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Agriculture: Développer le secteur sur des bases solides

par Ghania Oukazi

La production des céréales a été au centre des assises nationales de l'agriculture où le président de la République l'a qualifiée de « stratégique » et pour laquelle le 1er ministre a noté cette année une hausse du soutien financier à 60 milliards DA en 2022 contre 30 en 2021, ceci, a-t-il dit, «pour alléger sa lourde facture qui risque de doubler en 2023, en raison des tensions géostratégiques».

Le 1er ministre a donné ces précisions et d'autres lors de la clôture, mardi en début de soirée au Palais des nations de Club des pins, des assises nationales de l'agriculture placées sous le thème «Agriculture: pour une sécurité alimentaire durable». Des assises qui ont sanctionné les travaux des ateliers organisés la veille et animés par 440 participants issus de la profession qui ont débattu «8 problématiques stratégiques répondant aux priorités inscrites dans la feuille de route du gouvernement».

Le 1er ministre a noté que «chaque année, le secteur importe des céréales pour un montant de 500 milliards DA». Désormais, dit-il, «on révisera le foncier agricole selon la formule la terre à celui qui la travaille». L'objectif étant selon lui «d'éviter les mauvaises pratiques qui ont émaillé la production céréalière l'année dernière et ont influé sur la sécurité alimentaire et la sécurité nationale, de faire de la filière un pôle stratégique voire un défi national ». Il a lancé un appel pressant aux agriculteurs «pour réaliser la sécurité alimentaire nationale, il faut relever le défi d'augmenter la production, vous et les instituts de recherche du secteur». Des instituts que le ministère de l'Agriculture doit, dit-il, «en réviser leur organisation et le fonctionnement, la terre ne doit pas donner moins de 50q/ha». Benabderrahmane a souligné qu' «étant un objectif principal et stratégique, il est impératif d'arriver à l'autosuffisance en céréales parce que la facture pourrait doubler cette année en raison des tensions géostratégiques dans le monde». Il a fait savoir qu'«en plus de la révision à la hausse des mesures incitatives, la filière des céréales a bénéficié de nouvelles semences de haute qualité pour assurer l'augmentation de la production, un soutien financier aux engrais qui passe cette année de 20 à 50%, soit 29 milliards DA d'aides contre 11 en 2022 ». Il a rappelé la décision de permettre «l'importation de matériels agricoles d'occasion dont certains sont exempts de taxes douanières». Les légumes secs viennent de bénéficier cette année, selon lui, «d'une augmentation de leurs superficies pour atteindre 150.000 ha, celles de l'arboriculture ont atteint 125.000 ha, la production des viandes rouges doit doubler avec l'introduction de nouvelles méthodes chez les éleveurs». Il a recommandé au ministère de tutelle de «revoir en profondeur l'organisation et le fonctionnement du centre de vaccination par les experts nationaux et l'importation des produits nécessaires de l'étranger». Il demande aux acteurs de la filière volailles «d'élaguer le mode industriel et d'intégrer totalement celui agricole». Il leur promet que «l'Etat leur achètera toute surproduction» et affirme «l'achat de 22 millions de doses de vaccin contre la grippe aviaire tout autant que celui d'un million de tonnes de maïs(...)». Il demande en outre au ministère de l'Agriculture de «réorganiser les offices de la filière».

Il a avoué qu' «on n'a pas trouvé les causes à ces fluctuations des prix, il y a des perturbations dans le circuit de la production à la commercialisation jusqu'au consommateur», et dit à l'attention des éleveurs, «on combat les spéculateurs et les intermédiaires illégaux, ce sont nos ennemis et vos ennemis». Pour la production de l'huile, il a noté l'augmentation des superficies de production des oléagineux pour arriver à 1,5 million t/an et 160.000 ha pour la culture de la betterave sucrière». Par ailleurs, l'Etat a, selon lui, accordé près de 17 milliards DA pour la production et la distribution de lait frais». Il réclame pour tout le secteur «des statistiques réelles par la numérisation». A propos de l'identification fiscale, il dira qu' «on l'a élargi à toutes les filières du secteur» et assure que «tous les projets agricoles peuvent être financés par les banques publiques et privées, elles sont obligées de le faire». Au ministère des Finances, il demande de restructurer et de revoir le fonctionnement de la CNMA (Caisse nationale de mutualité agricole)». Les principales recommandations des ateliers ont alors insisté sur «la généralisation des efforts de numérisation dans le secteur agricole pour une meilleure gestion des données, la modernisation des moyens de production, le développement des filières stratégiques, la nécessité de renforcer les ressources humaines (...)». Le 1er ministre a affirmé après leur lecture que «ces recommandations seront débattues au niveau de la réunion du gouvernement et soumises au Conseil des ministres pour leur évaluation par le président de la République, afin qu'elles ne restent pas lettre morte». Il a instruit le ministère de l'Agriculture et du Développement rural «à définir un calendrier n'excédant pas 12 mois pour leur application sur le terrain». Il a précisé que «l'élaboration du calendrier de la concrétisation de ces recommandations qui revêtent une grande importance, doit être menée en coordination avec les autres départements ministériels, dont celui des Finances, du Commerce, de la Pêche et de l'Industrie». Ces recommandations permettront, dit-il, au gouvernement «d'élaborer une stratégie pour développer le secteur de l'agriculture sur des bases solides et des données crédibles reflétant la réalité économique, et ce en vue de réaliser les objectifs tracés suivant une approche fondée sur la préservation des intérêts des agriculteurs et des éleveurs qui contribuent à la réalisation de la sécurité alimentaire».