On peut affirmer que les seules réussites de Donald Trump dans les affaires, ce sont ses faillites commerciales. L'homme représente l'exemple parfait de la construction des légendes que ce pays sait si bien magnifier.

Donald Trump est de ces personnages qui traversent continuellement l'actualité depuis des décennies sans qu'on le connaisse véritablement (avant qu'il soit président). Je me souviens qu'il était un bon client pour les médias people à sensations.

Le milliardaire nous semblait à cette époque aussi clownesque qu'extravagant dans son délire théâtral. Mais ce n'était que par épisodes que nous entendions parler de lui pour ses affaires, passant de l'une à l'autre. Nous n'en connaissions que l'écume et les paillettes.

Analysons la réalité dans les points centraux de la légende en commençant par celle du self made man. Nous savons tous que l'Amérique est fascinée par ceux qui ne partent de rien pour arriver au sommet de la richesse et du pouvoir. Rappelons au passage que la pensée protestante majoritaire dans ce pays attribue à la richesse une preuve de récompense divine pour le mérite, l'argent n'est pas aussi tabou et suspect que dans la religion catholique présente dans son berceau européen.

Self made man ? La légende de Donald Trump occulte la fortune considérable que lui avait laissée son père, un milliardaire. Il avait reconnu lui-même en 1980 avoir bénéficié d'un prêt d'un million de dollars de son père. Pour partir de rien, beaucoup aurait aimé avoir rien. Il s'est rétracté plus tard car cela faisait mieux pour entrer dans le club des milliardaires selfs made man. Ses biographes s'accordent à dire que dès l'âge de 8 ans il percevait 200.000 dollars par an. Dès 1990 c'était des millions par année par des prêts de son père (avant le leg final), qu'il ne remboursait jamais en réalité. Et voilà la condition misérable dans laquelle le supposé self made man s'est fait par la force de sa détermination et de ses capacités.

Et les aventures dans les affaires ont commencé en même temps que les faillites ou les échecs retentissants (ce qui n'est pas aussi concordant). La liste est démentielle, je n'avais à l'esprit que trois d'entre elles, j'ai dû me documenter pour les nombreuses autres.

Trump Taj Mahal en 1991 (un casino extravagant), Trump Castle Associates en 1992), Trump Hotels & Casino Resorts en 2004, Trump Entertainment Resorts en 2009, Trump Shuttle (anciennement Eastern Air Lines) en 1990, Trump Vodka en 2006. Trump Mortgage en 2007, Trump University en 2016, Trump Model Management en 2017. Et peut-être qu'il en manque dans ma recherche.

Il y a quelques années, il avait voulu investir en Russie pour un vaste projet immobilier avec l'aide de Poutine, encore un mirage et un flop retentissant.

Donald Trump, en menteur éternel à la plupart du temps présenté ses faillites comme des stratégies d'affaires et qu'il n'avait jamais fait faillite personnellement. Voilà l'extraordinaire parcours d'un homme qu'on nous présente comme un businessman qui aurait le don de redresser économiquement l'Amérique, ce que ses électeurs et la majorité des observateurs dans le monde répètent du matin au soir. Un oubli de tous, très petit, petit et sans insignifiance bien entendu.

Puis, pour son aventure politique, par ses fanfaronnades il était évident aux yeux de tous qu'il serait, de ce fait, un très grand négociateur pour les grands litiges dans le monde. Voyons voir cela. Il s'est fait avoir comme un gamin par Kim Jong-un qu'il disait avoir convaincu. Il avait prétendu régler le problème avec l'Iran avec sa fermeté, le programme nucléaire a repris avec son retrait des négociations. Il avait affirmé avoir le pouvoir sur Benyamin Netanyahou pour arrêter le conflit et mener ensemble un projet d'une Riviera à Gaza, on voit ce que cela donne. Il s'était vanté de régler l'affaire de l'Ukraine en un seul jour, c'est peut-être un jour dans trente ans, on ne l'avait pas compris. Mais, malgré la légende du self made man, il a tout de même bâti un empire immobilier. Eh bien, je vous renvoie à de nombreuses enquêtes comme celle du ‘New York Times' qui met en lumière un grand nombre de montages financiers avec des fraudes dont des évasions fiscales. Les services fiscaux de New York avaient ouvert une enquête sur lui avec un éventuel procès qui avait été effacé par son immunité en tant que président.

Voilà où nous en sommes arrivés avec cette crédulité mondiale qui a mené à la catastrophe planétaire qui guette. Un homme d'affaires percutant et un négociateur de grande expérience, jamais arnaque n'a été plus grande en ce siècle. Donald Trump décide, à partir d'énormités économiques que ne ferait pas le plus faible étudiant en première année d'études en économie.