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Agriculture et développement rural: Gouvernance, renforcement des capacités et économie de la connaissance

par Mohamed Khiati (*)

Mais alors disons-le d'emblée, que depuis quelques années, les méthodes de développement agricole et rural ont subi des changements profonds liés au fait que de nombreuses initiatives n'ont pas donné les résultats escomptés.

Il a fallu reconnaître que l'on avait trop misé sur le transfert de technologies et qu'en outre, on avait tendance à simplifier d'une manière exagérée les problèmes de développement et à négliger les aspects socioculturels des agriculteurs.

L'attention s'est alors graduellement déplacée vers des approches visant à faire participer davantage les populations rurales à la planification et à la mise en œuvre des activités de développement destinées à les assister. On attache désormais une importance croissante au rôle crucial de la connaissance, de même que dans celui de la recherche de méthodes susceptibles d'aider les collectivités rurales à améliorer leurs connaissances et leurs aptitudes, à travers les échanges d'informations et d'expériences, à tous les niveaux, entre les individus engagés dans une intervention de développement.

Dès lors, les dimensions communication et diffusion des connaissances dans les activités de développement paraissent fondamentales, dans la mesure où elles facilitent la compréhension des artisans du processus de développement et tendent à favoriser leur pleine participation. En contribuant au développement des exploitations et des productions, la diffusion des connaissances est peut-être un moyen très puissant d'amélioration du niveau de vie et de la promotion sociale des populations rurales. Ces objectifs impliquent tout particulièrement que les dispositifs d'information et de communication soient accessibles et utiles, répondant tout particulièrement aux préoccupations et attentes des agriculteurs, en gros, à la communauté rurale. Cela étant, l'ancrage du développement d'une stratégie d'information, de communication et de vulgarisation devra s'inscrire nécessairement dans le contexte des politiques agricoles et rurales adoptées par les gouvernements, pour assurer leur implication dans la sphère de la production.

Il faut dire cependant qu'au cours de ces dernières décennies, une place plus grande a été accordée aux programmes et projets de développement agricole et rural et des raisons impérieuses ont conduit à consacrer des ressources au développement des campagnes de telle sorte que de gros investissements moraux et physiques sont consentis.

Les agriculteurs et les éleveurs représentent une grande frange de la population rurale en Algérie. Cependant, toutes les difficultés que connaissent ces deux catégories ne sont pas nécessairement de nature physique. Certaines tiennent davantage aux caractéristiques techniques, sociales voire culturelles de la région dans laquelle, ils vivent et qui se traduisent (pour eux), parfois pas souvent, par un accès limité aux services et aux ressources, parmi lesquels, la connaissance est un élément fondamental. C'est dire, combien la communication, vecteur de connaissance est aussi utile.

Il faut cependant noter au passage qu'en agriculture, les paramètres fixes sont l'exception, les variables étant souvent la règle dans le domaine biologique. Entre la conception d'un plan et son application surgit une foule d'impondérables difficiles voire parfois, impossibles à maîtriser, qui tiennent à la fois au caractère technique utilisé par les exploitants et à la nature même de l'agriculture, domaine aléatoire par excellence.

L'agriculture a pour importante fonction de produire aussi bien des aliments pour nourrir la population que des denrées d'exportation qui rapporteront des rentes. Ce faisceau d'activités engendre la demande d'autres biens et de services et favorise également la création d'emplois qui absorberont la main-d'œuvre disponible.

Dans le processus de développement s'entrecroise l'ensemble des acteurs qui devront s'associer pour promouvoir ce développement, autrement dit, l'interdépendance des acteurs devra être de mise. Cela renvoie à la synergie, à la coordination, à la cohésion, en bref à l'harmonie dans l'action d'ensemble des interventions de développement dont la concertation, l'orientation, l'information et la communication inter et intra acteurs trouvent toutes leurs significations.

Cependant, dans la pratique quotidienne, les exploitants agricoles, une frange importante des acteurs agricoles s'attendent à :

- un conseil à la fois «formateur et informateur» de telle manière que l'orientation est perçue comme une école de formation. C'est une démarche pédagogique partant du réel et s'y ressourçant toujours, un conseil permanent et évolutif qui constitue une conséquence de la multiplicité et du développement des besoins et des techniques ;

- un conseil «global et spécialisé» à tel point que le conseil devra tenir compte de plus en plus de l'unité de l'exploitation et de toutes ses composantes. C'est une approche globale menée dans l'exploitation, un conseil aux différents niveaux de perception des groupes, des individus et adoptable par les agriculteurs

- et enfin un conseil «objectif et humain», de telle sorte que l'encadrement agricole doit être suffisamment proche de l'exploitant pour le connaître et suffisamment éloigné pour avoir un certain recul vis-à-vis de son exploitation.

La mise en œuvre des différents programmes et des projets agricoles exige cependant, une approche d'accompagnement et d'assistance technique aux divers acteurs engagés dans le processus de développement dont les aspects de renforcement des capacités et la diffusion des connaissances en milieu rural en constituent les instruments moteurs et les facteurs essentiels du progrès et de modernisation de l'agriculture.

Il en découle que l'adoption de la stratégie basée sur le déterminisme technologique, la valorisation des ressources d'une façon, le transfert de technologie et la gestion rationnelle des exploitations agricoles moyennant l'implication directe des exploitants à travers des approches participatives constituent aujourd'hui, autant de facteurs qui influent positivement sur la production du secteur agricole dans sa globalité.

L'accompagnement des exploitants et leur conseil, en gros promouvoir l'économie de la connaissance est le plus grand investissement que l'on puisse développer à l'heure actuelle dans la mesure où l'économie contemporaine est une économie de la connaissance. De ce fait, appuyer les innovations paysannes à travers le renforcement de leurs capacités et leur dotation en connaissances deviennent, et à juste titre, l'essentiel des facteurs de modernisation et de production agricoles, avouons-le sans précaution oratoire.

Dans ce contexte particulier, il faut dire plus que jamais le développement et la diffusion des connaissances sont aujourd'hui les principales conditions du progrès économique et social, c'est dire que l'investissement immatériel, autrement dit, l'investissement dans l'intelligence est d'une importance capitale dont les ressources humaines sont la plus grande richesse.

Investir dans le domaine de l'intelligence, c'est d'abord promouvoir et améliorer, sans cesse, les savoir et les connaissances, à travers un processus de partage entre individus et organisations. Il est pleinement admis aujourd'hui que le développement et le progrès, quel que soit le domaine, sont parfaitement liés à la communication utile, s'intégrant de la sorte et en droite ligne dans le concept de l'économie de la connaissance, à laquelle on accorde, à l'heure actuelle, plein intérêt.

Il y'a quelques années, Edouard SCHUH, l'économiste américain, n'en disconvient pas pour établir l'interdépendance et fait remarquer que : «l'accroissement de la production des années 20 au milieu des années 70 (du siècle dernier), s'est accompli sans que soit augmenté notre capital de ressources physiques. Il est entièrement dû à des améliorations de la productivité dont la plupart sont imputables à un savoir nouveau ou aux progrès de l'information (surtout). Cela montre clairement à quel point la ressource que constitue la connaissance est propre à favoriser le rendement» (1).

Il est ainsi pratiquement impossible de gérer le développement au quotidien sans une bonne formation et une bonne communication entre les différents acteurs.

C'est dans ce contexte que les institutions tant étatiques que privées ont adopté des systèmes de formation, de communication et de vulgarisation répondant aux exigences de leur clientèle et bénéficiaire, à tous les niveaux d'intervention.

Les changements à l'échelle mondiale et régionale touchant le secteur agricole en général, la vie des agriculteurs et la sécurité alimentaire en particulier, remodèlent la communication pour le développement en induisant une professionnalisation des acteurs. La mondialisation, la libéralisation du marché, la décentralisation accrue, le rôle croissant du secteur privé, la détérioration de la base des ressources naturelles, combinés à la croissance persistante de la population et à la pauvreté grandissante dans les zones rurales, constituent autant de défis majeurs aux établissements de vulgarisation, d'appui technique et de développement, dans leurs tentatives de réajuster leurs stratégies, offres et services.

Ceci, au moment où les avancées rapides de la science et de la technologie, le développement des méthodes et outils de communication et l'accès accru à l'information fournissent des occasions qui peuvent aider les institutions d'éducation, de vulgarisation et d'autres établissements agricoles génératrices de connaissances à faire face aux défis émergents et à contribuer efficacement au développement durable.

L'esprit de coopération, c'est-à-dire l'institutionnalisation de coopératives œuvrant dans le domaine de l'appui?conseil, constitue également une base de développement de l'agriculture et de la promotion des activités en milieu rural.

La convergence entre les techniques, les pratiques et médias et réseaux de communication pour le développement et les systèmes de connaissances constituent un gage de professionnalisation dans le domaine agricole.

La communication, les technologies TIC, la vulgarisation peuvent considérablement renforcer la capacité des personnes à partager leurs expériences et connaissances et offrent une occasion pour la modernisation du secteur agricole et constituent par ailleurs des opportunités uniques pour, entre autres, réduire l'isolement géographique, faciliter le dialogue et la participation, et promouvoir des réseaux interactifs d'échanges et de partages pour la promotion et le développement.

L'ensemble de ces considérations font que l'on puisse adopter une démarche pour le renforcement des capacités et la promotion de l'économie de la connaissance, sans que l'on recoure à de gros investissements financiers, dans une ère d'austérité.

Renforcer les capacités pour une bonne gouvernance sectorielle

Aujourd'hui, renforcer les capacités signifie consolider des actions et appuyer les individus, les organisations et la collectivité à mieux gérer leurs affaires avec succès. La bonne gouvernance prend ici, toute sa signification.

Il s'agit de promouvoir les capacités, autrement dit, les connaissances, les qualités, la motivation, la compétence et les aptitudes des individus, mais également rehausser la capacité d'organisation, c'est-à-dire, renforcer le potentiel collectif pour parvenir aux objectifs de l'organisation. Tandis que la capacité technique, c'est la capacité requise par l'encadrement en vue de la prise en main des activités de développement dans ses diverses facettes.

A l'échelle mondiale et jusqu'à une époque très récente, le renforcement des capacités a été considéré comme un processus technique, supposant un simple transfert des connaissances ou des modèles d'organisation du nord vers le sud (OCDE 2006).

Aujourd'hui, une définition est largement admise. Elle décrit le Renforcement des Capacités comme étant : «l'aptitude des individus, des organisations et de la collectivité dans son ensemble à gérer leurs affaires avec succès».

Elle englobe l'aptitude à créer, à comprendre, à analyser, à développer, à planifier, à atteindre les objectifs fixés, à réfléchir sur les résultats des actions, à se diriger vers une vision, à changer et à se transformer ». Il est donc un processus par lequel, les individus, les organisations et la collectivité dans son ensemble libèrent, créent, renforcent, adaptent et préservent les capacités, au fil du temps».

Dans la pratique, trois dimensions font le renforcement des capacités. Il s'agit i), de la dimension individuelle qui procède d'un changement dans les compétences, les comportements et les attitudes de divers acteurs opérants dans le secteur de développement agricole et rural (Agriculteurs, producteurs, commerçants, décideurs politiques, agents de l'inspection alimentaire, directions et personnels des organisations).

Les mesures peuvent inclure le renforcement des connaissances, des compétences, de la motivation et des valeurs des individus de l'organisation. La formation ne constitue dans ce contexte qu'une modalité parmi d'autres à savoir : l'appui au partage des connaissances, le réseautage et le jumelage, pour n'en citer que quelques unes,-utilisées pour renforcer les capacités au niveau de cette dimension.

Les particularités de chaque situation doivent être prises en compte lors de la conception d'interventions appropriées. ii), la dimension organisationnelle qui fait dire que l'existence d'individus compétents au sein d'une organisation ne signifie pas que l'organisation est compétente. Les organisations se définissent comme étant des « groupes d'individus unis par un quelconque dessein commun pour atteindre des objectifs ». La capacité organisationnelle se réfère à la capacité collective des membres à atteindre leurs objectifs organisationnels.

Le renforcement des capacités organisationnelles renvoie à un ensemble de mesures prises pour améliorer le fonctionnement et la performance de l'organisation en général, et est souvent, caractérisé par les changements qui interviennent aux niveaux des mandats, des systèmes, des processus ou des priorités de l'organisation.

Cela peut s'appliquer à tous les types d'organisations d'orientation ou de développement : les agences et ministères publics et autorités décentralisés, les services de protection sociale, les bureaux d'inspection, les laboratoires, les systèmes nationaux de recherche, de et de vulgarisation agricoles, les commissions économiques internationales et régionales, les entreprises, les coopératives, les chambres d'agriculture, les groupes de consommateurs, les associations de producteurs, les organisations communautaires, les ONG, les instituts d'éducation et de formation de type formel et informel.

La dimension organisationnelle a certainement un impact formidable sur la façon dont les individus renforcent leurs compétences et utilisent leurs capacités au sein de l'organisation. Les questions liées à la motivation, les incitations, les perspectives de carrière, et la qualité des pratiques managériales sont des aspects tout aussi importants dans la rétention du personnel qualifié et enfin, iii), l'environnement favorable qui constitue un contexte dans lequel, les individus et les organisations transforment leur potentiel en action, et où s'effectuent les processus de renforcement des capacités. Il s'agit du montage institutionnel d'un pays, de ses règles implicites et explicites, de ses structures et de l'environnement politique et juridique au sein duquel, les individus et les organisations opèrent.

Des changements au niveau de l'environnement favorable sont susceptibles d'influencer la manière dont les organisations et les individus se comportent et évoluent. Ces mutations peuvent impliquer des réformes de politiques au niveau du secteur agricole ou d'autres domaines connexes, des changements de lois, des exercices stratégiques en matière de planification et d'établissement de priorités au niveau national, des modifications au niveau des systèmes d'incitation ou des changements culturels.

Economie de la connaissance : un élément de stratégie

Mais alors et cependant, quel que soit le domaine d'intervention, l'insertion dans l'économie mondiale dépend aujourd'hui, de la capacité des pays à devenir des économies de la connaissance, c'est-à-dire, des économies relevant le rythme de production des biens et des services nouveaux à forte valeur ajoutée. Pour cela, il convient de disposer de réseaux permettant d'accueillir, de traiter et de diffuser les informations pertinentes (et les formations correspondantes).

Ce mouvement est nécessaire pour définir aujourd'hui la qualité de l'insertion dans la sphère de production. Le retard pris par les pays qui se contentent d'exploiter des rentes liées à la détention de matières premières risque d'être un obstacle de plus en plus important pour leur propre développement. Ce qui suggère une diversification des créneaux de l'économie et la connaissance devient alors, un facteur crucial de diversification.

L'économie contemporaine est une économie de la connaissance. Cela signifie que l'information et les connaissances qui en résultent sont devenues des facteurs de production stratégiques. Ici, la connaissance est souvent associée à la bonne gouvernance, dit-on. Mieux encore, il ne semble pas que la mise en œuvre de ce facteur fasse l'objet de rendements décroissants, bien au contraire. Aujourd'hui les théories de la croissance sont dites endogènes parce qu'elles considèrent que la connaissance, comme bien collectif, permet d'élever non seulement la productivité de celui qui l'utilise directement mais aussi celles des autres entreprises ou institutions.

D'une certaine manière, le rôle des dotations initiales de facteurs de production (terre, capital, travail) comme facteurs de croissance est relativisé puisque de telles connaissances présentent les caractères de bien collectif. Mais encore faut-il alors organiser l'économie pour qu'elle puisse accueillir, sécréter, traiter et diffuser les informations recherchées.

Aujourd'hui encore, il est admis que toute politique est élastique. Elle suit exactement l'élasticité des mutations et des changements opérés, qui fait appel toutefois à la bonne gouvernance et ce, quelle que soit l'évolution des choses. Cette expression de bonne gouvernance a pris aujourd'hui, une place de premier plan dans les débats sur le développement durable, tant à l'échelle mondiale qu'a l'échelle nationale et on parle désormais de l'adoption de la VGGT (Vuluntary Guidelines Governance of Tenure), c'est-à-dire une manière de bien faire les choses.

Dans ce contexte, la bonne gouvernance doit veiller à ce que la réalisation de la croissance économique s'accompagne d'une insertion sociale et d'une amélioration de l'environnement. Elle doit veiller à ce que la réalisation de la croissance économique s'accompagne d'une homogénéisation par le haut des niveaux de vie moyen des différents territoires.

Pour cela, il convient que tous ceux qui concourent aux objectifs de croissance participent simultanément à transformer ce potentiel en amélioration des conditions de vie sur les différents territoires. Si la gouvernance part aujourd'hui, des critères constitutifs du développement durable, elle implique toutefois, des critères organisationnels qui doivent favoriser le rapprochement et l'agrégation des partenaires et mettre les acteurs locaux en situation de décider dans le cadre des options nationales, conjuguant ainsi incitation et cohérence.

Décentralisation et association systématique des acteurs économiques et sociaux apparaissent alors comme des éléments constitutifs de la gouvernance recherchée. Ceci dit, toute bonne gouvernance et liée au cumul des connaissances dont personne ne peut en disconvenir.

En Algérie, la branche agriculture et son soubassement, le développement rural, constituent la pièce angulaire de l'économie nationale dont les objectifs de développement sous tendent, rappelons-le, l'atteinte de la sécurité alimentaire : gage de souveraineté nationale- et la satisfaction des besoins alimentaires de la population. Ici, arrêtons-nous pour dire qu'il n'est pas nécessaire de démontrer le rôle de la formation, de l'information et de la communication, en bref, de la diffusion de la connaissance et du savoir, dans cette branche aussi vitale que prometteuse tant sur le plan économique que social de la nation.

La mise en œuvre des divers programmes de la politique agricole et rurale a fait appel à une approche d'accompagnement et d'assistance technique aux divers acteurs engagés dans le processus de développement. La trilogie, recherche, formation et vulgarisation en constituent des ingrédients et des instruments moteurs pour la promotion de la connaissance, instrument de bonne gouvernance.

C'est dans ce cadre de que le ministère de l'Agriculture, du Développement rural a mis en exécution, ces dernières années, le Programme de renforcement des capacités humaines et d'appui technique (PRCHAT) qui s'intéresse précisément à la résolution des problèmes d'ordre méthodologique d'application du savoir et du savoir faire, selon des approches pragmatiques et participatives auxquelles, participent les acteurs du monde agricole et rural.

Le programme fut perçu comme un processus de développement des connaissances, du savoir et du savoir-faire à tous les niveaux et ce pour promouvoir les capacités, les aptitudes et les pratiques tant de l'encadrement que des exploitants agricoles et des porteurs de projets et autres investisseurs concernés.

Il s'agit en fait, dans la démarche, de favoriser l'introduction des innovations, les appuyer et les promouvoir pour provoquer une transformation du milieu rural, ce qui amène à favoriser le phénomène de motivation (vouloir), partager les connaissances (savoir) et enfin, aider à développer les capacités (savoir faire).

Ceci dit, cette approche de renforcement des capacités et de formation-perfectionnement devra faire l'objet d'un programme continu et à tous les niveaux, dans la mesures où se sont les savoirs et les connaissances qui orientent la manière de gouverner tout processus de développement, étant donné que l'homme est au centre de ce développement. L'amélioration de ses connaissances est une mesure de progrès et d'évolution.

Enfin, arrêtons-nous un tant soit peu pour dire, sans ambiguïté aucune, que si les pouvoirs publics ont établi les fondements politiques et la dimension stratégique de la mise en œuvre des politiques agricoles, assorties de leurs outils et moyens juridique, technique, économique et financier, il n'en demeure pas moins que la profession agricole devra s'impliquer davantage en développant un trésor d'innovations et d'imagination pour donner à cette tendance, une dynamique réelle et de pleine mesure dans le sens de la promotion et de l'organisation des agriculteurs. Cette implication devra constituer le soubassement des stratégies agricoles de demain, pour lesquelles y penser c'est déjà agir.

Aujourd'hui, dans la cadence de l'accélération de la mutation vers en une agriculture moderne, de pleine performante et de progrès, où les dispositifs d'encadrement des programmes permettent une mise en œuvre cohérente intégrant et valorisant toutes les ressources mobilisées et mobilisables, que la promotion de l'agriculture apparaît, à l'heure actuelle, comme une nécessité pressante dans laquelle, l'ensemble des acteurs y sont concernés.

Ces idées font penser à ce que les défis auxquels est confronté notre pays en matière d'agriculture sont multiples et souvent complexes : Le premier est d'assurer la sécurité alimentaire qui constitue un gage de souveraineté nationale. Cela suppose l'utilisation rationnelle de toutes les potentialités existantes matérielles et immatérielles (intendance et connaissance). Le second est d'ordre économique compte tenu de la baisse des recettes budgétaires et des ressources financières du pays et qui exige la rationalité dans la mise en œuvre des programmes et projets avec cette idée « de produire plus avec moins » ;

Alors que le troisième défi est à caractère démographique et social qui réside dans l'emploi offert à des actifs nombreux entrant dans le marché du travail, de mieux en mieux formés, et exigeants en matière de conditions de travail et de rémunérations. Le quatrième est lié à l'état des ressources naturelles et environnementales marquées souvent par la rareté des sols et de l'eau et le risque lié au changement climatique. Tandis que le cinquième réside dans le renforcement des capacités des acteurs, à travers la trilogie : formation, recherche et vulgarisation, pour l'accroissement de leurs savoirs et connaissance pour une gouvernance de l'acte agricole, dans sa globalité.

Enfin, les challenges de l'agriculture algérienne de demain résident dans sa réponse aux enjeux intérieurs mesurés par la satisfaction des besoins alimentaires et à ceux de l'extérieur en s'adaptant aux normes internationales et s'intégrer aux marchés mondiaux.

En définitive, disons que la sécurité alimentaire fait partie intégrante de la sécurité et de la souveraineté nationale. Elle a besoin tant aujourd'hui que demain de l'implication accrue de la science et de la technique : élément principaux de progrès et de modernisation mais néanmoins basés sur les acquis et les expériences des agriculteurs. L'agriculture intelligente prend ici, toute sa signification. La connaissance, le renforcement des capacités et la gouvernance demeurent, dans une approche rationnelle de développement, de tout développement, les éléments clés.

(*) Agronome post-universitaire

(1).-SCHUH.G.E- l'information : un bien de consommation (in dialogue n°60-1983. L'auteur est ancien ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'OTAN.