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La troisième mi-temps

par M. Saâdoune

Ce n'est pas que dans les grandes villes qu'est montée hier, par deux fois, une grande clameur. Ce n'est pas dans les grandes villes seulement que la fin de match ouvrait la voie à la troisième mi-temps, celle des épanchements, des avertisseurs, des bravos et des «yaa'tihoum essaha».

Ceux qui étaient hier sur la route pouvaient constater que les villages avaient aussi un air de kermesse et que l'envie d'être «collectivement» heureux est très partagée dans le pays. Et l'on découvre à chaque fois que des occasions de ce genre sont rares.

Du match Algérie-Zambie, on retiendra que l'équipe nationale avait de la «baraka» et qu'il aurait fallu d'un rien pour que l'on ne fasse pas la fête. Le football n'est pas une science exacte, nul ne l'ignore. Au vu du match, la Zambie aurait pu jouer des heures durant sans pouvoir transformer la moindre occasion. La victoire de l'équipe algérienne a été largement due au manque de réalisme des Zambiens. Ils n'ont pas manqué d'occasions face à une équipe algérienne qui jouait en contre et se regroupait en défense. Quelques balles brûlantes ont bien été sauvées par les défenseurs algériens, mais ce sont les Zambiens qui ont multiplié les ratages. Les joueurs zambiens, très physiques mais peu inspirés, ont manqué de réalisme et d'expérience. La victoire de l'Algérie est nette. C'est une victoire du réalisme et de l'efficacité contre une domination zambienne brouillonne et stérile. Les Algériens ont eu trois occasions, ils ont marqué deux fois. Un niveau d'efficacité redoutable.

Mais ce match, qui rend tant d'Algériens heureux, a montré d'inquiétantes lacunes. Dans une grande compétition, des passes en retrait dans l'axe de la défense sont des fautes très dangereuses et feraient hurler les entraîneurs. Face à une équipe plus aguerrie, cela aurait pu coûter cher à l'équipe. Mais ne soyons pas grincheux, pensons-y et mettons ces imperfections sur le compte d'une certaine assurance. Le jeu de contre est bon, il a bien fonctionné. Encore ne faut-il pas occulter ce manque de maîtrise dans le contrôle et la possession d'un ballon que nos joueurs perdaient bien trop rapidement. Une envie de résultat, le contre, la baraka, une équipe zambienne peu inspirée ont été les ingrédients d'une victoire appréciable.

Dans les villages comme dans les villes, les gens ne font pas des analyses de spécialistes - elles sont nécessaires-, ils ne boudent pas un de nos trop rares plaisirs collectifs. La victoire est d'autant plus appréciée qu'elle a été arrachée à l'extérieur. L'équipe nationale est le pourvoyeur d'un peu de jubilation dans la routine grise et étouffante d'un quotidien algérien éprouvant.

A ce titre, elle mérite toute la gratitude de ceux, très nombreux, qui, l'espace de quatre-vingt-dix minutes et d'une troisième mi-temps, ont laissé éclater leur joie et leur fierté dans les rues des villes et des villages d'Algérie.