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Le troisième facteur

par Abdelkrim Zerzouri

Les cours du baril de pétrole passent par des périodes d'emballement de ses prix ou de chute libre, traduisant les fluctuations qui imprègnent régulièrement le mouvement de ce marché, mais cette dernière semaine a été particulièrement marquée par des secousses fortes qui ont désavoué les prévisions des spécialistes. A peine quelques jours en arrière, le lundi 7 octobre, le baril de Brent a dépassé le seuil symbolique des 80 dollars, et les experts lui ont donné des ailes pour aller plus loin encore, au-delà des 85 dollars selon certaines estimations qui prenaient en considération le facteur des tensions géopolitiques, notamment la régionalisation de la guerre dans la région du Moyen-Orient suite à la riposte iranienne contre Israël, mais tous les calculs se sont avérés faux moins d'une dizaine de jours après. Le baril de Brent a piqué du nez pour atteindre 74,36 dollars, hier mercredi 16 octobre.

Comment est-on passé de prévisions haussières à cette tendance baissière, parce qu'on parle aujourd'hui d'une baisse continue après la hausse continue prévue il y a quelques jours ?  

Et, est-ce que l'Opep peut intervenir pour freiner cette chute du prix du baril de pétrole en usant des mécanismes de régulation du marché dont elle dispose, en d'autres termes ira-t-on vers de nouvelles baisses de quotas de production pour équilibrer l'approvisionnement du marché et stabiliser les prix ? D'abord, il y a lieu de noter que la baisse du prix du baril de pétrole a été provoquée par un simple article de presse, publié par le «Washington Post», faisant état d'une riposte israélienne qui épargnerait les infrastructures pétrolières et les sites nucléaires iraniens, ciblant uniquement les installations militaires en Iran.

Un article qui a été soutenu par les prévisions de l'Opep concernant une consommation en moyenne de 104,1 millions de barils de pétrole par jour en 2024, soit quelque 110.000 barils en-deçà de sa précédente estimation, dans le même sens que ce que prévoit l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui a annoncé, ces derniers jours, que la croissance de la demande de pétrole ralentira fortement en 2025 pour atteindre seulement 1 million de barils par jour, soit la moitié du taux de croissance observé en 2023.

L'AIE s'attend aussi à ce que l'augmentation de production, aux États-Unis, Brésil, Guyana et Canada, donc hors OPEP, soit supérieure de 500.000 barils par jour à celle de la demande mondiale. La chute de la demande mondiale, combinée aux difficultés économiques de la Chine, constituent des facteurs pour une prévision de baisse plus importante du cours du brut, selon les experts. Mais, la réaction de l'Opep face à ces perspectives du marché pétrolier reste un troisième facteur imprévisible, avec lequel il faut bien compter. Tant que les pays exportateurs de pétrole au sein de cette organisation maîtrisent les leviers de la production, ils auront toujours le choix de revenir aux coupes drastiques pour stabiliser le prix du baril.