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Les Brics ont-ils abandonné le
projet d'une monnaie commune visant la souveraineté monétaire et un
affranchissement du dollar américain dans les échanges commerciaux ? Le projet
est difficile à concrétiser, comme le soutiennent tous les spécialistes, y
compris au sein du groupe des Brics, mais l'idée
faisait son chemin jusqu'à ces derniers jours, où une déclaration, attribuée au
porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov,
a officialisé l'abandon, du moins pour le moment, de cette ambition de marcher
à pas résolus vers une monnaie unique pour le bloc des Brics,
estimant qu'il n'est «pas possible», à ce stade, de concrétiser une telle
ambition. Un recul stratégique ? Certains observateurs croient à ce recul dans
les ambitions du bloc, car le projet en question a été longtemps au cœur de sa
stratégie, prévoyant dans une première étape l'application des règles des
échanges commerciaux en monnaie locale entre membres du bloc. Rappelons que
lors du dernier sommet des Brics, tenu en octobre à
Kazan, la question de la monnaie commune a été presque occultée, du moins dans
le débat public, et l'on avait déjà pressenti que la dédollarisation
n'est plus une priorité dans l'agenda des Brics, et
ce, dans une période préélectorale du nouveau président des Etats-Unis.
Le contenu de la déclaration finale du Sommet ne remet pas en cause l'hégémonie du dollar dans les transactions commerciales mondiales et, plus encore, ne remet pas en cause le rôle des deux institutions financières internationales, en l'occurrence le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM). « Nous réaffirmons notre volonté de maintenir un filet de sécurité financier mondial solide et efficace, avec en son centre un FMI », est-il mentionné dans la déclaration finale du Sommet, qui ne contient aucune demande d'annulation des dettes ni la moindre critique à l'égard des politiques néolibérales imposées par le FMI aux pays demandeurs de crédits. Les Brics se mettent-ils ainsi au diapason de la marche du monde rythmée par les grandes puissances ? A propos de la Banque des Brics, ou la Nouvelle banque de développement (NBD), qui devait faire contrepoids au FMI, notamment, le bloc soutient ses activités, dont l'accès aux crédits en monnaies locales ! Certains observateurs expliquent ce changement par l'élection du nouveau président des Etats-Unis, avec lequel le bloc ne veut pas entrer dans une confrontation brutale. On chercherait dans ce sillage à mettre en place un climat d'apaisement avec la nouvelle administration américaine, soutient-on. En attendant ce que pourrait apporter le nouveau président dans le dossier de la guerre en Ukraine. Un retrait de l'engagement américain sur ce front remettrait les pendules à l'heure pour Moscou. |