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A la croisée des chemins

par Abdelkrim Zerzouri

Quel avenir pour l'Accord d'association entre l'Union européenne et les trois pays du nord de l'Afrique ou du sud de la Méditerranée, en l'occurrence la Tunisie, le Maroc et l'Algérie ? A voir de près l'évolution récente des événements, on peut dire que l'Accord en question est à la croisée des chemins. L'Accord d'association Tunisie – UE, le premier du genre signé avec un pays du sud de la Méditerranée (signé en 1995 et entré en vigueur en 1998), a connu certaines réserves de la part de l'UE, liées principalement au volet politique et économique, dont des inquiétudes portant sur des questions de démocratie et des droits de l'homme en Tunisie, ainsi qu'une économie tunisienne qui se trouve, depuis quelques années, dans une mauvaise passe, ce qui n'est pas pour inspirer la confiance des pays européens. Dans cet esprit, ce sont les pays européens qui font la moue devant l'Accord avec la Tunisie, ce qui n'est pas le cas avec les deux autres pays du sud de la Méditerranée. L'Accord d'association signé avec le Maroc, entré en vigueur en 2.000, qui semblait marcher comme sur des roulettes aboutissant à la création d'une zone de libre échange, tant l'UE est le plus investisseur étranger au Maroc, et ce dernier étant le premier partenaire commercial de l'UE, parmi les pays du voisinage méridional, a enregistré, ces derniers jours, des grincements dans sa mécanique.

A l'origine de ces grincements figure la décision de la justice paneuropéenne (la Cour de justice de l'UE), rendue le 4 octobre dernier, qui a invalidé les accords commerciaux entre Bruxelles et Rabat, considérant que le territoire du Sahara occidental ne fait pas partie du Maroc et qu'il doit, de ce fait, être exclu de l'accord entre les deux parties. Le Maroc a tout de suite réagi à cette décision, laissant entendre qu'il n'était pas concerné par cette décision. Mais, les pays européens eux sont directement concernés, et ils sont tenus d'appliquer la décision en question, alors que le Maroc insiste à dire qu'il ne reconnaît aucun accord qui touche à l'intégrité territoriale du royaume. Clairement, l'accord d'association entre les deux parties se dirige tout droit vers un mur.

Reste l'Algérie, qui réclame, depuis quelques années, la révision de l'Accord d'association avec l'UE, dont l'entrée en vigueur remonte à 2005. A l'ombre de ces développements, c'est le seul accord qui semble avoir de l'avenir. Sa révision est annoncée en 2025, et l'Algérie ne demande pas trop dans ce sens, souhaitant seulement « le rétablissement des équilibres nécessaires à cet accord afin de l'adapter à la nouvelle réalité économique du pays, en tant qu'outil efficace pour atteindre le développement durable escompté », selon les déclarations du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf. Visant à travers cette révision, a-t-il relevé, un partenariat « équilibré » et « bénéfique » avec l'Union européenne (UE). Un moment opportun pour les deux parties d'aller de l'avant et renforcer cet accord d'association, dans l'intérêt des deux parties ? Les deux autres accords battants de l'aile, et en considération de la relation stratégique sur le plan énergétique, l'axe d'Alger peut s'avérer capital pour les pays de l'Union européenne.