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La décision
retenue par l'Union européenne de transférer des migrants indésirables dans des
pays tiers est un opprobre adressé à toute l'espèce humaine. Le Royaume-Uni
avait déjà «fourgué» des importuns malgré eux au Rwanda et l'Italie a suivi
dans une entente avec l'Albanie. D'autres États miséreux s'apprêtent à accepter
une ignominie rappelant sans aucune nuance l'enfournement des déchets toxiques
de certains pays développés pour s'en débarrasser.
Le grand tort des gouvernements réceptifs est de croire que les subsides récoltés ne s'accompagnent pas d'une dégradation morale et n'entachent pas la conscience. On voit mal en quoi ces subsides aideraient à recadrer le sort des exilés d'autant plus qu'ils seraient forcés au bannissement dans des pays où ils resteront étrangers. Les similitudes de ces lancées reposent sur le même état d'esprit mettant au même niveau l'homme et le déchet. Le dénominatif d'ordure, lui, n'est pas étranger dans la ciboulette langagière des extrémistes de droite. On invoque avec insistance le refus ou l'indolence des pays d'origine à accepter de recevoir leurs ressortissants en voie d'extradition et le plus douloureux est que ce soit des États pauvres qui se prêtent à de dégradants marchandages où l'espèce humaine devient un objet de commerce. On se demande alors quel sera le devenir des expédients humains transférés dans des pays qui eux-mêmes sont dans l'incapacité de prendre en charge leurs propres ressortissants ! L'ère des négriers des siècles anciens ne semble pas avoir démonté ses étals sauf que la marchandise a varié ses couleurs et a inversé ses chemins pour que le colonialisme réaménage sa stratégie. L'aide au développement ne serait donc qu'une supercherie car les stratagèmes en voie de parachèvement apparaissent en achalandage de nouveaux comptoirs et de montage de nouveaux chapiteaux. Il devient difficile d'admettre que le monnayage des migrants indésirables soit une mesure empreinte d'humanisme car le statut que l'on tend à leur donner est celui d'humains chosifiés. |