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Sécurité alimentaire et coordination intersectorielle: Le salut à portée de main

par Ghania Oukazi

  Les Assises nationales de l'Agriculture ont permis de faire l'inventaire de différents secteurs d'activités qui permettent au pays d'assurer sa sécurité alimentaire par l'effet d'une coordination intersectorielle qui devient impérative.

Placées sous le thème «Agriculture : pour une sécurité alimentaire durable», les Assises nationales, tenues mardi dernier, au Palais des nations de Club des pins, ont permis à plusieurs ministres de présenter les activités qui participent dans la garantie de la sécurité alimentaire nationale. Les plus hautes autorités du pays en font «un défi stratégique dans un monde ébranlé par de fortes tensions géostratégiques». La guerre en Ukraine, un pays producteur et grand fournisseur de blé, en est devenue un puissant lanceur d'alerte pour le monde entier. La première instruction du président de la République au secteur agricole, «l'augmentation de la production des céréales».

Le Premier ministre l'a relayé pour instruire la profession, entre autres les éleveurs, de «changer le mode industriel par celui purement agricole», de «revoir en profondeur l'organisation et le fonctionnement des Instituts de recherche du secteur», de «restructurer en profondeur le Centre d'insémination artificielle et réorganiser la CNMA et les Offices du secteur». Il veut de la tutelle «dans pas plus de 12 mois, un calendrier de mise en œuvre des recommandations des Assises qui mettent en avant «la généralisation des efforts de numérisation, la modernisation des moyens de production, le développement des filières stratégiques, la nécessité de renforcer les ressources humaines, d'encadrer les jeunes porteurs de projets, en coordination avec le ministère de l'Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, l'intensification de la production de semences, l'achèvement de la réalisation de la Banque nationale des ressources génétiques, le deuxième semestre de 2023, la création de grandes exploitations intégrées pour la production de céréales et de fourrage et l'élevage de vaches laitières, la mise en pratique du «principe de la terre à ceux qui la cultivent», la création d'une instance nationale spécialisée dans l'irrigation agricole, chargée de la gestion et de l'exploitation rationnelle des ressources en eau destinées à l'irrigation, mise en place d'un nouveau système d'appui aux projets relatifs à l'utilisation des énergies renouvelables, ainsi qu'un plan d'urgence pour l'exploitation de barrages et de retenues collinaires au niveau des périmètres agricoles, la création de cartographies pour déterminer les filières agricoles spécialisées dans l'industrie de transformation, en fonction des zones et pôles agricoles spécialisés dans chaque produit et la création d'un établissement répondant aux standards internationaux spécialisé dans le conditionnement, la commercialisation et l'exportation des produits agricoles».

De premières réponses à ces préoccupations, ont été données avant la clôture des Assises en premier par le ministre de l'Agriculture. Abdelhafidh Henni a rappelé que «le secteur a bénéficié, cette année «de la création de plusieurs applications et plateformes numériques pour éliminer la bureaucratie et instaurer la transparence, ce qui s'est illustré, à titre d'exemple, par la numérisation de la liste des agriculteurs au niveau des chambres locales de l'Agriculture, et de la mise à jour des conditions et des modalités d'octroi des terrains relevant des domaines de l'Etat, outre le recensement des exploitants des terrains relevant des domaines de l'Etat sans titres, et le lancement de l'opération de leur régularisation au cours du mois de février». Il est précisé que «le secteur doit récupérer 68.000 h dans le cadre de la loi 87-19 régissant les EAI-EAC». Henni a mentionné à cet effet, «la mise en place prochaine d'un plan d'action pour l'organisation de l'exploitation du foncier agricole en général et du foncier agricole relevant des domaines de l'Etat en particulier, en sus des terres agricoles non exploitées». Il a fait savoir en outre, que «l'importation des viandes rouges est pour «très prochainement et avant le début du mois de Ramadhan, des contrats avec les distributeurs et les points de vente seront conclus, afin de garantir la disponibilité du produit avec des prix compétitifs».

«Des exigences techniques» pour les industries alimentaires

Avant lui, des ministres se sont relayés à la tribune pour faire les inventaires de leurs secteurs respectifs, laissant apparaître l'impérative coordination intersectorielle dont dépend étroitement la sécurité alimentaire nationale. Le ministre de l'Industrie. Ahmed Zeghdar en a parlé en indiquant que «pour ne plus recourir à l'importation, trois principaux défis sont à relever : l'adaptation technologique des entreprises et leur ouverture sur l'innovation pour réaliser la qualité et la capacité concurrentielle, la création d'un cadre de dialogue intersectoriel permettant à toutes les forces actives d'exprimer leurs préoccupations, de prendre les mesures nécessaires de manière participative et de valoriser les matières premières nationales et leur fabrication afin d'encourager le recours à la production locale». Le nombre d'entreprises activant dans la filière des industries alimentaires a atteint, selon lui, «plus de 31.000 entreprises employant près de 170.000 travailleurs et participent dans le PIB à près de 50%». En plus de «la création du Centre Technique des Industries Agroalimentaires (CTIAA), dont les principales missions sont l'accompagnement des entreprises actives dans l'industrie agroalimentaire, dans le domaine de l'innovation et de la compétitivité, ainsi que la garantie de la qualité des produits commercialisés pour protéger la santé du consommateur, des fiches techniques des produits alimentaires de large consommation ont également été élaborées, pour servir d'outils de protection du produit national, obligeant les industriels et les transformateurs de produits agricoles à se conformer aux exigences techniques et réglementaires (?)», a-t-il fait savoir. Le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab a pour sa part, affirmé que «la production nationale d'engrais avait connu un bond qualitatif, ces dernières années, lui permettant de couvrir désormais l'intégralité de la demande locale et ce, grâce à la production nationale qu'assurent le Groupe Sonatrach et ses partenaires, renforçant le marché national avec plus de 300.000 tonnes d'urée». Il a annoncé «la signature de 116 contrats d'approvisionnement en engrais avec le Groupe ASMIDAL et des opérateurs privés, en vue d'assurer son approvisionnement à travers l'ensemble du territoire national, sans recourir à l'importation». Il a rappelé « l'importance du projet du Complexe de phosphate à l'est du pays devant alimenter le marché intérieur en matière première pour la production des engrais composés et exporter la surproduction pour augmenter le volume des exportations du pays hors hydrocarbures».

«7 milliards de m³ par an pour l'irrigation»

Et aussi, «la contribution du secteur à la réalisation de la sécurité alimentaire à la faveur du raccordement des superficies agricoles en électricité et gaz concernant l'industrie agroalimentaire, avec le raccordement de 30.000 exploitations agricoles sur un total de 57.000, en électricité à la fin de 2022 pour un coût global de 74 milliards de DA».

Le ministre des Travaux publics, de l'Hydraulique et des Infrastructures de base, Lakhdar Rekhroukh, a déclaré, par ailleurs, que «l'utilisation des eaux usées traitées dans l'agriculture permettra de fournir 1,2 milliard de m³ d'eau d'ici 2030» parce que son secteur s'emploie, a-t-il dit, «à développer la réutilisation des eaux usées traitées par les stations d'épuration grâce à des technologies modernes, avec l'introduction du traitement tertiaire des eaux usées, qui garantit leur réutilisation à des fins agricoles et dans les périmètres et espaces adjacents à ces stations dans toutes les régions du pays». Son rappel, «la réalisation de 14 nouvelles stations de dessalement de l'eau de mer à l'horizon 2030» et «globalement, le secteur des Ressource en eau assure 7 milliards m³ d'eau par an, destinés à couvrir les besoins du secteur agricole, ce qui représente 70% de la production nationale, 45 grands périmètres d'irrigation bénéficiant principalement des grands barrages ont également été réalisés, et qui sont actuellement exploités sur une superficie globale de plus de 280.000 ha, répartis sur 35 wilayas et gérés par l'Office national d'irrigation et de drainage (ONID)». Pour la réalisation des forages, «le secteur a mis en place de nouveaux mécanismes permettant de faciliter l'octroi d'autorisations de réalisation de forages à travers des procédures administratives et des instructions pour accélérer le traitement des demandes, ce qui a donné lieu à l'augmentation du nombre des autorisations octroyées durant la période allant de 2020 à 2022, en passant de 5.300 à 23.100 autorisations, et ce, sous la supervision de l'Agence nationale des Ressources hydrauliques (ANRH), après leur examen par le guichet unique au niveau de chaque wilaya». Avec la précision que «le secteur recense plus de 255.000 forages dédiés à l'irrigation agricole».