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A Genève, le calvaire de Ghaza crée du remous dans les instances internationales

par Genève : Arslan L.

Les drapeaux étaient en berne ce lundi 13 novembre à Genève sur la célèbre Allée des Nations qui fait office d'entrée symbolique du Palais des Nations Unies pour les visiteurs extérieurs. L'ambiance était au recueillement et une minute de silence était d'ailleurs observée à 9H30 dans l'ensemble des autres sièges de l'ONU et de ses agences internationales.

Ce moment de solennité voulue par Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, constituait une forme d'hommage symbolique de l'Organisation des Nations unies pour la centaine d'employés onusiens tués souvent délibérément par les bombardements de l'armée israélienne à Gaza. Une situation qui ne manque pas de choquer auprès des fonctionnaires internationaux résidant à Genève et qui pour la plupart expriment leur étonnement et leur totale incompréhension face à l'impunité d'une armée (l'armée israélienne) jamais observée dans aucun autre conflit de la planète. D'ailleurs dans les couloirs du Haut-Commissariat aux Réfugiés ou des principales ONG humanitaires, c'est la peur d'un envoi à Gaza presque vécu comme un synonyme d'exécution qui règne parmi les intervenants pourtant rodés aux conflits les plus durs...

Mais comme le dit un analyste politique anglais de l'Office des Nations Unies de Genève qui a souhaité garder l'anonymat, le droit international et humanitaire s'arrête, seulement, là où l'action de Tsahal commence...

Ce sentiment d'impuissance a d'ailleurs été parfaitement exprimé dans les multiples condamnations restées lettres mortes d'Antonio Guterres contre les crimes d'Israël. Le secrétaire général de l'ONU confirmant avec consternation que les deux-tiers des morts à Ghaza étaient des femmes et des enfants. Une proportion inédite si on la compare avec la répartition civiles/combattants des derniers conflits internationaux. D'ailleurs, en quelques semaines d'opérations militaires, Israël a tué plus de civils en un mois que le conflit russo-ukrainien en presque deux ans, pour une population palestinienne de Ghaza qui reste pourtant près de vingt fois moins importante que celles d'Ukraine.

A l'évidence, les bombardements systématiques contre les hôpitaux de Ghaza suscitent parmi les représentants des pays occidentaux, habituellement favorable à Israël, une réprobation et une colère très fortes. Ces derniers ne se privant pas en off de s'exprimer dans les termes les plus durs, assimilant Israël à un Etat terroriste et ses dirigeants à des fauteurs de crimes contre l'humanité.

Cette situation catastrophique a d'ailleurs contraint le Comité International de la Croix-Rouge à demander la fin de la destruction des hôpitaux à Gaza, tandis que le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dénonçait plus de 250 attaques israéliennes sur le secteur de la santé (hôpitaux, cliniques, ambulances) ...

A Genève, le calvaire que vit la population de Ghaza crée de profonds remous au sein des différentes instances internationales et choque profondément les acteurs de l'humanitaire dont la plupart déclarent ne jamais avoir été confrontés à une situation aussi difficile en matière d'intervention.

Ainsi, comme l'explique Saltanat Tashmatova, directrice kirghize du département de coopération internationale de l'OIPC (Organisation Internationale de la Protection Civile) également basée à Genève,« la crise actuelle dans le secteur de Gaza démontre l'extrême vulnérabilité de la population civile, qui se trouve dans une situation des plus désastreuses, sans accès à la nourriture, à l'eau et à l'assistance médicale».

Pleinement engagée dans une vaste opération de livraison et de fourniture d'aides d'urgence et de biens essentiels à la survie de la population de Ghaza, l'OPIC dont l'Algérie est d'ailleurs un partenaire important, prépare le déploiement d'un centre logistique avec de la nourriture et des produits de première nécessité, des tentes pour accueillir civils et un hôpital mobile pour fournir des soins médicaux rapides et plus de 100 tonnes d'aide humanitaire. Mais, là aussi, en raison de l'attitude des autorités israéliennes, l'aide aux populations ne peut se faire que depuis le territoire égyptien, en violation totale des conventions de Genève et des règles du droit humanitaire pourtant appliquées partout ailleurs....