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Le nouveau baccalauréat et l'immense champ des arts

par Abdou BENABBOU

Finalement, l'Education nationale a été bien avisée d'instituer un baccalauréat des arts. D'aucuns, septiques, se demanderont à quoi pourrait bien servir un tel diplôme, car selon eux les arts et la culture en état d'évanescence actuellement sont à mille lieues des besoins d'une population préoccupée d'abord par la recherche de moyens de subsistance. Une telle boutade, un tantinet mal à propos, est justifiée par la poignante crise économique et sociale actuelle car on ne maquille pas les yeux d'une femme aveugle avec du mascara.

Mais rester accroché et rendre sienne cette médisance, c'est faire fi des énormes besoins de l'Algérie en matière de savoir-faire et du travail bien fait. Loin de se caractériser par de l'abstrait, l'art est si vaste qu'il devient la significative carte de visite d'un pays. A bien des égards, elle témoigne du degré de son développement, de son recul ou de son avancée. De visu, de nombreux indices environnementaux prouvent l'indigence des élus locaux en matière d'initiatives pour l'embellissement de sites et il est à reconnaître qu'elles ne procurent souvent que les désappointements et la désolation de la population.

Les sciences urbanistiques, le bel aménagement des villes et tout ce qui concourt à offrir du beau à la vue sont si vastes qu'ils offrent une immense opportunité d'investissement pour les futurs diplômés en arts.

L'action ou l'entreprise artistique sont beaucoup plus proches de tous que l'œuvre picturale ou la création d'une partition musicale. L'art est un tout. Il est un curseur indicateur du niveau civilisationnel de la société.

L'enseignement des arts doit tendre vers l'accomplissement du beau. Il ne s'identifie pas seulement à apprivoiser une harpe ou un violon ou à tenter d'atteindre les cimes de Léonard de Vinci. Il n'est surtout pas le tribut des embourgeoisements individuels isolés. Au demeurant, il n'a rien à voir avec ces statues et stèles infantiles affreuses que l'on a érigées sur les places publiques et qui plutôt que d'honorer les martyrs ne font qu'agresser la vue.

Le champ des arts est si vaste que nos jeunes étudiants qui s'y engagent auront fort à faire dans des domaines innombrables allant de l'aménagement heureux des cités à l'accomplissement intelligent des modes séantes vestimentaires pour que les environnements aient un juste sens.