répondre, tant les données budgétaires officielles restent floues, parcellaires ou tout simplement absentes du débat public. Contrairement à d'autres pays où la transparence budgétaire permet aux chercheurs, journalistes ou citoyens de suivre les dépenses publiques poste par poste, en Algérie, le financement des grands examens nationaux demeure un angle mort des politiques éducatives. Dans ce contexte, le chercheur n'a pas le luxe de l'inaction. Il doit souvent avancer à tâtons, armé de patience, d'esprit critique et d'un devoir de méthode. Lorsqu'il n'a pas accès à des chiffres consolidés, il lui revient de proposer des simulations rigoureuses, à partir des données fragmentaires disponibles, de témoignages de terrain, de rapports non publiés ou de comparaisons internationales. Cette démarche, loin d'être hasardeuse, s'inscrit dans une logique de responsabilité scientifique. Elle permet de poser les bonnes questions, d'évaluer les ordres de grandeur, et surtout, d'ouvrir le débat là où règne souvent le silence. Simuler, dans ce cas, ce n'est pas inventer. C'est estimer avec rigueur, modéliser avec prudence, confronter avec honnêteté. Car face à une dépense publique aussi symbolique que massive, le droit de savoir devient un impératif démocratique. Et le chercheur, dans une société qui aspire à la transparence, a non seulement le droit, mais le devoir d'éclairer ce que d'autres préfèrent maintenir dans l'ombre. A. Le bac algérien : combien ça coûte réellement ? Chaque année, l'organisation du baccalauréat en Algérie mobilise des moyens humains, logistiques et financiers colossaux pour une évaluation qui ne dure que quelques jours. La session 2025, à elle seule, offre un aperçu frappant de cette démesure. Ce sont 878 773 candidats qui sont inscrits cette année, dont 548 000 élèves scolarisés et près de 330 000 candidats libres, soit 37,5 % du total. Pour encadrer cette opération nationale, 2 964 centres d'examen ont été mobilisés à travers le pays, et environ 308 000 personnes ont été recrutées en tant que surveillants, correcteurs, coordinateurs ou agents de soutien. Sur le plan des recettes, les frais d'inscription sont fixés à 1 000 dinars algériens pour les candidats scolarisés et 2 000 dinars pour les candidats libres. Cela génère une recette brute estimée à environ 1,208 milliard de dinars algériens, soit près de 8,3 millions de dollars américains. Mais cette recette, bien qu'importante en apparence, ne couvre qu'une infime partie des coûts réels. B. Des dépenses à grande échelle Une estimation simplifiée permet de mieux cerner l'ampleur de l'effort financier. Rien que pour les indemnités versées aux encadreurs, si l'on considère que les 308 000 personnes mobilisées perçoivent en moyenne 5 000 dinars pour cinq jours d'examen, le coût total atteint environ 1,54 milliard de dinars, soit près de 11 millions de dollars américains. À cela s'ajoutent les dépenses logistiques et sécuritaires, incluant le transport, la mise à disposition de matériel, le gardiennage et la mobilisation des forces de l'ordre. Ces frais sont estimés à 500 millions de dinars, soit l'équivalent de 3,6 millions de dollars. La production et la sécurisation des épreuves, comprenant l'impression sécurisée, la surveillance numérique et l'infrastructure informatique, engendrent un surcoût estimé à 350 millions de dinars, soit 2,5 millions de dollars supplémentaires. Enfin, les opérations de correction, de délibération et de constitution des jurys, avec les gratifications dues aux enseignants et personnels administratifs, pèsent encore pour environ 500 millions de dinars, soit environ 3,6 millions de dollars. Au total, le coût brut de l'organisation du baccalauréat s'élève à une fourchette comprise entre 2,9 et 3,2 milliards de dinars algériens, ce qui représente entre 21 et 23 millions de dollars américains selon les taux de change de l'année 2025. C. À coût égal, un potentiel de transformation Ce poids financier, difficilement soutenable à long terme, soulève une question fondamentale : que pourrait-on faire d'autre avec un tel budget ? Prenons un exemple concret : la transition numérique complète d'un établissement secondaire algérien accueillant environ 500 élèves. Une telle transformation, vers une école « zéro papier », nécessiterait un investissement total estimé à 18 millions de dinars algériens, soit environ 124 000 dollars. Ce montant inclut l'achat de 250 appareils numériques (ordinateurs portables ou tablettes) pour les élèves, pour un coût de 10 millions de dinars. L'installation d'un réseau Wi-Fi interne et la couverture complète de l'établissement reviendraient à 2 millions de dinars. L'achat et l'installation d'un serveur local, ou l'abonnement à un service cloud, avec sa maintenance initiale, nécessiteraient 3 millions de dinars. À cela s'ajouterait 1 million de dinars pour la formation initiale des enseignants et 2 millions pour les contenus pédagogiques numériques et les licences éducatives. Avec les 2,9 à 3,2 milliards de dinars actuellement alloués au seul bac, l'État algérien pourrait donc équiper et numériser entre 160 et 180 établissements secondaires dans le pays. Cela permettrait de toucher potentiellement plus de 90 000 élèves, avec un impact durable sur l'innovation pédagogique, la réduction des inégalités numériques et la modernisation de l'école algérienne. D. Un effort collectif déséquilibré L'organisation du baccalauréat repose principalement sur les finances publiques, mais elle implique aussi d'autres acteurs. L'État central en prend à sa charge entre 75 % et 80 % du coût total. Cela comprend l'essentiel de la logistique, les indemnités versées aux enseignants et aux encadreurs, la sécurité des centres d'examen et la reproduction des sujets. Les familles, quant à elles, participent indirectement à hauteur de 10 % à 15 %. Cette contribution s'exprime à travers les frais d'inscription, relativement modestes, mais aussi par les dépenses annexes comme le transport, parfois l'hébergement dans certaines wilayas, et, pour une partie des candidats, le recours à des cours particuliers. Ces charges sont très inégalement réparties selon les régions, et touchent plus durement les familles rurales ou à faibles revenus. Enfin, les collectivités locales, notamment les APC et les directions régionales de l'éducation, assument environ 5% à 10% du coût global. Leur contribution est souvent logistique : mise à disposition de bâtiments scolaires, mobilisation de personnel local, sécurisation matérielle des centres ou appui administratif. Ce partage des charges montre que si l'organisation du bac est un effort collectif, il reste largement déséquilibré. Il révèle une dépendance massive aux finances publiques, dans un contexte où ces ressources pourraient être redéployées vers des priorités stratégiques, comme la rénovation des établissements, la réduction des inégalités territoriales ou l'équipement numérique des écoles. L'examen du baccalauréat reste un marqueur symbolique fort du système éducatif algérien. Mais son coût croissant, face à son efficacité pédagogique de plus en plus contestée, appelle à une réflexion sérieuse. Dans un pays confronté à de nombreux défis éducatifs, sociaux et numériques, la reconduction annuelle d'un tel dispositif mérite aujourd'hui d'être interrogée à l'aune de l'équité, de l'efficience et de la durabilité. Plus qu'une réforme technique, c'est peut-être un changement de paradigme qui s'impose. E. Le poids caché des candidats libres : entre iniquité pédagogique et explosion logistique La session 2025 du baccalauréat révèle une donnée aussi étonnante qu'inquiétante : près de 330 000 candidats libres, soit plus d'un tiers (37,5/ %) du total des inscrits, se présentent aux épreuves sans être intégrés dans un parcours scolaire régulier. Ce chiffre interpelle, tant par sa hausse constante que par les conséquences budgétaires et pédagogiques qu'il induit. Candidats libres au bac : un gouffre logistique et budgétaire méconnu La session 2025 du baccalauréat algérien révèle une réalité peu débattue mais lourde de conséquences : la charge induite par les 330 000 candidats libres, soit 37,5 % du total. Si l'on isole cette population, l'impact logistique et budgétaire est tout simplement massif. Avec une moyenne de 300 candidats par centre, ce sont près de 1 100 centres d'examen mobilisés exclusivement pour eux - soit plus d'un tiers du dispositif national. Cela représente entre 11 000 et 13 200 salles de classe, chacune nécessitant cinq surveillants tournant sur plusieurs jours : le total grimpe ainsi entre 55 000 et 66 000 surveillants. Côté correction, les chiffres sont tout aussi parlants : chaque candidat compose en moyenne dans sept matières, soit 2,31 millions de copies à corriger pour cette seule catégorie. Avec un ratio de 200 à 250 copies par correcteur, cela nécessite entre 9 200 et 11 500 correcteurs. En appliquant un forfait moyen de 5 000 dinars par encadreur (surveillants, correcteurs, coordinateurs), la facture minimale atteint 330 millions dinars, soit environ 2,2 millions d'euros. En intégrant la logistique (impression, transport, gardiennage, sécurité), le coût réel associé aux seuls candidats libres pourrait atteindre 4 à 5 millions de dollars. Ce constat interroge : alors que l'objectif affiché est l'équité, ces chiffres révèlent un système budgétivore et potentiellement inéquitable. Un facteur d'iniquité pédagogique préoccupant : Au-delà des coûts, la présence massive des candidats libres pose un sérieux problème d'équité : - Préparation non encadrée (souvent par des cours privés, ce qui favorise les plus aisés). - Absence de contrôle continu (ils passent uniquement par l'épreuve finale, donc moins d'évaluation formative). - Possibilité de repasser plusieurs fois l'examen, parfois sans limite, leur donnant un avantage statistique sur les élèves scolarisés. - Stratégie d'optimisation des notes : certains repassent uniquement pour obtenir une meilleure moyenne et accéder à des filières sélectives comme médecine, pharmacie ou informatique, au détriment des élèves issus du système formel. Le phénomène des candidats libres, bien qu'inscrit dans le droit à l'éducation et à la seconde chance, prend aujourd'hui des proportions qui mettent à mal la soutenabilité budgétaire du bac et brouillent les principes de justice éducative. Il est peut-être temps d'ouvrir un vrai débat national sur les modalités, les critères et les conditions d'accès à cette voie parallèle, afin d'éviter qu'elle ne devienne un raccourci pour les mieux préparés et un fardeau pour la collectivité. Vers une solution équitable : réguler sans exclure Si le statut de candidat libre répond à une exigence de justice sociale - permettre à celles et ceux qui ont quitté le système scolaire ou souhaitent une seconde chance de repasser le bac - il ne peut continuer à fonctionner sans régulation dans sa forme actuelle. Il est donc urgent d'adopter une approche équilibrée, à la fois respectueuse des droits et soucieuse de l'équité pour tous les candidats. - Limiter le nombre de tentatives : Un candidat libre pourrait bénéficier de deux tentatives maximum sur une période de cinq ans, sauf cas de force majeure dûment justifié (maladie grave, interruption pour raisons familiales, etc.). Cela éviterait les stratégies opportunistes de « bac à répétition ». - Imposer une formation minimale obligatoire : Avant de se présenter à l'examen, le candidat libre devra suivre un module de préparation obligatoire dans un centre public de formation (soirée, week-end ou à distance), validé par une attestation. Cela garantirait un socle de préparation commun et éviterait que certains se présentent en candidat « fantôme ». - Renforcer les frais d'inscription de manière progressive : Actuellement fixés à 2 000 dinars, les frais pourraient être ajustés selon le nombre de tentatives : - 1re tentative: 20.000 dinars. - 2e tentative : 30.000 dinars. Ce barème, sans être discriminatoire, introduirait une logique de responsabilisation et contribuerait à alléger le fardeau budgétaire. - Créer des centres d'examen dédiés aux candidats libres : Cela permettrait de mieux les encadrer, d'organiser des sessions spécifiques (y compris à distance dans certains cas), et de soulager les établissements scolaires utilisés actuellement. - Empêcher les réinscriptions stratégiques pour l'amélioration de moyenne : Il pourrait être interdit à un candidat déjà admis au bac de se représenter uniquement pour augmenter sa moyenne. Seuls les non-admis seraient autorisés à se représenter. Ce serait un pas important vers une plus grande équité d'accès aux filières universitaires convoitées. Pour une seconde chance mais dans un cadre juste : Réformer le statut des candidats libres ne signifie pas les exclure. Bien au contraire : c'est leur offrir une seconde chance encadrée, structurée et équitable. Mais c'est aussi préserver le système éducatif de dérives coûteuses et inégalitaires. L'heure est venue de repenser ce statut à la lumière de la justice éducative, du bon sens budgétaire et de la cohérence pédagogique. III. Une efficacité pédagogique en question 1. Un examen déconnecté de la réalité des apprentissages Malgré son rôle central dans le système éducatif algérien, le baccalauréat demeure largement fondé sur des pratiques pédagogiques obsolètes, en particulier sur la mémorisation mécanique de connaissances théoriques, au détriment du développement de compétences durables telles que l'esprit critique, la résolution de problèmes, la créativité ou la collaboration. Ce mode d'évaluation, à la fois centralisé et standardisé, ne prend que marginalement en compte la diversité des profils d'apprenants, leurs parcours scolaires différenciés ou encore leurs talents spécifiques. Tous les candidats sont soumis aux mêmes épreuves rigides, quelles que soient leurs aptitudes ou les réalités pédagogiques vécues dans leurs établissements, notamment en zones rurales ou défavorisées. Cette structure du bac incite à une pédagogie du bachotage, surtout en terminale, où l'objectif devient essentiellement de « réussir l'examen », non d'apprendre. Les enseignants, sous pression, orientent leurs pratiques vers des entraînements répétitifs à des sujets-type, souvent au détriment de l'approfondissement conceptuel, de l'expérimentation ou du lien entre les savoirs et la réalité du monde contemporain. Ce décalage entre les finalités éducatives proclamées et les modalités concrètes de l'évaluation est largement documenté dans les recherches en sciences de l'éducation. 2. Un diplôme inflationniste Avec un taux de réussite oscillant entre 50 et 60%, le baccalauréat algérien donne chaque année accès à l'université à des dizaines de milliers de candidats. Toutefois, ce chiffre ne traduit pas une réelle élévation du niveau des élèves, ni une amélioration qualitative de leurs apprentissages. Au contraire, il participe d'un phénomène de diplômite : le diplôme devient un simple sésame d'accès administratif, sans garantir ni compétences solides, ni préparation adéquate à la suite du parcours. Par ailleurs, il ne faut pas négliger la moitié silencieuse : celle des candidats recalés. Ces jeunes - parfois brillants, mais mal préparés au format de l'épreuve - voient treize années d'efforts scolaires réduites à un échec en cinq jours d'examen. Ce système engendre une perte humaine, psychologique et économique considérable. Il s'agit de dizaines de milliers de jeunes chaque année qui, faute de diplôme, se retrouvent désorientés, démotivés, voire exclus des circuits de formation et d'insertion. L'énergie investie par l'État, les familles et les enseignants tout au long de leur parcours sont en grande partie gaspillée, faute d'un système plus juste et continu. Du côté de l'enseignement supérieur, les universités algériennes sont contraintes d'absorber des cohortes hétérogènes, dont une part importante est mal préparée à la rigueur universitaire. Cette inadéquation se traduit par un taux d'échec supérieur à 60% en première année dans certaines filières, selon des rapports internes au secteur. L'entrée massive, mais peu sélective, contribue à un engorgement des établissements et à une dévalorisation progressive du diplôme universitaire, sans pour autant répondre aux besoins du marché du travail. 3. Une illusion méritocratique Le baccalauréat est souvent présenté comme un rite de passage équitable, récompensant le mérite et les efforts personnels. Pourtant, cette image repose sur une illusion de méritocratie. En réalité, les inégalités sociales, territoriales et éducatives jouent un rôle déterminant dans les chances de réussite. Un élève issu d'un lycée urbain bien doté, dont la famille peut financer des cours particuliers et l'accès à des ressources pédagogiques numériques, n'a pas les mêmes opportunités qu'un autre scolarisé en zone rurale, dans un établissement en sous-effectif, sans accès régulier à Internet ou aux supports pédagogiques actualisés. Le bac, loin de corriger ces disparités, les entérine. Le système favorise de fait les élèves qui disposent déjà des bons codes, des bons outils et du bon entourage. L'accès aux cours privés, aux manuels corrigés ou aux plateformes d'entraînement en ligne devient souvent un facteur décisif de réussite - au point de transformer un examen national en compétition socio-économique déguisée. Ainsi, le bac ne mesure pas uniquement les acquis cognitifs ou les compétences scolaires. Il reflète et amplifie les inégalités existantes, où l'origine sociale prédit davantage la réussite scolaire que le potentiel ou le mérite. IV. Des alternatives réalistes et éprouvées ailleurs 1. Le contrôle continu : une évaluation plus juste et formatrice La généralisation du contrôle continu constitue une alternative crédible et déjà éprouvée dans de nombreux systèmes éducatifs. Elle consiste à évaluer l'élève non pas sur la base d'un unique examen final, mais à travers un ensemble d'épreuves, réparties sur les trois années du secondaire, intégrant des dimensions variées de l'apprentissage. Réintégrer une évaluation progressive et cumulative sur l'ensemble du cycle secondaire permettrait de valoriser la constance, l'effort à long terme et le développement des compétences transversales, et non seulement la performance ponctuelle d'un examen. Le contrôle continu permet une diversification des modes d'évaluation, incluant : des projets individuels ou collectifs ; des évaluations orales, développant l'argumentation et la prise de parole ; des travaux pratiques, particulièrement importants en sciences et en technologie ; des exposés ou dossiers de recherche, encourageant l'autonomie et l'esprit critique. Cette approche a également un impact psychosocial positif, en réduisant le stress lié à un examen unique perçu comme décisif. Selon l'UNESCO, « un système d'évaluation trop centralisé et basé sur des épreuves finales renforce la compétition, l'anxiété scolaire et les inégalités » (UNESCO, Repenser l'évaluation pour l'apprentissage au XXIe siècle, 2021). Dans les pays scandinaves comme la Finlande, ou dans certains cantons suisses, le baccalauréat est largement fondé sur le contrôle continu, avec des examens finaux qui ne représentent qu'une fraction de la note globale. En France, la réforme du baccalauréat engagée en 2019 a également renforcé le poids du contrôle continu, qui représente désormais 40% de la note finale. Enfin, le contrôle continu permet aux enseignants d'avoir un rôle actif dans l'évaluation des élèves, valorisant ainsi leur expertise pédagogique. Cette proximité avec le terrain renforce la pertinence des évaluations et les inscrit dans le parcours réel de l'élève. Il existe des modèles performants. L'Algérie doit commencer, même modestement. Dans de nombreux pays du monde, des modèles éducatifs innovants, justes et adaptés aux défis du XXIe siècle sont déjà en place. Ils ont su rompre avec le modèle rigide, uniforme et anxiogène du baccalauréat unique fondé sur un examen final à enjeu maximal. Et nous, en Algérie ? Aujourd'hui, nous devrions faire un pas modeste mais symbolique : La proposition d'un bac avec 40% de contrôle continu et 60% d'examen final est loin d'être révolutionnaire à l'échelle mondiale mais c'est une avancée considérable pour notre système figé. Elle permettrait déjà: De désamorcer la pression extrême sur une seule session d'examen ; D'encourager un travail régulier et durable chez les élèves ; De mieux refléter les compétences réelles acquises sur trois ans de lycée. Nous avons le droit de ne pas être encore à la hauteur des pays les plus avancés. Mais nous n'avons plus le droit de rester immobiles. Commençons par le 40/60 : c'est un compromis raisonnable, accessible, déjà appliqué ailleurs. Ensuite, préparons progressivement le terrain à des modèles : Modulaires, qui permettent aux élèves de valider des unités de formation à leur rythme ; Individualisés, respectueux des profils, des talents et des projets de chaque apprenant ; Équitables, qui ne jugent pas un élève sur une seule épreuve, mais sur l'ensemble de son parcours. Car réformer l'évaluation, c'est réconcilier l'école avec sa mission première : accompagner, reconnaître et faire grandir. Oui, je m'attends à des critiques. Et je les assume pleinement. Ce que je propose n'est ni une révolution radicale, ni une fuite en avant. C'est un premier pas, lucide, mesuré, mais nécessaire. Et surtout : c'est un pas vers les élèves, pas contre eux. V. Plaidoyer pour un bac hybride Quand un élève sur deux échoue : faut-il changer de paradigme ? 51,57 % de réussite au bac 2025 : Épreuve trop dure ou élèves insuffisamment préparés ? Avec un taux de réussite national, soit un peu plus d'un candidat sur deux recalés, la question mérite d'être posée : le bac devient-il plus difficile ? Ou les élèves sont-ils de moins en moins bien préparés ? Objectivement, les deux facteurs se conjuguent. D'une part, la complexité croissante des épreuves notamment dans les filières scientifiques et techniques - semble s'inscrire dans une logique de sélection plus rigoureuse. Certaines matières-clés, comme les mathématiques ou la physique, connaissent un taux d'échec élevé, traduisant un écart persistant entre les attentes des concepteurs d'examen et les compétences réelles des élèves. D'autre part, les fragilités structurelles du système éducatif algérien pèsent lourd : hétérogénéité des niveaux entre établissements, manque de formation continue pour les enseignants, absence de pédagogies différenciées, surcharge des programmes, et faible ancrage du travail personnel sur le long terme. Ces éléments limitent la capacité des élèves à consolider leurs apprentissages sur trois ans, aboutissant à une pression démesurée sur les seuls jours d'examen. Enfin, le taux élevé de candidats libres (près de 330 000 cette année) - souvent moins encadrés - contribue mécaniquement à abaisser la moyenne nationale. En résumé, le problème ne réside ni uniquement dans la difficulté des épreuves, ni uniquement dans le niveau des élèves, mais dans le décalage persistant entre les exigences du bac et la réalité pédagogique quotidienne. Une réforme en profondeur, notamment l'introduction d'un modèle hybride combinant évaluation continue et finale, pourrait offrir une réponse plus juste et plus adaptée aux défis actuels. Et si notre baccalauréat récompenserait enfin le travail de trois années ? Imaginons un instant un lycée algérien, dans un avenir proche. Une réforme a été adoptée : désormais, le baccalauréat ne se joue plus exclusivement sur cinq jours d'examen, mais repose aussi sur les résultats accumulés pendant les trois années du secondaire. Ce modèle s'inspire de réformes déjà mises en œuvre ailleurs, notamment en France, où 40 % de la note finale du bac est désormais fondée sur le contrôle continu. Mais au-delà du symbole, ce changement de paradigme pourrait transformer profondément le rapport des élèves à l'effort, au mérite et à la réussite. Moins de stress, moins d'échecs : une évidence pédagogique Pourquoi cette réforme réduirait-elle les taux d'échec ? Parce qu'elle réduit l'effet « tout ou rien » du bac actuel, qui joue sa sentence sur quelques heures d'épreuve, parfois mal vécues, parfois mal préparées, parfois même biaisées par un facteur de stress, de santé ou d'inégalité. Avec un système combiné, chaque élève accumulerait des points tout au long de son parcours, valorisant : La régularité dans l'effort ; La progression individuelle ; Les compétences transversales et continues (expression, méthode, rigueur ). Le Résultat sera un: Un filet de sécurité pour ceux qui échouaient de peu aux examens finaux ; Moins de décrochage en cours de route, car les élèves sauraient que chaque année compte réellement ; Des pratiques pédagogiques modernisées, encourageant les enseignants à diversifier les modes d'évaluation (projets, ateliers, travaux de groupe ) L'introduction de ce modèle dans le Bac aura des résultats très satisfaisants. Il y'aura moins d'échec brutaux. Nous aurons des résultats homogènes entres académies et une perception plus juste de l'évaluation, même si le débat reste ouvert sur certains biais. Transposé à l'Algérie, un tel dispositif pourrait faire baisser le taux d'échec de 5 à 8 points, selon des simulations basées sur les notes moyennes obtenues durant les années de 1ère et de Terminale dans plusieurs lycées pilotes. Instaurer une part de contrôle continu, c'est aussi revaloriser le travail en classe, le rôle du professeur, mettre fin à la désertion des lycéens des classes et l'assiduité scolaire. Cela responsabilise les élèves sans les accabler, et désamorce la pression sociale intense autour du bac, vécu aujourd'hui comme un couperet souvent injuste ou un folklore atypique. Nous voulons un bac plus juste pour une école plus efficace. Ce n'est pas le bac qu'il faut supprimer, mais sa forme archaïque, coûteuse, stressante et inefficace. Une évaluation hybride - partielle en contrôle continu, partielle en examen terminal - pourrait être le levier d'une révolution pédagogique apaisée et équitable, réduisant l'échec tout en valorisant le mérite réel. Yasmine, élève sérieuse d'un lycée algérien Yasmine est une élève studieuse inscrite en filière Sciences expérimentales. Comme tous les lycéens algériens, elle suit, pendant les trois années de lycée (de la 1ère à la 3ème année secondaire), des matières comme : Mathématiques, sciences naturelles, physique, Français, arabe, anglais, Philosophie, histoire-géographie, éducation islamique .Yasmine travaille sérieusement. Elle n'est ni une élève « brillante » au sens classique, ni en « difficulté ». Simplement régulière et engagée. Pendant les trois années du lycée : Au fil des trimestres, Yasmine obtient des moyennes honnêtes : 14 en mathématiques, 15 en sciences naturelles, 13 en physique, 12 en français, 16 en arabe, 14 en anglais, 13 en philosophie, 15 en histoire-géo Toutes ces notes sont issues du travail réel en classe, corrigé par ses enseignants, sans triche, sans le stress de l'examen. Elles donnent une moyenne générale de 13,9 sur 20 pour les trois années. Le jour du bac : stress et limites d'un examen unique Comme tous les candidats, Yasmine passe les épreuves nationales du bac. Ce jour-là, elle est un peu fatiguée, stressée. Ses notes à l'examen sont correctes, mais un peu en dessous de son niveau habituel : 11 en mathématiques, 14 en sciences naturelles, 10 en physique, 12 en français, 15 en arabe, 13 en philosophie, 14 en histoire-géo, 12 en anglais. Soit une moyenne de 12,6 sur 20 à l'examen final. Et si on combinait les deux ? Dans ce modèle réformé, on ne se contente pas de l'examen final. On combine 40% de la note issue du travail régulier pendant 3 ans. Avec 60% de la note obtenue à l'examen national. Dans le cas de Yasmine. Sa moyenne de contrôle continu (13,9) entre pour 40% cela compte pour 5,56 points. Sa moyenne d'examen (12,6) entre pour 60% cela compte pour 7,56 points. Total : 13,12 sur 20. Elle obtient donc son bac avec la mention Assez Bien. Pourquoi ce modèle mérite d'être envisagé en Algérie Ce système n'est pas révolutionnaire. Il est déjà en place dans plusieurs pays. Il n'a rien d'utopique. Et surtout, il ne remplace pas l'examen final, mais le complète intelligemment. Ce qu'il change : Il valorise le travail régulier plutôt que la performance de dernière minute. Il réduit le stress associé au bac, en diversifiant les modes d'évaluation. Il limite les inégalités sociales, en réduisant le poids des cours privés intensifs. Il redonne du sens à la classe, à l'effort, à la présence, au lien avec l'enseignant. Il motive les élèves à s'investir dès la 1ère année, et non seulement en terminale. Ce n'est pas un miracle. C'est un début. Soyons clairs : cette réforme, même partielle, ne règle pas tous les problèmes de notre système éducatif. Mais elle envoie un signal fort : l'école algérienne commencera à faire confiance à ses propres enseignants pour évaluer leurs élèves. Et elle reconnaîtra que la réussite se construit dans la durée, pas seulement dans la performance sous pression. Oui, il y aura des critiques. Certains diront que ce système est trop permissif. D'autres qu'il est difficile à appliquer équitablement. Mais l'essentiel est là : récompenser le sérieux, pas la chance. L'effort, pas le hasard. VI. Recommandations stratégiques Pour sortir de l'impasse du baccalauréat actuel et engager une transformation à la fois réaliste, progressive et ambitieuse, l'Algérie doit initier une stratégie nationale de réforme de l'évaluation terminale. Celle-ci ne doit pas être imposée verticalement, mais construite collectivement, sur la base d'une vision pédagogique claire, de preuves scientifiques et d'un accompagnement politique assumé. Les recommandations suivantes s'inscrivent dans une logique de transition graduée, mais irréversible. - Créer une Commission nationale sur l'évaluation terminale - Expérimenter dès 2026 un modèle rénové dans des wilayas pilotes - Renforcer l'autonomie des lycées dans l'évaluation - Former massivement les enseignants à l'évaluation formative et aux pédagogies par compétences - Lancer une campagne nationale de communication et de mobilisation Ces recommandations ne visent pas à abolir le baccalauréat en tant que certification nationale, mais à le repenser profondément pour qu'il cesse d'être un obstacle et redevienne un levier pour la réussite éducative, l'équité sociale et le développement national. Conclusion : Le courage de repenser l'évidence Le baccalauréat algérien n'est pas seulement un examen terminal : il est devenu, au fil des décennies, une institution nationale, un totem républicain, une matrice symbolique de la méritocratie scolaire. Pourtant, cette institution est aujourd'hui en décalage profond avec les réalités sociales, pédagogiques et économiques du pays. Chaque année, des ressources considérables sont mobilisées pour organiser un examen qui : coûte cher à l'État, sans réel retour sur investissement éducatif ; produit peu de valeur ajoutée, en termes de compétences transférables ou de préparation à l'enseignement supérieur ; freine les réformes structurelles dont l'école algérienne a urgemment besoin. Quand la fête masque l'échec : surenchère médiatique et oubli des recalés du bac « Quand une nation fête bruyamment la moitié qui réussit, elle oublie dangereusement celle qui échoue en silence. » Chaque mois de juillet, c'est le même rituel numérique en Algérie : résultats du bac en ligne, cris de joie, youyous filmés en boucle, vidéos de familles en liesse sur TikTok, feux d'artifice, klaxons dans les rues et une omniprésence festive sur les médias électroniques et les plateformes sociales, parfois à la limite de l'indécence. Sans nier la légitimité de la joie - celle des efforts récompensés, du stress libéré, de l'espoir retrouvé - on peut légitimement s'interroger sur le ton exagérément euphorique, voire l'aveuglement collectif qui entoure cet événement. Car ce que l'on célèbre à outrance, c'est la réussite de 367 000 élèves, mais dans un silence quasi total sur les plus de 500 000 recalés, soit près de un candidat sur deux. Le baccalauréat devient, paradoxalement, moins un indicateur de niveau que de mise en scène émotionnelle, où la part de ceux qui échouent est gommée des récits médiatiques, comme s'ils n'avaient jamais existé. On partage des vidéos de familles entières brandissant les notes imprimées, mais on ne montre jamais les chambres silencieuses, les larmes discrètes, les espoirs brisés. En amplifiant ce spectacle univoque de la réussite, les réseaux sociaux participent à une double violence symbolique : En glorifiant les vainqueurs, ils relèguent les autres à l'ombre, comme si l'échec n'était qu'une faute personnelle et non, bien souvent, le symptôme d'un système injuste : inégalités d'accès à la qualité de l'enseignement, conditions socioéconomiques précaires, ou tout simplement un modèle d'évaluation injustement concentré sur quelques jours. Une société mature ne fête pas la réussite en oubliant l'échec. Elle célèbre l'effort, accompagne la progression, et surtout transforme ses échecs en diagnostics collectifs. À force de transformer le bac en spectacle de victoire, on risque d'en perdre le sens éducatif, citoyen et équitable. Peut-être est-il temps de revenir à une sobriété républicaine dans la célébration, et à une conscience plus lucide dans l'analyse. Maintenir le bac dans sa forme actuelle revient à conserver un modèle hérité du passé dans un monde qui a profondément changé. L'Algérie ne peut prétendre construire une école du XXIe siècle avec les instruments pédagogiques du XXe. L'heure n'est plus à la sacralisation, mais à la refondation. Réformer le baccalauréat ne signifie ni renoncer à l'excellence, ni diluer les exigences, ni affaiblir l'école publique. Au contraire, cela signifie redonner un sens véritable à l'évaluation, en la rendant plus équitable, plus formatrice, plus adaptée à la diversité des talents et plus alignée sur les besoins réels de la société et de l'économie. Cela exige du courage politique, de la lucidité pédagogique et une vision claire de l'avenir. Refuser de poser ce débat, c'est prolonger une illusion coûteuse. L'ouvrir, c'est offrir aux générations futures une école plus juste, plus confiante et plus ambitieuse. *Professeur - Université de Constantine Référence : - Mehler, A., Melber, H., & van Walraven, K. (Eds.) (2019). Africa Yearbook: Politics, Economy and Society South of the Sahara in 2018. Brill. - UNESCO (2017). Rethinking Examinations and Assessment in Education Systems, Paris: UNESCO Institute for Statistics. Ce rapport souligne que « les systèmes d'évaluation standardisée à grande échelle exigent non seulement des investissements publics constants, mais également une coordination intersectorielle et une réduction des inégalités d'accès » (p. 35). - Perrenoud, P. (1998). Évaluer des compétences : un défi pour l'école. ESF éditeur. « L'évaluation par compétences suppose une rupture avec la logique du bachotage et de l'accumulation de savoirs figés. Les examens traditionnels tendent à sanctionner la conformité plus que l'intelligence ou la créativité » (p. 112). - OECD (2018). Education at a Glance 2018: OECD Indicators. Paris : OECD Publishing. « Des systèmes d'examen trop rigides ou concentrés sur des épreuves finales uniques favorisent le décrochage, les inégalités, et réduisent l'efficacité globale de l'investissement éducatif » (p. 89). - Bourdieu, P. & Passeron, J.-C. (1970). La reproduction : éléments pour une théorie du système d'enseignement. Éditions de Minuit. « L'école tend à ignorer les inégalités d'accès aux savoirs qu'elle prétend évaluer de manière neutre, légitimant ainsi l'ordre social sous couvert de mérite » (p. 153). - UNESCO. (2021). Repenser l'évaluation pour l'apprentissage au XXIe siècle, Paris : Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture. - Ministère de l'Éducation nationale (France). (2020). Réforme du baccalauréat 2021 : tout comprendre. - Sahlberg, P. (2015). Finnish Lessons 2.0: What Can the World Learn from Educational Change in Finland? Teachers College Press. - OCDE. (2012). Equity and Quality in Education: Supporting Disadvantaged Students and Schools. OECD Publishing. - Ministère de l'Éducation nationale (France). (2023). Présentation du baccalauréat professionnel. - British Council. (2020). A-levels explained: structure and recognition. - Eurydice. (2022). Structures of Education and Training Systems in Europe. -UNESCO. (2023). Rapport mondial de suivi sur l'éducation Inclusion et reconnaissance des compétences. - OCDE. (2018). the Future of Education and Skills 2030: OECD Learning Compass. - UNESCO-IBE. (2020). Competency-based curriculum reform in Africa: Lessons from sub-Saharan countries. |
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