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Tlemcen: Un début de ramadhan plombé par la flambée des prix

par Khaled Boumediene

Samedi, troisième jour du Ramadhan. Les consommateurs tentent de se frayer un chemin au marché couvert de Tlemcen, un espace emblématique animant l'activité commerciale du centre-ville, qui vient, rappelons-le, de faire peau neuve après un lifting décidé par l'APC de Tlemcen. Il y avait un peu plus de monde qu'à l'accoutumée à venir faire leurs emplettes, pour préparer le repas du soir de ce mois de ramadan, plombé par la hausse des prix des légumes et fruits. Malgré l'approvisionnement régulier de ce marché et la disponibilité des marchandises, les chefs de familles grognent tous contre l'envolée des prix des fruits et légumes, des viandes et boissons, et qui se conjuguent aux portefeuilles qui se rétrécissent comme peau de chagrin. « C'est inimaginable, ça flambe ! De ma vie, j'ai rarement vécu un ramadhan pareil. Le citoyen ne sait plus où donner de la tête ! On est vraiment obligé de réduire la quantité des légumes et fruits sinon on va dépenser chaque jour une fortune. Imaginez-vous, même l'oignon a atteint 180 DA le kg, la tomate vaut 170 DA le kg, la laitue oscille entre 150 DA et 170 DA le kg, le piment vert varie entre 230 et 250 DA le kg, concombre et courgette valent 200 DA le kg, la carotte coûte 100 DA le kg, le haricot 500 DA, tout comme le citron dont le prix est de 400 DA le kg, voire plus dans certains marchés, ce n'est pas normal toute cette flambée des légumes en ce mois de piété, de partage et de miséricorde !», s'exclame Djamel, 66 ans, choqué et qui ne comprend pas la raison de cette importante hausse des prix.

Son voisin, Abdelillah, 62 ans, est quant à lui dépité. Pour lui, un grand nombre de familles vont se passer des fruits en ce mois de Ramadhan car elles n'arrivent pas à joindre les deux bouts. «Même, les prix des fruits ont flambé, y compris ceux de saison. En ce mois de jeûne, beaucoup de commerçants sautent sur l'occasion, ça ne date pas d'hier et quasiment tout le monde le fait. La banane à 650 le kg, les oranges à 350 DA le kg, la pomme jusqu'à 700 DA le kg, ils sont hors de portée des bourses faibles et moyennes ».

Sid Ahmed, lui, est parti faire ses courses le vendredi matin au souk hebdomadaire de fruits et légumes de Hennaya, à la recherche de certaines denrées moins chères. « Abstraction faite pour le prix de la pomme de terre qui est resté stable, oscillant entre 60 et 70 DA, j'ai constaté les mêmes prix chers pour la tomate et l'oignon, qui donnent le tournis aux ménagères. Pour les autres marchandises on paye parfois 10 ou 20 dinars de moins », affirme-t-il.

Tous les commerçants ont augmenté leur prix de la viande, du poisson, des épices. Les friandises (zlabia, chamia et kalb el louz) convoitées durant ce mois, sont aussi touchées par cette tendance haussière. Quelques préparateurs et vendeurs de la place Emir Abdelkader, devant la grande mosquée du centre-ville de Tlemcen, évoquent les pénuries de la semoule, de l'huile et l'augmentation des prix du sucre et de certains produits de base pour sa préparation (amandes, noix, etc.).

Mais, pour Abdelaziz, un retraité de Tlemcen, ce n'est pas la « zlabia » et les sucreries qui le préoccupent trop car il peut se priver de ces friandises, c'est plutôt le sachet de lait qui est important pour la santé. Pour lui, le sachet de lait n'est plus disponible comme avant. « C'est une véritable honte ! C'est un vrai casse-tête, il faut faire tous les jours la queue pour se procurer quelques sachets de lait pour prendre suffisamment de calcium en ce mois de Ramadan. Tout le monde se plaint de cette situation de pénurie du sachet de lait. Les ménages ont de plus en plus de difficultés pour faire leur repas accompagné de lait et du fromage blanc qui contiennent du calcium au moment du s'hour».

Selon un commerçant de Chetouane, « la crise du lait cru qui nous est livré par Giplait est apparue exactement il y a deux ans. Avant, on recevait quotidiennement près de 150 caisses de 13 sachets de lait. Aujourd'hui, on en a presque une cinquantaine deux fois par semaine, ce qui explique la forte affluence enregistrée en ces moments sur ce produit».

La seule satisfaction à relever en ce ramadhan 2023, c'est du côté des jeunes qui perçoivent leur allocation chômage. « Au moins ça nous permet d'aider nos familles et de satisfaire aussi notre gourmandise», lance Ryad, un jeune diplômé du CFPA de Mansourah.