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Tlemcen: Plaidoyer pour l'agriculture urbaine et périurbaine

par Khaled Boumediene

Depuis le 21 mars dernier, la wilaya de Tlemcen connaît une saison printanière pluvieuse.

Après un hiver marqué essentiellement par un déficit de précipitations, les herbes ont poussé et le remplissage des barrages a été accueilli avec un grand soulagement par les agriculteurs de Maghnia, Sebdou, Hennaya, Sabra, Fehoul, El-Aricha, Ain Youcef, Ghazaouet, Nedroma, Ouled Mimoun, Bensekrane, Ain Nehala, Aïn Tallout, Béni-Boussaid, Bouhlou, Tounane et de bien d'autres localités de la wilaya, qui disposent d'importantes superficies agricoles urbaines et périurbaines. Particulièrement vulnérables aux conséquences des variations climatiques, puisque la base de leur économie dépend directement de l'exploitation des ressources naturelles, les agriculteurs et fellahs ont souffert, ces dernières années, de la sécheresse des sols superficiels et de la dégradation rapide des nappes d'eau. À la raréfaction des ressources hydriques, qui impose une diminution de la part consommée par l'agriculture, s'ajoute le problème de la dégradation de la qualité des eaux disponibles. L'agriculture est à l'interface de plusieurs éléments du milieu naturel, tels que l'eau, le sol et le climat, mais aussi de la société sur le plan économique, politique et démographique.

En outre, les bienfaits de ces apports pluviométriques ont également des retombées favorables sur l'agriculture urbaine et périurbaine de nombreuses agglomérations du territoire de la wilaya. « Dans un contexte de crainte d'un avenir où les périodes de sécheresses seraient plus fréquentes et plus longues, s'intéresser au développement de l'agriculture urbaine et périurbaine, qui peut apporter de nombreux avantages, à savoir, la production d'une alimentation locale et bio en ville, mais aussi la réintroduction de la biodiversité dans les espaces urbains. Elle peut réduire la pollution atmosphérique ainsi que les émissions en CO2 et en carbone et peut être une alternative face à la raréfaction des terres cultivables et l'artificialisation des sols.

Il faut donc s'engager en faveur de l'agriculture urbaine et péri-urbaine. L'accélération du changement climatique ajoutée aux modifications des pratiques alimentaires et des attentes citoyennes doivent inciter les services de l'agriculture à agir sur la place à accorder à l'agriculture dans son développement urbain et périurbain.

D'autant que le territoire agricole de la wilaya de Tlemcen a des atouts, une histoire et un savoir-faire. Il s'agit de multiplier des jardins partagés et les initiatives d'agriculture urbaine très diverses, allant des exploitations agricoles sur les franges de la ville aux productions spécialisées sur les toits et terrasses intra-muros, pour donner une nouvelle dimension aux territoires de ces villes, celle d'une agglomération plus verte, plus naturelle et plus attractive », explique Azzedine Lablack, ingénieur agronome. Et d'ajouter : « il est temps d'accorder une importance accrue à cette forme d'agriculture, pour aboutir à une alimentation plus durable.

La nature en ville est un outil en faveur de l'environnement, de l'emploi, un facteur de renforcement de l'attractivité des centres villes et un vecteur pour créer du lien dans les zones urbaines.

Il faut donc sensibiliser le public à une alimentation locale et mener des actions en faveur de l'agriculture urbaine et périurbaine ». Selon un professeur de l'université de Tlemcen, « il faut penser à mettre en place une stratégie efficace et impliquer tous les acteurs institutionnels et autres pertinents.

Pour sa part, l'université pourra développer la conception des projets de recherche et d'actions pouvant promouvoir l'agriculture urbaine et périurbaine ».