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Transformation numérique: L'immense retard de l'Algérie

par R. N.

La transformation numérique accuse un immense retard en Algérie, estime Djaoued Salim Allel, Directeur général de l'entreprise Adex Technology et fondateur d'Adex Cloud, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3.

«Cela fait plus de 20 ans que les professionnels du numérique en Algérie parlent de la nécessité d'entamer cette transformation. A chaque fois, on nous disait ?non, pas encore'. Il y avait une résistance au changement. Maintenant, nous sommes dans le fait accompli. Je salue, justement, la déclaration du président de la République qui a dit que la numérisation se fera qu'on le veuille ou pas. C'est un enjeu de développement pour notre pays. Il y a des choses à faire», a déclaré l'intervenant. Selon lui, «si on ne prend pas le virage du digital, le numérique nous bouffera, nos données seront à l'international, et on devra louer nos propres données», d'où l'urgence d'engager cette transformation digitale et d'acquérir les outils de notre indépendance numérique. Pour M. Allel, la numérisation, «ce n'est pas seulement les plateformes électroniques, lancées ici et là», explique-t-il. Il s'agit davantage de «contenus et de services», autrement dit une «mutation de l'économie». «C'est une mutation de l'économie. L'économie se digitalise, mais les actes marchands sont toujours les mêmes. Vendre un produit ou un service en ligne ou en physique, c'est toujours vendre un produit/service. A la différence, c'est qu'avec la numérisation, on change de paradigme. C'est-à-dire que c'est l'utilisateur qui devient le centre d'intérêt et non pas le fournisseur de service. L'exemple des sites marchands, ce n'est plus le client qui va vers une boutique, c'est la boutique qui vient chez lui. La même chose pour l'administration, c'est elle qui se déplace chez l'usager», affirme M. Allel. L'intervenant insiste sur l'aspect de la «souveraineté numérique» qui «est liée à l'indépendance numérique », et suggère un hébergement local de nos données. «Car notre souveraineté numérique est à la merci des grands mondiaux du numérique dont la stratégie est de collecter, vendre et revendre les données sans qu'on sache les exploiter nous-mêmes». «D'où l'impératif d'avoir des structures et des moyens pour les protéger en ayant nos propres plateformes, nos propres applications et nos propres logiciels. En somme, avoir les moyens de son indépendance numérique », affirme l'intervenant. L'invité de la Chaîne 3 insiste aussi sur la nécessité de «protéger les données du consommateur» par une «réglementation». «L'ensemble des données que nous collectons des individus et des administrations sont ce qu'on appelle des patrimoines immatériels. A partir de là, nous devons les sauvegarder, les protéger, les réguler. On ne peut pas, et on ne doit pas, utiliser des données personnelles pour d'autres objectifs sans qu'on demande l'approbation des autres», ajoute l'intervenant. Selon lui, comme pour l'économie physique, «nous devons élaborer des protections». «C'est très difficile de le faire. C'est pour cela que nous devons constituer des barrières numériques, nous devons mettre en place une réglementation de protection des données, et aussi héberger nos données en local», explique Djaoued Salim Allel.