Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

48ème anniversaire de la disparition de Ahmed Messali Hadj (1898-1974): Figure illustre du maghrébinisme indépendantiste (suite et fin)

par El Hassar Bénali

L'effervescence politique, culturelle et religieuse

Dès la fin du XIXe siècle, l'effervescence politique, culturelle et religieuse est à son paroxysme. Elle est au rendez-vous prôné par l'élite du mouvement des Jeunes Algériens, dûment surveillé, représentatif d'une certaine pensée politique y apportant le langage des droits universels des droits de l'Homme et envers lesquels la population va placer quelques espoirs. Créé dans le sillage connecté des «Jeunes-Egyptiens » et des «Jeunes- Tunisiens », avec ses icônes de la première génération du combat politique, ce mouvement était influencé par la Jeune Turquie qui signait le début de l'ère des réformes.

C'est le début de l'engagement de la société civile plaidant pour la mesure, le dialogue, les principes du droit. Dans l'histoire continue de notre pays beaucoup craignent de voir tomber dans l'oubli l'héritage des «Jeunes-Algériens» dans leur rôle politique, au début du XXe siècle et qui apparaissaient encore comme modérés dans leurs exigences. Ce mouvement fut dynamisé avec le retour des nombreux exilés de la «Hidjra» et qui ont partagé, ensuite avec lui, la même fibre patriotique. Leur discours favorable au progrès et à l'évolution dans tous les domaines, y compris celui de la femme, avait certes, un impact très fort sur la population.

En ce début du XXe siècle, à côté des conservateurs et leur retranchement enfin, les modernistes tentant d'adapter le libéralisme politique aux sociétés islamiques en montrant que modernité et Islam ne sont pas incompatibles parlant d'un Islam contemporain, le courant réformiste inaugurait un mouvement identitaire défendant l'orthodoxie sunnite imprégnée par l'enseignement dispensé par Cheikh Bachir al Ibrahimi (1889-1965) de l'association des Oulémas promoteur du projet de «Dar al-hadith», en 1937.         

C'est une page nouvelle qui s'écrit dès le début du nouveau siècle avec des personnalités très en vue, principaux acteurs de ce renouveau, prioritairement des gens du devoir mais si recueillis, telles Cadi Choaib Aboubekr ibn Abdeldjalil, Cheikh Abdelkrim Médjaoui, Mohamed Bouaroug al-Azhari,Cheikh Mohamed Yellès Chaouche parmi d'autres personnalités du réveil arabe; les intellectuels Ghaouti Bouali, Mohamed Bouayad, Larbi et son frère Bénali Fekar, Cheikh, Abdelaziz Zenagui qui refusa son incorporation lors de la première guerre traduit de ce fait devant un tribunal militiaire et condamné... parmi les membres fondateurs de l'élan politique des Jeunes musulmans ébranlés, à l'époque, par les nouveaux courants de pensée cristallisant les Lumières soufflant l'éveil, l'émancipation de l'homme, débouchant sur le sentiment national . L'instant qui a ouvert l'ère nouvelle des Jeunes -Algériens s'est épanoui comme une rose, au tournant du XXe siècle, avec son âge d'or des cercles ou Nadis et qui a malheureusement connu un brutal coup d'arrêt à l'indépendance, en 1962.

Ce mouvement des gens instruits inspiré des Jeunes-Turcs, du comité Union et progrès, apparaissait aux yeux de Messali Hadj, modérés dans leurs exigences à un moment aussi les Oulémas accroissaient leurs obligations quant aux observances religieuses.

Leur pensée religieuse réformatrice contestant l'image d'un Islam rétrograde en faveur d'un Islam de civilisation dégagé de toutes les scories, eut audience non seulement en Algérie, mais aussi dans le Maghreb, au Maroc et en Tunisie, notamment. Cheikh Abdelkrim Médjaoui s'affirma par ses idées réformatrices dont l'impact dans le milieu de la jeune élite marocaine de Fès, en tant que professeur à la médersa d'al-Qaraouyine, fut très important. De Tlemcen où il occupa pendant près de vingt années le poste de «Cadi djamaa» (cadi de la communauté), à Tanger puis enfin, à Fès au temps où il fut nommé cadi, puis professeur dans sa prestigieuse médersa Quarouiyine, son combat religieux réformiste d'avant-garde inspira une pléiade de savants dont : Mohamed Bensouda, Mohamed Guenoun, Ahmed Alaoui, Djaafar Doukkali... Il eut également pour disciple son fils Abdelkader Medjaoui (1848-1914) dont l'enseignement à Constantine profita aux membres de la première élite réformiste dont Hamdane Ounissi, Mohamed Bachtarzi, Mohamed Mouhoub, Cheikh Zekri, Abdelhamid Ben Badis... Fondateur du journal «Al Maghrib», il est également l'auteur d'un idéal-guide «Irchad âliba», publié au Caire et destiné à l'élite dans lequel il met en valeur ses orientations en faveur d'un enseignement moderne orienté vers un humanisme musulman purifié et pacifié.

L'énergie combattive de l'élite

A Tlemcen, la jeunesse de Messali Hadj s'est mêlée à d'autres icônes de la pensée réformiste, voir l'azharien Cheikh Mohamed Bouaroug et Cadi Choaïb Aboubekr, morts tous les deux en 1828, fondateurs d'écoles libres, la première installée à la vieille mosquée de Sidi al-Djabbar et l'autre, à la mosquée léguée habous par ce dernier à destination de l'enseignement du Coran et à la prière. Cadi Choaïb, un maître d'école, président du Madjlis al-Ilmi de Tlemcen accueillit en 1919, Cheikh Abdelhamid Ben Badis, futur président de l'Association des Oulémas algériens, à qui il décerna la licence (Taqrîd ou Idjaza) reconnaissant dans un texte en prose rimée, selon la tradition, son autorité religieuse en matière de l'enseignement du «Fiqh».

Le jeune «Hadji» avec une foi nationaliste inébranlable,affronta les moments difficiles. Sa culture politique émanait du milieu réel dans lequel il a vécu et dont il ne s'est jamais détaché ce qui explique ses attaches profondes avec le terroir algérien façonné par l'histoire, la culture et les résistances. Messali Hadj est aussi l'homme qui a enflammé l'imaginaire du Maghreb et de son unité. C'est au cours de son exil à Genève qu'il rencontra Chakib Arslan (1869-1946). Sa cure d'engagement en faveur du nationalisme arabe le rapprocha également, lors de sa tournée en Orient (Egypte et Arabie Saoudite), de Abderrahamane Hassan Azzam, premier secrétaire général de la Ligue arabe de 1942 à 1952. La zaouia, les cerles (Nadis) de la littérature, de l'art et des amis éclectiques et qui ont tenu une large part dans sa vie, la «Hidjra», la guerre du Rif sont parmi les repères politiques de Messali Hadj devenu avec la création de l'Etoile nord-africaine, en 1926, créée grâce à l'appui de travailleurs engagés, militants de terrain au sein du parti communiste où il fit ses classes, une grande figure politique.

Sa pensée rayonna ensuite comme porteuse du flambeau de la conscience maghrébine, en faveur des indépendances. La politique va dès lors demeurer dans l'engagement de toute sa vie.L'E.N.A allait, certes, affirmer sa volonté d'obtenir l'indépendance des trois pays du Maghreb avec un grand geste de confiance en l'avenir de cette construction chère aussi à Abdelkrim al-Khattabi (1882-1963). Le défi qui allait être engagé paraissait insurmontable, pour plus d'un. Ce que veut Messali Hadj porté dans son rôle de leader c'est l'indépendance l'alpha oméga de sa pensée politique rendue illusoire par une bonne partie de ses compatriotes dont les Oulémas .Très imprégné par sa culture de base et évoluant dans le milieu des émigrés en Frane où il rencontre sa compagne Emilie Busquant (1901-1953), Messali Hadj n'est pas resté dans le conformisme idéologique «Jeune-Algérien'' avec son parti de «la civilisation et du progrès « créé à l'orée du XXe siècle se comportant de façon patriotique en continuant à réclamer les droits et les libertés. Influencé par le parti communiste en France dont il était membre adhérent il s'instruira, outre aussi de ses lectures infinies, beaucoup en politique mesurant le caractère décisif d'une lutte armée qui lui paraissait, de plus en plus, inéluctable, surtout après les évènements du 8 mai 1945. Soufflant l'esprit révolutionnaire son carnet de bord étant, l'indépendance de l'Algérie.

Sa ferme position accrut d'autant sa popularité et son autorité. Trop confiant il n'hésite pas sur la voie à suivre. Il sera fondateur du parti du peuple algérien (P.P.A) matrice de la révolution , en 1937; du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (M.T.L.D), et de son bras armé l'organisation secrète (O.S), en 1947, dans son rôle dans la préparation de la révolution restera fidèle à sa vision politique de reconquête du pays, visant à terme l'unité du Maghreb. En 1954, il crée son nouveau parti le mouvement national algérien (M.N.A), en 1954 et dont la crise avec le Front de libération nationale (F.L.N) se dénoua dans la révolution.

Le fondateur de l'Etoile Nord Africaine revendiqua publiquement, le 2 août 1836, l'indépendance sur le sol algérien et cela, lors d'une réunion du Congrès musulman de doctrine assimilationniste qui s'est déroulée au stade municipal d'Alger.

Le leader de l'Etoile Nord Africaine proclamera son refus de renoncer au droit du peuple algérien à disposer de lui-même. Il est alors porté en triomphe par la foule. Le 7 janvier 1937 l'E.N.A est interdite. Elle fut remplacée en mars de la même année par le parti du peuple algérien (P.P.A) parti où ont éclot les jeunes, futurs grands noms de la révolution : Lamine Debbaghine, Larbi Ben Mhidi, Mohamed Boudiaf, Mohamed Belouezdad, Ahmed Benbella, Ait Ahmed... Un Comité clandestin d'action révolutionnaire nord-africain est constitué. En septembre 1946, Messali Hadj fonde le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (M.T.L.D), un parti qui se veut national, populaire et révolutionnaire, réclamant une assemblée algérienne souveraine et le départ des troupes françaises. Ce mouvement se dotera, les 15 et 16 février 1947, d'une organisation spéciale (O.S), organisation militaire clandestine destinée à préparer méthodiquement l'insurrection. Découverte par la police, elle sera dissoute en 1950. Messali Hadj qui effectue une tournée à travers l'Algérie inquiète les pouvoirs publics du fait de l'accueil fervent qui lui était réservé.

Les difficultés françaises en Indochine incitent les nationalistes algériens à agir. Le 23 mars, le Comité central du M.T.L.D et les cadres de l'O.S fondent le Comité révolutionnaire d'unité et d'action (C.R.U.A) symbolisant l'acte irréversible allant vers la Révolution.

En raison du conflit entre Messali Hadj et la direction du parti le M.T.L.D éclate entre messalistes et centralistes. Trente-trois activistes nationalistes du M.T.L.D alors décident à l'unanimité d'engager la lutte armée le 1er Novembre 1954. Ils désignent une direction collégiale de neuf membres qui proclament la naissance du Front de Libération Nationale (F.L.N) et appellent les Algériens à se mobiliser pour rejoindre l'Armée de Libération nationale (A.L.N). Messali Hadj déclarait, en ce moment, que la lutte armée, longtemps indécise encore, était devenue inéluctable. Ses positions éloignées sur la question de la direction de la révolution il crée, en 1954, le Mouvement national algérien (M.N.A). Le 5 juillet 1962 le père de l'indépendance est mis à l'écart, en France. Grand acteur du récit national, le héros patriotique légitimé par sa fière allure et la ferveur populaire qui l'a accompagné, tout au long de son combat, mourra en 1974 sans avoir revu son pays et assister à la levée de ses couleurs, à l'indépendance. En refusant d'intégrer l'autre dans la culture politique commune, le régime du politiquement correct va échouer sur ce point, manifestant ainsi ses vraies pulsions uniformistes, dont les conséquences se prolongent encore aujourd'hui.

Le père de notre drapeau dérangeant encore, jusqu'à aujourd'hui, qui a fait de sa vie un symbole insufflant l'idée de nation résistante avec d'autres hommes d'action incarnant cette volonté avec en extrémité politique l'indépendance du pays qui a épuré tous ses rêves. Il a ainsi payé cher sa résistance omniprésente, son entêtement nationaliste, sa détermination inflexible durant plus de cinquante années de lutte et cela, au prix fort de comparutions devant les tribunaux, de résidences surveillées, d'incarcérations à la Santé de Paris, Serkadji, El-Harrach, Lambèze, prison militaire d'Alger, de condamnation à seize ans de travaux forcés avec confiscation des ses biens, de déportation au bagne de Bakouma au Congo Brazaville, Ain Salah, d'internements à Belle-île sur mer... En résidence surveillée de 1954 à 1959, il le restera jusqu'à sa mort. On ne lui connaîtra pas une seule lâcheté. Au-delà de ses sacrifices et de son rôle en faveur de l'indépendance, le chef historique avait déjà à son avantage, la conception du drapeau avec, au centre, ses insignes symboliques à la gloire de l'union nationale, la résistance enfin, la liberté de la patrie, le croissant et l'étoile dont il emprunte la symbolique au Maghreb, sur fond vert de l'identité et blanc de l'unité. L'emblème étoilé symbole de l'unité maghrébine retrouvée faisait son entrée, dès 1935, dans les réunions de l'E.N.A avec ses militants qui ont vécu à côté de Mohamed Mamchaoui, Mustapha Berrezoug, Boumédiène, Maarouf, Mohamed Guenanèche... et dans toutes les manifestations de rue organisées, dès 1937, sous la bannière du P.P.A et plus tard, du F.L.N.

Un monument de l'histoire nationale et maghrébine

Messali ou Hadji, diminutif de Hadj (1898-1974), issue d'une famille kouloughlie, sera la figure la plus marquante de l'histoire de l'indépendance de l'Algérie. En raison de son engagement et sa foi patriotique, il fut hissé par le peuple au rang de chef national. La liberté d'écrire l'histoire n'a appartenu malheureusement qu'à un camp ce qui fait qu'aujourd'hui encore le jeu de la vérité et son âpreté restent encore très partagés.

Placé pendant presque toute sa vie en étroite surveillance, exilé jusqu'à la mort, il ne fêtera pas avec tous les Algériens l'indépendance de son pays qu'il a tant rêvée et pour laquelle il a sacrifié les meilleurs moments de sa vie. Pour ses obsèques, son corps sera rapatrié trois jours après sa mort, le 3 juin 1974, à Gouvieux dans l'Oise, près de Paris, accompagné d'un passeport réservé aux apatrides. Cette injustice a ajouté un supplément d'attachement à l'homme interdit de retourner dans sa patrie, à l'indépendance. C'était là une manière de se débarrasser définitivement de son image historique, de son parcours politique.

Certes, idéologiquement, le sage et visionnaire leader avait une autre idée de l'indépendance et de la construction démocratique de son pays. Toujours est-il que le message de Messali Hadj est encore d'actualité avec à quand à l'élection d'une constituante et l'instauration d'une vraie démocratie.

Revendications qui étaient siennes en même temps que l'indépendance de l'Algérie formulée pour la première fois lors du Congrès anti impérialiste de Bruxelles, en 1927.

En tant que patriote chevillé au corps, il paiera cher son différend avec le F.L.N pour la direction de la lutte armée. Il échappera alors à plusieurs scénarios de meurtre. L'histoire traumatique entre les deux camps est restée toujours présente. Abandonnant l'histoire de tout le mouvement national le pouvoir en place depuis l'indépendance a institué un système basé sur l'oubli tournant le dos à ses élites nationalistes laissant place à une mémoire exclusiviste où même le passé ancien est à peine survolé, jusqu'à aujourd'hui. Les résistants de toute dernière minute ont ainsi institué une vision infuse, étrange et contradictoire, pour ternir l'image de cette grande figure et de prendre par là, en otage, toute l'histoire du pays débarrassée de ses grands hommes. Au pied de la tombe de Messali Hadj Ahmed Benbella viendra s'y absoudre déclarant «Nous nous sommes trompés, tu avais raison Sid el Hadj», en présence de vieux militants. Mohamed Boudiaf reconnaîtra plus tard ses errements et celui d'autres leaders à l'égard de Messali Hadj. Modestement, Messali Hadj fait partie de ces héros au parangon de l'histoire du combat du peuple algérien.

Messali Hadj totalement dévoué, durant sa vie, à la cause de son peuple pour l'indépendance continue inflexiblement, en homme libre, son sacerdoce et sa pensée droite, fidèle toujours à son combat de toujours prenant fait et cause pour les peuples opprimés.

En cela, il était en rupture avec la doxa idéologique des tenants du pouvoir post indépendance. L'histoire ne peut liquider de cette manière le mouvement national en tant que moment générationnel important de l'histoire contemporaine du pays. Certes, aujourd'hui le pays ressent fortement ce besoin d'en finir avec l'hégémonie du politiquement correct, confisquant le système politique, tendant à éradiquer son nom du mieux que pouvait le faire déconstruisant l'histoire du pays s'assurant aussi, qu'aucune information ne soit donnée rappelant son passé de lutte.

La méfiance des messalistes rescapés, longtemps surveillés, a perduré longtemps payant le prix fort d'emprisonnements et d'exils. La mémoire gardera pour toujours le souvenir de ce moment poignant lorsque Messali Hadj en visite au Maroc chez sa fille Djenina qui à Rabat, après l'indépendance, passa à côté de l'ambassade d'Algérie voyant flotter à l'entrée le drapeau dont il a dessiné lui-même les formes et choisi les couleurs s'est fondu en larmes envahi à la fois par un sentiment de fierté et de douleur profonde d'un pays qu'il n'allait plus revoir goûtant à sa liberté et enfin, d'y mourir après tant d'années de lutte et tant de sacrifices durant toute sa vie de lutte par un pouvoir déterminé à se débarrasser de son nom.

Son cercueil couvert de l'emblème national fut, au-delà de l'ingratitude officielle, porté en reconnaissance à son œuvre de sacrifice par de milliers de personnes venues de tout le pays dont ses anciens avocats, des vieux militants nationalistes, pour un dernier hommage. Par ces funérailles grandioses, le peuple voulait ainsi honorer une mémoire que le peuple tient inlassablement à sa réécriture.

Ce fut un grand jour parmi les grands que personne n'espérer voir réuni pour un dernier hommage. La crise que traverse aujourd'hui le pays est aussi celle de son histoire.

L'admiration pour ce grand personnage de l'histoire de l'Algérie est restée entière. Les prières, les chants patriotiques et religieux firent de son enterrement, placé sous haute surveillance, cercueil couvert du drapeau national et hissé sur les épaules sur un parcours de près d'un demi-kilomètre, un moment mémorable vécu.

D'un autre côté les troupes de sécurité étaient là partout massées sur son passage laissant croire que le régime en place continuait à craindre le leader même mort. Lui ont rendu un dernier hommage, les vieux militants et hommes historiques du P.P.A - M.T.L.D, du F.L.N, du M.N.A s'y recueilleront pour un hommage. Les chefs historiques de l'Organisation secrète (O.S) et du mouvement national : Houcine Aït Ahmed, Ahmed Benbella...

Les éloges funèbres prononcées à l'occasion de ses funérailles évoqueront son patriotisme sans failles au prix de sacrifices pour le pays au-delà du soutien, jusqu'à la fin de sa vie, qu'il apporta à la cause des peuples opprimés, dont la Palestine. Les hommes du coup d'Etat de 1965 avaient commencé tout d'abord par refuser une sépulture au leader nationaliste sous le prétexte effarant qu'il était un opposant de l'indépendance de l'Algérie. Son enterrement qui a eu lieu au frais des Citoyens, sans révérence officielle par les médias officiels, pratiquant la chasse aux sorcières, a mérité les honneurs du peuple lui réservant des funérailles grandioses.

Le pouvoir qui avait très peur de l'émotion populaire avait soumis l'évènement à une grande surveillance en l'absence bien sûr des grands corps d'Etat. La foule était telle que lorsque la tête du cortège arrivait au cimetière e'Cheikh Sanoussi' la moitié du chemin qui était encore à faire pour le reste des citoyens venus en masse lui rendre un dernier hommage.