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Tlemcen - Séismes et urbanisme : bannir toute attitude fataliste

par Khaled Boumediene

Peut-on prévoir les catastrophes naturelles et plus particulièrement les séismes pour minimiser leur vulnérabilité ? Le séisme est l'un des phénomènes naturels parmi les plus meurtriers, tant par ses effets directs (chutes d'objets, effondrements de bâtiments) que par les effets induits (mouvements de terrain, tsunamis, etc.).

Les enjeux économiques, à l'échelle locale et nationale, peuvent, en revanche, être appréhendés quantitativement. Un séisme et ses éventuels phénomènes annexes peuvent engendrer la destruction, la détérioration ou l'endommagement des habitations, des usines, des ouvrages (ponts, routes, voies ferrées, etc.), ainsi que la rupture des conduites de gaz qui peut provoquer des incendies ou des explosions, sans oublier les enjeux environnementaux, tels que les accidents industriels provoqués par le séisme, et les modifications du paysage (tarissement ou apparition de sources d'eau, détournement de lits d'oueds, etc.). Pour certains spécialistes, il faudrait bannir toute attitude fataliste et s'organiser face aux risques, afin de les éviter, de s'en protéger et pour faire en sorte que leurs effets soient les moins dommageables possibles. Il est possible de déceler et de localiser les principaux secteurs où ces phénomènes ont le plus de chances de survenir, d'autant plus, que l'urbanisme en Algérie est régi par une loi foncière qui prévoit plusieurs stades dans l'aménagement du territoire. Mais, les règles de construction ne sont pas dictées par le plan directeur de l'aménagement et de l'urbanisme (PDAU), qui fixe uniquement les règles d'urbanisme applicables sur le territoire de la commune, telles que l'autorisation ou l'interdiction de construire, l'occupation maximale du sol et l'implantation des bâtiments. Il ne peut en aucun cas édicter des normes de construction. Seuls des plans de prévention des risques sismiques peuvent constituer un outil pour réduire le risque sismique sur le territoire. A ce titre, le professeur à l'Université de Tlemcen, Mohamed Amine Allal, estime que les textes précisent la nécessité de réaliser des cartes géotechniques et des cartes de risques à différentes échelles, mais, les besoins et la demande urbanistique, toujours plus nombreux et plus pressants et la gestion dans la précipitation et le décalage dans le temps de la cartographie par rapport aux plans d'urbanisme, et bien plus encore, les coûts et les délais à respecter ont rendu difficile cette intégration dans l'immédiat. «Il devient alors urgent et nécessaire d'engager une véritable réflexion systématique sur la politique de prévention des risques en général, et d'intégrer dans les règlements fonciers un supplément de documents cartographiques qui ferait ressortir par un zonage approprié d'un côté l'aléa et sa probabilité d'occurrence du phénomène et d'un autre côté la vulnérabilité en particulier. Cette cartographie se veut préventive, consultable par tous mais destinée particulièrement aux aménageurs et aux urbanistes. Ces instruments graphiques conçues comme un outil de communication dont la lisibilité et le caractère pédagogique sont essentiels puisqu'ils peuvent être consultables par tous les citoyens sont très bien adaptés à la variété des risques encourus et s'inscrivent en partie dans la perspective de la construction durable. Les cartes en question répondront aussi à une double finalité, à savoir, informer le plus objectivement possible sur la localisation probable des instabilités et leur nature, et jouer un rôle d'alerte en synthétisant et en hiérarchisant les résultats précédents dans un zonage à trois degrés représentés par les couleurs rouge, orange et verte, et dont la signification serait analogue à celles des feux tricolores », précise-t-il.

Il va sans dire que l'action sur le bâti demeure l'axe principal de la politique de prévention en matière de séisme, en appliquant les règles parasismiques dans la construction des bâtiments neufs et dans le renforcement des bâtiments existants.

La construction parasismique reste le moyen de prévention le plus efficace de se protéger contre les séismes. Cette prévention doit comprendre aussi des actions relatives à l'information de la population, l'amélioration des connaissances sur le risque sismique, l'aménagement du territoire et la préparation à la gestion de crise.