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Rentes ou revenus non gagnés, revenus immérités, revenus de prédation: Pour un retour à l'économie réelle et antiparasitaire (Suite et fin)

par Mohamed Belhoucine*

Problèmes et dilemmes. Incapacité de comprendre et de changer le système.

Les économies tombent dans un dilemme lorsque les conditions d'une solution réelle font défaut car intimement liée à l'incapacité de comprendre et de changer le système. Depuis 2008, les économies cherchent à échapper à de tels dilemmes, comme s'ils pouvaient être résolus sans modifier à la base les règles économiques pour réduire les dettes et sans transférer les impôts qui pèsent sur le travail et l'industrie et sans poursuivre la fraude financière systémique de la finance et de l'immobilier.

Tout au contraire, les gouvernements ont essayé de résoudre ce dilemme en laissant les dettes en place, en réduisant l'économie « réelle » et en renflouant les banques. Ils ont ensuite cherché à les rembourser en augmentant les impôts et en réduisant les dépenses sociales. Lorsque cela a davantage effondré l'économie en Europe et dans d'autres économies (Sri Lanka), des entreprises publiques ont été vendues à des investisseurs, dont la sortie des bénéfices et des dividendes a créé une fuite de capitaux et donc une dégradation de la balance des paiements qui a abaissé le taux de change.

Cela a rendu la dette libellée en dollars et en autres monnaies étrangères encore plus couteuse, aggravant la déflation par la dette. (Nota : la déflation par la dette est un concept créé par Irving Fisher en 1933, il montre comment un processus de désendettement des ménages et des entreprises, qui fait suite à une phase d'euphorie durant laquelle la dette privée a gonflé, peut provoquer une baisse généralisé du niveau des prix).

Les théories économiques marginalistes et monétaristes de l'équilibre (ossature du néolibéralisme) s'appuient sur une mathématique qui ne veut pas voir les graves dilemmes qui apparaissent, ni que les économies peuvent être prises dans des impasses financières et économiques qui empêchent la réalisation de leur potentiel savoir et technologique.

Les politiques du consensus des Etats-Unis, là où elles sont passées ont plongé beaucoup de pays dans des crises insolubles, encourageant les banquiers, les investisseurs étrangers et les intérêts compradores qu'ils financent, leur permettant de se comporter comme des vautours transférant le domaine public entre leurs mains tout en laissant les économies plus endettées.

Les Américains utilisent la finance comme une nouvelle manière de faire la guerre (à cela s'ajoutent le terrorisme, les guerres hybrides secrètes (exemple : fissuration du tissu social par le Shin Beth en Palestine occupée (crimes, drogues, prostitution, collaboration, etc.), les épidémies, l'environnement, etc.), provoquant une dévastation économique et politique de pays poussés à l'endettement, ces derniers seront contraints de mettre en œuvre des programmes d'austérité, sans que les modèles de politiques économiques imposés par le FMI ne puissent intégrer aucune variable technologique basée sur l'économie de la production.

Pour les rentiers de la haute finance de la City de Londres et de Wall Street, le problème est de savoir comment dépouiller les économies de pays de leurs avoirs. Leur succès laisse les 99% dans un dilemme dans lequel ils doivent rester jusqu'à ce qu'ils reconnaissent que leur échec provient de l'incapacité de comprendre et de changer le système.

Pour les rentiers (les 0,1%), le problème est de dissuader la science économique de fournir une issue à cette victimisation. L'analyse marginaliste évite de faire face à de tels dilemmes et aux alternatives politiques nécessaires pour y échapper. Un ensemble restreint de phénomènes (coûts de la main-d'œuvre et des matériaux, taux d'intérêt, revenus et structure de la demande) est sélectionné pour produire des modèles qui n'expliquent pas pourquoi et comment l'économie mondiale est de plus en plus déséquilibré.

En recherchant de petits ajustements dans les politiques économiques structurelles, l'analyse marginaliste ne va pas très loin. Son court-termisme financier ignore à quel point les économies sont liées à l'asservissement des débiteurs. Presque toutes les approches considèrent l'épargne comme un nouvel investissement financier en capital, censé prendre la forme d'une formation de capital tangible, et pas simplement d'une bulle boursière ou immobilière.

Les thérapies de choc de l'école marginaliste, de façon récurrente, provoquent une hausse des inégalités et d'endettement des économies, il est facile de reconnaitre que l'économie mainstream du FMI est au mieux un discours pseudo-scientifique au service des rentiers de Wall Street N.Y et de la City de Londres. Pourquoi ? Parce que cela inverse l'orientation classique sur la question des ressources dont disposent les Etats pour promouvoir la croissance économique et améliorer le niveau de vie. Alors qu'il existe de simples et évidentes thérapies qui n'arrangent pas les rentiers bancaires de N.Y et Londres. A savoir, une légère augmentation des prix augmentera la production, le chômage peut-être résolu en réduisant le niveau des salaires ou en augmentant les dépenses publiques. La rareté des ressources ne joue qu'un rôle mineur.

Genèse de la supercherie et de la fraude instiguées par le FMI aux économies endettées.

Dans les business schools, les cours d'économie mathématique ont supplanté les cours traditionnels d'histoire de la pensée économique et d'histoire économique. Cette connaissance aurait pu familiariser les étudiants avec des alternatives à l'orthodoxie néolibérale d'aujourd'hui, les rendant difficilement employables et embrigadables par les rentiers mondialistes, notamment en ce qui concerna la compréhension de la dynamique de la dette et de la rente. L'échec actuel à expliquer la crise de la dette de notre époque suggère que l'objectif de l'école marginaliste anhistorique n'a pas été vraiment d'expliquer le monde, mais plutôt de censurer les perceptions qui impliquent que le système financier régi par les politiques actuelles est instable et doit être réglementé et changé.

Les économistes monétaristes fonctionnent comme des lobbyistes politiques au service du secteur bancaire et financier. En traitant la hausse des coûts de la dette comme auto-stabilisatrices, l'orthodoxie monétaristes a écarté la réglementation publique du processus politique démocratique en centralisant la planification et les politiques de dépenses publiques dans les mains des fonctionnaires des ministères des finances et des banques centrales, formatés et décérébrés par les enseignement des business Schools acquis à leur «cause», c'est-à-dire hors du contrôle des représentants politiques élus (s'ils ne sont pas corruptibles).

Le vrai diagnostic et principal problématique

Le mérite revient à l'économiste russe Sergey Glazyev et beaucoup d'autres économistes non organiques qui ont analysé le découplage entre la croissance exponentielle des intérêts de la dette et la croissance d'une économie réelle qui elle n'est pas exponentielle. C'est cet écart structurel entre la croissance de la dette par les intérêts et la croissance de l'économie réelle, est imputable essentiellement à l'endettement, à la hausse des inégalités et à l'appropriation de l'Etat par les préteurs.

Les épargnants investisseurs offrent en garantie de leur dette du capital et de la propriété qui, dans de nombreux cas, ne sont pas remboursables, si ce n'est en transférant la propriété aux créanciers. Ce transfert modifie la forme politique de l'économie (voir la Tripartie à Alger en date du 27/12/2017).

L'omerta des économistes néolibéraux sur les frais extra liés à l'auto-expansion de la dette, est une condition préalable pour que les modèles économiques génèrent des conclusions prônant le laisser faire (Poutine a dégommé tous les économistes néolibéraux de l'appareil d'Etat du Kremlin dont le dernier en date 2021 était Vladimir Maou recteur de l'Académie d'économie nationale russe). En Algérie, par défaut de surveillance, Il y'a pléthore d'économistes néolibéraux formatés, présents dans l'appareil d'Etat et les écoles de commerce qui constituent de véritables scories qui retardent le démarrage de l'économie algérienne.

Au niveau mondial au cours de ces 4 dernières décennies, les créances ont augmenté plus rapidement que les investissements matériels dans les infrastructures de transport et d'équipement, les bâtiments et les maisons, ainsi que les infrastructures de communications et autres. Les entreprises et les gouvernements ont été obligés de payer leurs dettes en réduisant leurs activités de développements et de la maintenance de leur capital tangible. Ces réductions des investissements à long terme sont souvent le produit de raids sur des entreprises financées par des obligations à haut taux d'intérêt. Au niveau des Etats, c'est l'essence même des plans d'austérité du FMI, qui « stabilisent » la monnaie en empruntant sur le marché international à des conditions qui réduisent et déstabilisent d'avantage l'économie.

En réduisant les investissements matériels, les sociétés et les Etats se retrouvent toujours moins en mesure de supporter le fardeau de leurs dettes. Ils sont réduits à fonctionner toujours plus à court terme. Les taux d'intérêts augmentent à mesure que les prêts deviennent plus risqués. Et à mesure que les taux d'intérêts augmentent, toujours plus d'argent est amputé des investissements directs au profit des prêts à intérêts, jusqu'à ce que le système soit détruit de l'intérieur.

Les dettes qui ne peuvent pas être payées ne le seront pas.

Les fortunes financières ne peuvent continuer à s'accumuler ad infinitum parce que les mathématiques de l'intérêt composé ne sont pas viables sur le plan économique. Les créanciers réinvestissent leurs intérêts créditeurs dans de nouveaux emprunts de plus en plus risqués, ce qui crée des frais généraux financiers qui aboutissent à l'appauvrissement des économies et en conséquence des populations.

Les consommateurs, les entreprises et les gouvernements ne peuvent faire face à un tel endettement en spirale car ils seront dans l'incapacité de payer le service de la dette, sauf à transférer une proportion intolérablement élevée de leurs actifs aux créanciers. Ces transferts se font par le biais des privatisations pour la dette publique et aussi la liquidation d'actifs pour les sociétés (tout juste avant l'embelli pétrolière des années 2000, l'intention cachée de Bouteflika était de mettre en œuvre la loi scélérate des hydrocarbures comme premier tremplin pour brader tout l'actif pétrolier algérien de Sonatrach aux créanciers internationaux et à ses amis du Moyen-Orient).

Les monétaristes - les personnes qui prétendent maitriser la science financière - exhortent les économies à se soumettre à l'austérité financière en sanctifiant les dettes plutôt qu'en préservant l'économie, sa main d'œuvre et son niveau de vie. Des économies entières sont crucifiées sur l'autel de la dette et soumise à l'austérité alors que leur développement économique est abandonné.

Nous devrions toujours revenir à cette distinction fondamentale classique et évidente entre crédit productif et crédit non productif qui a été remplacée par une théorie subjective selon laquelle l'argent gagné d'une manière est économiquement égal à l'argent gagné d'une autre manière, sans tenir compte de l'effet sur l'emploi ou sur la prospérité nationale. Ces effets sont considérés comme étrangers aux préoccupations purement financières néolibérales et monétaristes.

L'idéologie de l'économie néolibérale, dite économie du « marché libre » menace de créer un monde plus pauvre et moins libre avec l'instauration tout dernièrement de l'Etat d'exception, un régime juridique où la suspension des libertés et du droit ont été mis en œuvre comme nous l'avons observé durant la mascarade du Covid-19.

Le pouvoir financier soumet le monde à l'austérité pour rembourser des dettes à une classe de créanciers absorbants une proportion croissante de la richesse mondiale.

Les scientifiques organiques sont embauchés pour créer un voile de confusion sur le plan professionnel afin de contester les preuves que le Covid-19 était une vaste supercherie et qu'ils existaient des traitements très simples et peu onéreux pour le juguler. Le but était d'imposer ?'une thérapie génique'' mortelle pour renflouer les caisses des big pharma face à la crise du capitalisme.

Les économistes organiques ont été mobilisés pour servir, sciemment ou non, des lobbies en relations publiques défendant les intérêts financiers mondiaux. Les diplômés de Chicago et leurs clones, formés à la stratégie chez Goldman Sachs ou dans des pépinières financières similaires, monopolisent le personnel des ministères des finances, des banques centrales et des principales institutions financières mondiales. Leur tâche est de présenter l'austérité comme une voie royale vers la croissance future plutôt que comme route vers l'effondrement.

Lorsque la pauvreté s'intensifie, les gouvernements sont instamment priés de renflouer les épargnants (le 0,1%) aux dépens du contribuable (les 99%) et de réduire les salaires et les retraites tout en transférant la charge fiscale sur le travail et les consommateurs. Lorsque la prospérité promise ne se concrétise pas, le lobby de l'austérité affirme que les politiques monétaristes n'ont pas été suivies de manière suffisamment intensive pour « faire fonctionner leur magie». L'objectif est de dissuader les électeurs et les décideurs de comprendre pourquoi la dépendance à l'égard de la dette augmente alors que les emplois sont réduits, que les vies sont raccourcies, que le chômage s'accélère et que la qualité de vie diminue.

Quelle est la solution politique pour sauver l'économie et non pas ses créanciers.

Il y a une alternative bien sûr. C'est de faire de la tendance inexorable de la dette à croître au-delà de sa capacité de remboursement le point de départ de la science économique. Ce qu'il faut, c'est une politique pour sauver l'économie, pas ses créanciers. Cela nécessite d'annuler la prise de contrôle oligarchique en Algérie (Tripartite du 27/12/2017 à Alger) qui a intronisé un ensemble de propagandes économiques conçues pour donner l'impression que les dettes d'une économie peuvent être toujours réglées en abaissant les salaires, en taxant d'avantage les consommateurs, en appauvrissant les travailleurs (et, finalement, les entreprises et les gouvernements), et en vendant le domaine public (principalement aux étrangers des pays créanciers).

Il faut obliger les banquiers et les créanciers obligataires à absorber une grosse partie de la dette, en évitant de la transférer aux Etats et à l'ensemble de l'économie. L'objectif des créanciers n'est pas de sauver l'économie, mais d'accentuer la spirale descendante de la déflation par la dette et l'augmentation des déficits publics qui obligent les pays endettés à vendre leurs ressources énergétiques et minières (le cas probant de l'Argentine qui a bradé ses richesses énergétiques à la société espagnole Repsol), leurs bâtiments publics, leurs services publics d'électricité, leurs systèmes de communication, leurs routes et leurs autoroutes à des prix misérables ? et ensuite venir applaudir à de telles privatisations, comme un pas de redressement de l'économie ! C'est ce qu'à failli faire la tripartite à Alger le 27/12/2017.

Ce syndrome de la privatisation, c'est-à-dire vendre les bijoux de famille, est conscient et délibéré et non seulement comme une erreur qui puisse être corrigée.

Aujourd'hui, dans le monde, les clients les plus riches et les puissants sur le plan politique sont les rentiers, et l'économie néoclassique orthodoxe est chargée de légitimer leurs gains de prédation.

*Docteur en physique - DEA en économie et sciences du management