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Le
référendum sur le statut à venir du Sud-Soudan, auquel vont prendre part le 9
janvier les populations de cette région, découle de l'accord de paix global qui
a mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le nord et le
sud du Soudan. Le respect de cet accord fait donc obligation au pouvoir central
soudanais de passer par cette consultation populaire, à haut risque pour
l'intégrité territoriale du Soudan du fait que son résultat attendu
entérinerait la revendication indépendantiste de sa région sud.
S'il en a accepté le principe, le régime soudanais, et à sa tête Omar El Bechir, n'acceptera pas cette issue de la partition de son pays, surtout qu'il a reçu le soutien des Etats arabes et africains, effrayés par ce que cette séparation annoncée pourrait avoir d'impact «contaminant» pour l'Afrique et le monde arabe, où les velléités sécessionnistes n'attendent qu'un «modèle» pour s'exprimer. C'est ce que ces Etats ont fait savoir à travers la déclaration adoptée par leurs chefs d'Etat et de gouvernement à l'issue du 2e Sommet arabo-africain de Syrte. La déclaration pose en effet la nécessité de «l'impératif respect de la souveraineté du Soudan et de son intégralité territoriale». Les Etats arabes ont, en la circonstance, fait bloc avec le pouvoir soudanais par solidarité avec son pays membre de la Ligue arabe. Ceux de l'Afrique ont fait de même parce que la séparation du Sud-Soudan qu'entérinerait le référendum sonnerait le glas du dogme de «l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation» auquel ils ont souscrit au lendemain de leurs indépendances. L'Amérique et l'Union européenne font fi des problèmes que la question du Sud pose et au Soudan et au monde arabe et à l'Afrique et veulent que la consultation populaire promise aille jusqu'à son ultime conséquence. Lesquels ne l'entendent pas de cette oreille et ont souscrit à la mise en garde formulée par Maammar El-Kadhafi, estimant «dangereux l'appel à la séparation quelles que soient les motivations, au regard de ses conséquences sur la carte de l'Afrique, qui pourrait changer notamment pour les pays fragilisés». En cette affaire, les Américains et les Européens se donnent bonne conscience en se drapant de l'oripeau du droit des peuples à s'autodéterminer, oublieux qu'ils sont d'avoir été des acteurs nullement positifs des évènements qui ont conduit à la situation dans laquelle le Soudan est piégé. Ce principe de l'autodétermination des peuples, l'Amérique et l'Union européenne ne le défendent qu'à la carte, celle où leurs intérêts géostratégiques et économiques se recoupent. Dans le cas du Sud-Soudan, s'ajoute la considération religieuse. Ce qui fera effectivement de la sécession sud-soudanaise, si elle intervient, le modèle à suivre pour beaucoup en Afrique et ailleurs. Quel que soit son résultat et compte tenu des arrière-pensées et calculs qui y ont mené, le référendum du 9 janvier au Soudan ouvrira la boîte de Pandore. Ce qui en sortira n'appellera malheureusement que le feu et le sang, tragédie dont ne seront pas victimes les seules populations soudanaises, mais toutes celles qu'on va pousser à se déterminer sur la base des causes à l'origine de l'affaire du Sud-Soudan. Au vu de la tournure que prennent les évènements au Soudan à la veille du référendum, l'on ne peut hélas qu'affirmer qu'un macabre processus se met en place. |
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