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L'affaire Cheb Mami examinée en juillet

par Djamel Belaïfa

Renvoyée devant le tribunal correctionnel de Bobigny près de Paris, à la mi-janvier dernier, «l'affaire Cheb Mami» sera examinée par la justice française cet été. Selon l'agence française de presse AFP, qui cite des sources judiciaires, la justice française examinera le 2 juillet l'affaire de la tentative d'avortement forcé reprochée en 2005 au chanteur Cheb Mami sur son ex-compagne française.

Outre Cheb Mami, qui se trouve toujours en Algérie, trois autres hommes dont son manager Michel Lévy seront cités à comparaître devant le tribunal de Bobigny. Des sources proches de son entourage, citées par la même agence, ont indiqué que le chanteur algérien «n'a pas encore pris sa décision de revenir ou non en France» ajoutant qu'il aimerait avoir la garantie de comparaître libre et qu'il n'ira pas en prison.

Le chanteur de 42 ans est renvoyé pour «violences» ayant entraîné une incapacité totale de travail de 30 jours avec trois circonstances aggravantes à savoir: réunion, préméditation et faits commis sur personne vulnérable, «complicité d'enlèvement et séquestration», «complicité d'administration de substance nuisible» et «menaces et intimidations pour ne pas porter plainte». Il encourt jusqu'à 10 ans de prison et 150.000 euros d'amende.

Inculpé en octobre 2006 et incarcéré trois mois à la prison de la Santé à Paris, Cheb Mami a été libéré après versement d'une caution de 200.000 euros. Affirmant que l'idée du curetage venait de son manager, Mami nie avoir été présent dans la villa algéroise où la victime, une photographe de presse, avait été droguée et séquestrée et où deux femmes et un homme auraient cherché à retirer le foetus qu'elle portait, sans parvenir à leurs fins. Rentrée en France, la femme a constaté la viabilité du foetus et décidé de garder l'enfant, une fille, née en mars 2006. Michel Lévy, le manager, est accusé de complicité présumée dans l'enlèvement, les violences et l'administration de substance nuisible. Les deux autres personnes renvoyées devant le tribunal sont un proche de Mami soupçonné d'avoir fait boire le jus de fruit drogué à la victime, et l'homme de main qui l'a acheminée à la villa du chanteur à Alger et aidé à la tentative d'avortement.

En janvier dernier, le juge d'instruction chargé du dossier avait signé une ordonnance de renvoi des quatre hommes mis en examen, dont le chanteur de raï qui nie son implication, et son manager. Des sources judiciaires avaient indiqué que le procès pourrait avoir lieu en septembre 2009 si aucun avocat ne faisait appel de l'ordonnance, conforme aux réquisitions prises en octobre par le parquet de Bobigny.

A propos de son procès, des sources judiciaires algériennes citées par des agences de presse avaient indiqué que Cheb Mami pourrait être jugé par la justice algérienne au cas où la France lui communique son dossier et ont cité à titre d'exemple le cas d'un Franco-Algérien, H.C., qui était recherché par les autorités françaises pour assassinat en France d'un jeune Français lors d'une dispute avec un groupe de Gitans, mais qui avait été jugé en Algérie et condamné à 20 ans de réclusion criminelle et ce en dépit des efforts soutenus des autorités françaises pour rapatrier l'accusé et le juger en France. La même source avait à l'occasion tenu à préciser que lorsque Cheb Mami est entré en Algérie, il ne faisait pas l'objet d'un mandat d'arrêt et qu'au regard des autorités algériennes, il est rentré légalement en Algérie.

Par ailleurs et concernant le mandat d'amener lancé par Interpol, l'avocat de Cheb Mami avait affirmé, en mai dernier, qu'il ne s'agissait en fait que d'une rumeur. Dans une déclaration à l'un de nos confrères, l'avocat avait estimé qu'il est impensable qu'Interpol lance une telle recherche du fait de l'existence d'un protocole d'accord judiciaire liant l'Algérie et la France depuis 1964 et qui stipule qu'aucun des deux pays n'est tenu d'extrader ses ressortissants. « La demande d'Interpol ne peut être envisageable en vertu de l'article 12 de cet accord qui précise que les contractants n'extradent pas leurs propres nationaux », a indiqué le même interlocuteur en notant l'existence d'une possibilité de poursuite de la personne incriminée sur son sol d'origine.

Mami qui a toujours démenti les accusations portées contre lui avait affirmé, dans des déclarations à la presse en 2007 en France et en Algérie, qu'il voulait être jugé en Algérie, après avoir perdu confiance en la justice française, et avait dénoncé un acharnement quasi orchestré des médias français et européens, motivé, selon lui, par son statut de star arabe.