Il était temps que l'on se préoccupe de moyens essentiels pour que l'école ait un sens. Un établissement scolaire ne serait qu'un totem s'il s'arrête à des murs, des enseignants et des élèves. Une scolarité n'est fertile que si l'ensemble des importants indispensables accompagnements concourent à donner une pleine raison à l'éducation des générations futures.

On a cru un moment que l'entassement des enfants dans les écoles était suffisant pour garantir leur avenir. Sous la pression démographique et ses impondérables et de l'impératif des urgences des besoins sociaux, le chauffage dans les classes et les cantines étaient des artifices secondaires qui n'avaient qu'une justification futile. L'élémentaire et l'indispensable n'étaient pas en ordre dans les planifications étatiques. L'élémentaire est devenu indispensable et l'architecture sociale du moment exige de nombreuses nouvelles articulations. L'écart entre les planificateurs, les familles et leurs enfants s'est sérieusement rétréci pour qu'ils s'intègrent en commun dans la marche du progrès. Le chauffage et la cantine récupèrent leur plein droit pour que l'école soit digne de ce qu'elle représente. Ils sont des atouts et des instruments participatifs dans l'éducation des enfants et situés au même niveau que le livre et le stylo.

Mais la bienséance et la raison ne permettent pas d'oublier des phases historiques non lointaines du colonialisme forçant un profil d'indigénat misérable à la majorité de la société algérienne. L'école, notamment dans les réserves contraintes des campagnes, était un luxe voilant à peine le visage de la ségrégation.

Fort heureusement une prise de conscience s'est imposée avec le temps et l'avancée des progrès, pour comprendre que l'école est une institution vivante alimentée par de larges bras actifs de la société entière. Le temps où le maître d'école s'abreuvait de déconsidérations jusqu'à acheter de la craie de sa poche n'aura plus cours aujourd'hui. L'ère où une classe est une circonstancielle garderie d'enfants est soumise au bannissement car l'évolution rapide de la société est en passe de graver de nouvelles empreintes.