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Répartis sur les quartiers du vieil Oran: Plus de 600 immeubles en ruine toujours occupés par des familles

par D.B.

Plus de 600 immeubles toujours occupés par des familles menacent ruine, selon un dernier recensement des services techniques de la wilaya, a-t-on appris hier de sources proches de la wilaya. Il s'agit d'anciennes bâtisses classées rouge qui menacent de s'effondrer à tout moment. Ces immeubles sont répartis sur plusieurs quartiers d'Oran, notamment à Sidi El Houari, Haï Derb, le centre-ville, St Eugène, Gambetta? Selon nos sources, un rapport détaillé sur la situation de ces immeubles a été présenté au wali d'Oran. En parallèle, plusieurs immeubles datant de l'ère coloniale ont été démolis ces dix dernières années. N'ayant pas été pris en charge depuis plusieurs décennies et n'ayant subi aucune opération de réhabilitation, de nombreux immeubles datant de l'ère coloniale, situés dans les quartiers populaires, ont été démolis après le relogement des familles.

Avec leur disparition du paysage urbain de la ville, c'est un pan de l'histoire d'Oran qui disparaît. C'est surtout les quartiers historiques à l'image de Haï Derb ou Sidi El Houari qui ont fait les frais d'un laisser-aller et d'un laxisme des services concernés. Selon nos sources, près d'une centaine d'immeubles ont été démolis au niveau du quartier de Sidi El Houari et une vingtaine d'autres au quartier de Haï Derb durant la dernière décennie. Chaque année, le quartier mythique de Sidi El Houari perd un pan de son histoire, avec la démolition ou l'effondrement de nouveaux immeubles au style architectural reconnu. Situé à l'ouest de la ville, ce véritable musée à ciel ouvert risque aujourd'hui de disparaître, emportant avec lui l'histoire millénaire d'Oran.

Selon nos interlocuteurs, depuis 2008, près d'une centaine d'immeubles ont été démolis. Une grande partie de ces immeubles revêtait un cachet architectural historique. Ces démolitions interviennent à l'issue des opérations de relogement des familles qui ont atteint près de 2.000 familles. Nos sources indiquent qu'outre les démolitions, une centaine d'autres immeubles ont été emmurés pour éviter leur squat et constituent un véritable danger pour les riverains au vu de leur dégradation très avancée. Au lieu et place de certains immeubles rasés, l'on constate que d'autres habitations ont été érigées, sans prendre en considération l'aspect historique du quartier qui risque de connaître le même sort que d'autres sites comme Bab El Hamra ou Maria qui ont été rasés suite aux opérations de relogement.

Malgré la dernière décision de classer le quartier comme secteur protégé, et malgré les efforts incessants de l'Association Santé Sidi El Houari et d'autres associations, ce quartier mythique meurt à petit feu. Il faut toutefois signaler qu'en parallèle aux démolitions, nos interlocuteurs indiquent que les services de la wilaya ont décidé de restaurer 24 immeubles sur un total de 66 immeubles vétustes au quartier Sidi El Houari et ce, après le relogement de leurs occupants au nouveau pôle urbain de Belgaïd. Les 24 immeubles devant faire l'objet de réhabilitation présentent des aspects architecturaux et historiques et seront donc préservés, les restants, soit 42, seront démolis. Considérant le caractère historique du quartier de Sidi El-Houari, classé « Secteur sauvegardé » en vertu d'un décret exécutif du 22 janvier 2015, les services de la wilaya d'Oran ont décidé de prendre toutes les mesures nécessaires à la préservation des édifices ayant une valeur historique et architecturale. Des mesures ont été également prises pour empêcher la réoccupation des immeubles évacués de leurs habitants. Les services de la wilaya avaient mis en place trois groupes de travail composés chacun de techniciens de la direction de la culture, spécialisés dans les aspects culturels et historiques des édifices et ceux des services du Contrôle technique des constructions (CTC), de la direction de l'urbanisme et de la construction et de l'APC d'Oran. Les membres de cette commission, au terme de sorties sur le terrain, ont conclu que 42 immeubles parmi les 66 programmés « ne présentent aucune valeur historique ou culturelle et menacent d'effondrement ». Ils ont préconisé leur démolition pour éviter tout danger. Les immeubles à sauvegarder seront octroyés à des institutions publiques pour être restaurés et exploités dans le cadre de leurs activités. Ces bâtis devaient être octroyés à l'OPGI, Algérie Télécom, le barreau d'Oran, l'ordre des architectes et le syndicat des pharmaciens, entre autres, a-t-on indiqué à la wilaya.