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Guerre en Ukraine: Une guerre nucléaire se profile en Europe (2/2)

par Medjdoub Hamed*

Même si M. Biden affirme que les Etats-Unis «n'attaquent pas la Russie», Washington vient de donner un coup d'accélérateur aux livraisons d'équipements militaires à l'Ukraine, et forme désormais ouvertement des militaires ukrainiens aux armements lourds américains, après l'avoir fait discrètement.

Le conflit prend donc toutes les apparences d'une «guerre par procuration» contre Moscou, par l'intermédiaire des Ukrainiens, note Sam Winter-Levy, de l'université de Princeton, sur le blog spécialisé War on the Rocks.

Ce genre de guerre par pays interposés, comme celle qui oppose l'Arabie saoudite à l'Iran par l'intermédiaire des rebelles houthis au Yémen, «est la pire issue possible» car elle présente un risque d'escalade et que ce genre de guerre dure généralement longtemps, estime cet expert qui collabore également avec l'académie militaire américaine de West Point.

Mais «c'est peut-être la meilleure option possible», car les Occidentaux «n'ont pas le choix», ajoute-t-il. «En fin de compte, les seules options pires que la guerre par procuration sont une victoire à bon compte de la Russie en Ukraine, ou une confrontation directe entre les Etats-Unis et la Russie». » (6)

Que peut-on dire de cette position prise par les États-Unis de livrer des moyens militaires lourds pour contrer la Russie et la voir même reculer des territoires occupés ? Et comme le déclare le ministre de la Défense Lloyd Austin, au retour d'une visite à Kiev, de «voir la Russie affaiblie à un degré tel qu'elle ne puisse pas faire le même genre de choses que l'invasion de l'Ukraine».

Il est clair que les États-Unis n'ont pas d'autres options, donc pas de choix que d'aider par tous les moyens possibles l'Ukraine. Une victoire pour la Russie serait une déflagration pour l'Occident, remettant en cause l'OTAN et suscitant même le doute sur la cohésion des pays membres de la défense collective. Avec toutes ces aides massives en matériel de guerre et des milliards de dollars déversés sur l'Ukraine pour qu'au final c'est la Russie qui obtient la victoire et dictera ses conditions de paix, c'est impossible pour l'Occident, en particulier les États-Unis, d'accepter cette issue. Donc la guerre se poursuivra coûte que coûte jusqu'à épuisement des ressources de la Russie sur les fronts ukrainiens et le retrait de ses forces de l'Ukraine.

Comme pour les États-Unis, une défaite en Ukraine serait aussi une déflagration pour la Russie, remettant en cause jusqu'à son rang de deuxième voire première puissance nucléaire du monde en nombre d'ogives nucléaires et de lanceurs. Avec une défaite en Ukraine qui serait historique, la Russie perdrait toute crédibilité vis-à-vis des autres puissances, tant en Occident, avec la Chine et tous les pays du reste du monde.

Donc nous avons les deux plus grandes puissances du monde, les États-Unis et la Russie, qui jouent leurs destins dans la guerre en Ukraine. Ce qui signifie que ni les États-Unis ni la Russie ne vont reculer quelles que soient les conséquences qui surviendraient du moins jusqu'à une certaine limite qui est propres qu'à eux seuls, et non à leurs alliés. Nous y reviendrons sur cette limite qui est en fait d'ordre existentielle dans le sens vrai du terme.

Dire que les États-Unis vont enliser la Russie dans la guerre en Ukraine et la voir affaiblie et donc sortir perdante de ce conflit n'est en fait que des annonces d'ordre médiatique, relevant plus de la guerre dans l'information pour ne pas créer la peur et les risques de dislocation de l'unité occidentale face à la Russie. Les États-Unis savent très bien, en particulier le Pentagone et les états-majors de l'armée américaine, que la Russie ne reculerait pas, que les menaces d'utiliser les armes nucléaires tactiques ne sont pas des avertissements en l'air, que ces armes nucléaires seront utilisées lorsque viendra leur nécessité dans le combat en Ukraine.

Précisément, la Russie patiente encore, ne cesse de répéter, avertissement sur avertissement, que les plans d'escalade-désescalade existent bien tant en Russie qu'aux États-Unis ; le recul du seuil nucléaire a été abaissé depuis longtemps ; en 2005, les États-Unis étaient presque sur le point d'utiliser des armes tactiques nucléaires sur les sites d'enrichissement nucléaire enfouis profondément dans les montagnes, en Iran. Ces armes tactiques nucléaires de l'ordre de 0,3 tonnes de TNT à quelques kilotonnes de TNT étaient censés mettre fin à l'enrichissement nucléaire. La bombe sur Hiroshima, il faut le rappeler, avait une puissance équivalente à 15 kilotonnes.

Pour des raisons de fiabilité de l'attaque par ces bombes atomiques appelées «Mini-nuke» si elles viendraient effectivement à mettre fin aux programmes nucléaires iraniens, et du doute qui l'entourait, conjugué à l'ouragan Katrina qui a ravagé le Sud des États-Unis ? plusieurs États américains furent touchés, dont la Louisiane qui a été sous les eaux au point que des Américains appelaient l'Amérique à faire pénitence ? ont amené les États-Unis, à la fin, à abandonner l'option d'utiliser des armes tactiques nucléaires contre l'Iran. Puis sont survenus deux désastres, la crise immobilière qui a commencé à en 2006 et a éclaté en 2007, suivie de la crise financière en 2008, qui ont mis fin pour ainsi dire définitivement aux menaces américaines de s'en prendre militairement à l'Iran.

On comprend dès lors que l'emploi stratégique d'armes nucléaires tactiques de faible puissance est permis, et accepté par les grandes puissances dans les théâtres de guerre. Qu'en est-il dans son emploi stratégique dans la guerre en Ukraine ?

La théorisation de cette doctrine qui préconise l'emploi des armes nucléaires tactiques dite aussi «escalade-désescalade» consiste lorsque une puissance a perdu l'avantage de la guerre ou n'arrive plus à inverser à son bénéfice les combats, en clair s'enlise ou se trouve bloquée par des ressources toujours plus fortes de l'adversaire bien plus faible mais résistant fait alors le choix de recourir aux armes nucléaires tactiques. C'est ainsi qu'elle fait usage en premier d'une arme nucléaire tactique. L'adversaire qui était sûr de l'issue des combats, les armes conventionnelles suffisantes pour arracher à terme la victoire, se trouve, par cette frappe nucléaire, déstabilisé.

Dès lors, avec l'emploi d'armes nucléaires, les armes conventionnelles ne seront plus opérantes ; la guerre change de nature ; l'avantage est inversé et le recours à d'autres armes nucléaires tactiques dans les théâtres de guerre ne fera que reculer l'adversaire et amener à la désescalade de la guerre. Il faut dire que l'emploi d'armes tactiques instaure une dissuasion par le fait que l'arme nucléaire n'est plus défensive mais offensive avec des dimensions de destruction de milliers de fois que les armes conventionnelles. Les conséquences seraient telles qu'elles remettraient en cause le motif de la guerre lui-même. Non seulement l'escalade nucléaire empêche l'adversaire de résister et ses alliés de lui venir en aide, mais les buts de guerre poursuivis perdraient leur sens du fait que si une guerre nucléaire s'étendrait, tout risquerait d'être anéanti.

Pour que le processus d'escalade-désescalade soit enclenché, Il faut nécessairement une étape d'avertissements suffisamment prolongée et les moyens nucléaires de plus en plus mis en avant jusqu'aux ultimes avertissements qui annoncent l'usage de l'arme nucléaire. Si l'adversaire n'est pas doté d'armes nucléaires, après une (ou des) frappe (s) ou nucléaire (s), la désescalade de la guerre va s'ensuivre. Si l'adversaire n'est pas doté mais ses alliés sont dotés de l'arme nucléaire, une riposte peut s'ensuivre enclenchant une spirale de frappe nucléaire de part et d'autre.

Et c'est le cas de l'Ukraine qui est aidée par tous les pays occidentaux et l'OTAN. Aussi allons-nous nous représenter le plus objectivement possible comment la guerre en Ukraine va se terminer.

Le premier élément qui est avancé par les pays occidentaux, et celui-ci n'est laissé qu'aux médias pour ne pas provoquer une peur du nucléaire et donc la panique, est que la Russie n'osera pas utiliser l'arme nucléaire tactique dans les théâtres de combat en Ukraine. C'est un raisonnement juste et logique puisque la guerre est déjà plus que destructrice en édifices, immeubles, matériels de guerre et en vies humaines sans distinction civiles et militaires.

Cependant, ce que ne dit pas le commandement américain et donc le Pentagone et l'état-major de l'armée américaine aux médias est que le recours aux armes nucléaires tactiques par la Russie non seulement est pris très au sérieux mais son usage est potentiel dans le sens que la Russie sera amenée à procéder à des frappes nucléaires de faibles puissances, dans le contexte de la guerre en Ukraine. Et ce dans l'espoir que la Russie vienne à négocier la fin de la guerre sans mettre à exécution ses menaces de recourir à ces «armes» qu'elle répète sans cesse.

La question qui va se poser porte essentiellement sur quelles cibles, et toute la guerre en Ukraine dépendra de ces cibles. Comme on l'a énoncé, la Russie n'a pas d'intérêt à procéder à des frappes en Ukraine pour la simple raison que non seulement elle a envahi l'Ukraine, et elle est taxée d'agresseur mais qu'une frappe nucléaire se rajoute ne fera qu'horrifier l'opinion mondiale. Le monde entier condamnera la Russie. D'autre part une frappe nucléaire en Ukraine n'apportera aucun gain réel sur le plan des opérations militaires. Bien plus, l'armée ukrainienne pourrait même être soutenue par ce type d'armes pars les États-Unis et l'OTAN. Ce qui amènera l'Ukraine à disposer d'armes nucléaires tactiques.

Ce cas de figure sur les cibles visées en Ukraine est déjà dans les plans d'état-major de guerre russe donc à proscrire sauf si un danger réel menace la Russie. Ce qui n'est pas le cas puisque la guerre se déroule essentiellement en Ukraine. Le sol russe n'est pas touché par la guerre hormis quelques incendies à la frontière russo-ukrainienne qui ne constituent aucune menace.

Aussi, la situation de guerre va évoluer, les avertissements de la Russie, de plus en plus répétés, ce qui signifie que la Russie est en difficulté et il est clair pour elle qu'elle ne va pas remporter la guerre du fait que l'armée et la population ukrainienne sont constamment soutenues par l'occident. Des moyens militaires de tout ordre (blindés, avions, missiles, etc.) vont se déverser sur l'Ukraine rendant aléatoire l'issue de la guerre. Ce sera un enlisement de fait pour l'armée russe.

En fait, la Russie, dans la guerre en Ukraine, n'affronte pas seulement l'armée ukrainienne mas tout l'Occident, et ce en rapport des enjeux tant pour la Russie que pour les États-Unis. Ne perdons pas de vue que la puissance américaine est le socle de l'Occident et de l'OTAN. Sans les États-Unis, on ne peut considérer que l'Occident constitue la première puissance mondiale à la fois sur le plan économique et financier et sur le plan militaire. Ce qui nous fait dire que toute partie qui perd la guerre en Ukraine, que ce soit la Russie ou les États-Unis aura des répercutions extrêmement graves pour le «futur de leur puissance», avec des retombées considérables sur le plan mondial.

Puisque c'est la Russie qui a procédé à l'invasion de l'Ukraine, et prit des risques des retombées de sa stratégie de guerre et de puissance sur le plan international, notamment les sanctions économiques occidentales massives prises à son encontre, l'aide massive en armements et en besoins les plus nécessaires à l'Ukraine, il est clair qu'elle ne voudra en aucun cas perdre la guerre. Quel que soit le prix à payer parce qu'il y va de sa crédibilité mondiale. Et les plans d'état-major russe dans ce cas de figure de guerre ont certainement arrêté les mesures à prendre pour répondre à cette situation. Donc, la Russie, arrivée après des mois de combat, et toujours pas d'avancées, sera amenée à procéder aux premières frappes nucléaires. Pour les cibles visées, il est clair qu'elle cherchera à couper le cordon ombilical qui relie l'Ukraine aux pays par où transitent le convoiement d'armements vers l'Ukraine. Les cibles seront la Pologne, la Roumanie, les pays baltes, bref tout pays frontalier qui participe au soutien en armements à l'Ukraine.

Et comme la Russie dispose d'un réseau satellitaire performant pour la reconnaissance d'installations civiles et militaires, de jour comme de nuit et à travers les nuages, elle peut de l'espace suivre tous les mouvements de concentrations de forces et d'armements en vue d'être livrés à l'Ukraine. En procédant à une frappe nucléaire sur ces concentrations militaires, par exemple, en Pologne qui est membre de l'OTAN, la Russie change totalement le déroulement de la guerre. Il est clair que l'émoi au sein des populations que ces frappes nucléaires auront à créer, en appelant au Conseil de sécurité qui sera impuissant, sera sans commune mesure. Passeront probablement un jour ou deux pour permettre d'urgence aux pays d'OTAN sous la direction des États-Unis de se réunir pour arrêter la réponse à la Russie.

Et comme les États-Unis jouent aussi leur crédibilité à l'échelle mondiale, la réponse de l'OTAN qui sera arrêtée sera une riposte équilibrée à celle de la frappe nucléaire russe. Par conséquent, une concentration de forces russes dans un des fronts en Ukraine sera touchée par une frappe nucléaire occidentale. La Russie probablement ne ripostera pas et attendra quelques jours qui peuvent être deux, trois, quatre jours. Pourquoi ? Pour donner le temps au pays touché par la première frappe russe et à l'OTAN de réfléchir sur ce que sera la prochaine riposte nucléaire russe.

Dès lors que la phase de la guerre conventionnelle sera dépassée par l'emploi d'armes tactiques nucléaires de faible puissance de l'ordre 0,3 kilotonne à quelques kilotonnes de TNT avec tous les effets de souffle, la forte température en millions de degré et les radiations, et le temps de latence de réflexion terminée, la Russie aura probablement à doubler voire tripler ses frappes nucléaires sur deux ou trois pays de l'Europe de l'Est, membres de l'OTAN, qui sont concernés par le transit d'armements vers l'Ukraine.

De nouveau, une riposte nucléaire est probablement équilibrée aux frappes russes par les États-Unis et l'OTAN contre plusieurs concentrations de forces russes sur la ligne des fronts en Ukraine. Aussi peut-on dire qu'une guerre nucléaire a commencé entre les grandes puissances militaires du monde, les États-Unis et la Russie, et le théâtre de la guerre nucléaire se joue en Europe de l'Est qui pourrait même être étendu à l'Allemagne. En effet, l'Allemagne, par ses ressources, sa logistique et son complexe militaro-industriel parmi les plus grands du monde, et le soutien massif à l'Ukraine, pourrait aussi être visée par des frappes nucléaires. Le complexe militaro-industriel allemand est susceptible d'être l'objet de frappes nucléaires. D'autant plus que la Russie, mettant un poids massif dans ces frappes, cherche à terminer le plus vite cette guerre. Ce qui passe par une «rapide escalade-désescalade de la guerre en Ukraine», et donc terminer la guerre par une victoire.

Mais il faut encore prendre en compte la riposte américaine et de l'OTAN et la spirale de frappes nucléaires enclenchées par les deux parties. Qu'en ressortira-t-il ? Avant de répondre à cette question, il faut souligner que, durant le mois d'avril 2022, la télévision publique russe a procédé, à plusieurs reprises, à des simulations d'attaques, par des missiles balistiques nucléaires, des villes tels Paris, Londres et Berlin. Peut-on dire que ces simulations de missiles balistiques contre la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ne sont qu'un jeu faisant partie de la guerre psychologique contre l'Occident ? Non, le message est bien plus grave que ce qui est simulé par la télévision russe.

En effet, ce qui est rapporté est que si Paris est touchée, ou plutôt on supposera que ce n'est pas Paris qui est visé mais une autre ville française qui est touchée par un missile balistique nucléaire de forte charge, de même non pas Londres mais une autre ville du Royaume-Uni, que seront les réponses de la France, du Royaume-Uni et de l'OTAN contre la Russie ? Chercheront-ils à mener une riposte équilibrée à celle de l'attaque russe ?

Que pourront faire face à la Russie, du côté français, le président Emmanuel Macron, son ministre de la Défense et son chef d'état-major, et du côté britannique, le 1er ministre Boris Johnson, son ministre de la Défense et son chef d'état-major ? Il est évident que toute riposte, en particulier de l'OTAN, doit avoir l'aval du président américain, de son secrétaire d'État à la Défense et du chef d'état-major de l'armée américaine. Donc les décisions prises par les staffs français et britannique dépendront d'abord de ce que les États-Unis entreprendront sur la riposte à mener.

Si les États-Unis refusent de mener une riposte de peur qu'il provoque une troisième Guerre mondiale, puisque, au cas où ils seront entraînés dans une guerre nucléaire avec la Russie, tant les villes américaines New-York, Washington, Chicago, Houston, Boston, Détroit... que les villes russes Moscou, St Petersburg, Kazan, Novossibirsk... seront sous le feu nucléaire avec des pertes en vies humaines qui se compteraient en dizaines de millions. Et en un temps très court de quelques heures à quelques jours. Et tout sera fini pour les deux grandes puissances, des villes entières réduites en cendres.

Dès lors que l'OTAN n'interviendra pas pour éviter une «guerre nucléaire qui deviendra mondiale», il reste à la France et au Royaume-Uni, en tant que puissances nucléaires, de riposter. Mais le pourront-ils ? A voir les superficies de leurs territoires et le nombre d'ogives nucléaires sans commune mesure avec ceux de la Russie. La superficie de la France sans outre-mer est d'environ 550 000 km2, du Royaume-Uni environ 240 000 km2 et la Russie environ 17 millions de km2.

Si la France et le Royaume-Uni décident de riposter et donc frapper des villes russes par des missiles nucléaires balistiques, et vu les grandes différences de leurs superficies et du nombre d'ogives nucléaires et lanceurs avec ceux de la Russie, ils mettront en danger l'ensemble de leurs villes et de leurs territoires qui se situent dans une superficie très restreinte tant pour la France que pour le Royaume-Uni que par rapport à celle de la Russie qui est respectivement 30 et 70 fois plus grande. Donc répondre à une attaque nucléaire équivaudrait à un suicide pour la France et le Royaume-Uni. Et c'est précisément ce que veulent transmettre les simulations d'attaques nucléaires menées par la télévision russe. En somme un véritable message avertissant ce qui en coûterait à la France et au Royaume-Uni face à la Russie.

Comme on le lit dans le journal d'information américain, le Huffington Post : «Ces derniers jours, plusieurs journalistes des médias russes pro-Poutine ont prôné une escalade tous azimuts du conflit ukrainien. Un choix éditorial qui se calque sur les prises de position du Kremlin.

RUSSIE - En début de semaine, la Russie a averti du danger «réel» que le conflit actuel en Ukraine dégénère en Troisième Guerre mondiale.

Dans un contexte de tensions sans précédent entre Moscou et l'Occident, le diplomate russe Sergueï Lavrov a ainsi mis en garde contre ce risque de nouvelle Guerre mondiale: «Le danger est grave, il est réel, on ne peut pas le sous-estimer».

Depuis cette déclaration forte, la télévision russe a pris le relais, mettant plus que jamais en avant l'utilisation potentielle d'armes nucléaires. Comme l'a partagé le journaliste de Challenges Vincent Lamigeon sur Twitter, la chaîne de télévision publique russe Rossiya 1 a par exemple publié jeudi 28 avril, lors de son émission 60 minutes, une infographie avec les temps de vol d'un missile Sarmat tiré depuis l'enclave de Kaliningrad vers Paris, Londres ou Berlin.

Ce missile de nouvelle génération de très longue portée que Vladimir Poutine a récemment salué comme «sans équivalent», mettrait environ 3 minutes et 20 secondes pour toucher les capitales française et anglaise, et 1 minute et 45 secondes pour atteindre la capitale allemande, selon la présentatrice.

Au cours de la même émission, un analyste n'y va pas par quatre chemins pour expliquer lui «très sérieusement» qu'«un missile Sarmat et c'est réglé, il n'y a plus d'îles britanniques».

«La télévision russe continue de menacer de frappes nucléaires les nations occidentales, essayant désespérément de les dissuader de continuer à aider l'Ukraine. (...)»

La veille, c'est la journaliste Margarita Simonian, à la tête de la chaîne d'information Russia Today -média banni dans l'Union européenne depuis le 27 février-, qui avait fait un coup d'éclat en déclarant que «soit nous perdons en Ukraine, soit la Troisième Guerre mondiale commence». «Je pense que la possibilité d'une Troisième Guerre mondiale est plus réaliste», avait-elle conclu, comme le rapporte BFMTV.

«L'idée que tout se termine par une attaque nucléaire me semble être le scénario le plus probable, à mon grand désarroi, mais c'est inévitable», avançait encore cette journaliste pro-Kremlin, considérée comme l'une des chantres de la propagande russe à la télévision.

«Aveu de faiblesse»

Comme l'explique TF1info, ces propos de journalistes et analystes russes à la télévision publique, prônant tous azimuts une escalade du conflit en Ukraine et la possibilité d'une nouvelle Guerre mondiale, sont fréquents depuis plusieurs jours. Dans des émissions et débats parfois longs de trois heures, l'idée de recourir à l'arme nucléaire y est évoquée sans crainte, et parfois même présentée comme «souhaitable» - alors que pendant ce temps-là, chaque déclaration de Vladimir Poutine est scrutée, alors que son armée connaît de sévères déconvenues en Ukraine.

«C'est (...) une manière d'intimider l'Occident. Comme la Russie n'atteint pas ses objectifs militaires en Ukraine, elle cherche à empêcher les livraisons d'armes qui changent fortement le rapport de force sur le front», traduit Olivier Schmitt, directeur d'études et professeur à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), dans L'Express. «L'objectif est de mettre la pression sur les dirigeants occidentaux en faisant planer dans les opinions publiques la menace d'une escalade.»

Pour Pierre Servent, spécialiste des questions de défense et de stratégie militaire, les dernières menaces de Moscou illustrent les difficultés auxquelles sont confrontés les états-majors russes. «Je considère que c'est un aveu de faiblesse de la part de la structure du Kremlin», expliquait-il sur France Inter mercredi. «Quand on regarde la séquence sur les 60 jours, chaque fois qu'il (Vladimir Poutine, NDLR) prend un coup dur, paf, vous avez une déclaration sur le nucléaire, sur la Troisième Guerre mondiale...»

Ce faisant, la télévision russe relais médiatique, pour tenter d'emporter l'adhésion totale de la population russe.» (7)

Enfin l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur apporte un éclairage sur le discours du président russe Vladimir Poutine prononcé au cours d'une réunion avec des membres du Conseil des législateurs Saint-Pétersbourg (Russie), le 27 avril 2022 :

«Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde ce mercredi 27 avril contre toute intervention extérieure dans le conflit en Ukraine, promettant qu'elle rencontrerait une riposte «rapide et foudroyante». «Si quelqu'un a l'intention de s'ingérer de l'extérieur dans ce qui se passe [en Ukraine, NDLR] et de créer des menaces inacceptables pour la Russie, ils doivent savoir que notre riposte (...) sera rapide et foudroyante», a déclaré Vladimir Poutine devant le Parlement russe.

Selon lui, la Russie n'hésitera pas à utiliser ses armes les plus modernes. «Nous avons tous ces outils dont personne d'autre ne peut se vanter actuellement. Nous n'allons pas nous vanter : nous allons les utiliser s'il le faut. Et j'aimerais que tout le monde le sache», a souligné le président russe. «Toutes les décisions là-dessus ont été déjà prises», a-t-il ajouté.» (8)

Une partie du texte original du discours du président Vladimir Poutine fait à Saint-Pétersbourg : «.... les ennemis de notre pays ont accéléré la production d'une nouvelle «arme géopolitique» ? en fait ce n'est pas nouveau, mais, bien sûr, ils lui ont donné une nouvelle force, un nouvel élan ? ils se sont appuyés sur la russophobie et le néonazisme, en transformant d'année en année, sans ménagement, le pays voisin de nous, l'Ukraine, en une «anti-Russie».

Permettez-moi de vous rappeler que lorsque la Russie a favorablement, je dirais, de manière amicale, fraternelle et fraternelle, réagi à la création d'un État ukrainien indépendant, bien sûr, elle est partie du fait qu'il s'agirait précisément d'un État ami, que nous avancerions ensemble en nous renforçant, en nous développant mutuellement, en créant les conditions les plus compétitives pour notre développement ? oui, dans les nouvelles conditions historiques. Mais, bien sûr, personne ne comptait sur la création de «l'anti-Russie» dans les territoires russes historiques, et nous ne pouvons pas permettre que cela se produise. Et puis, bien sûr, ils l'ont amené à un affrontement, à un affrontement direct, ont poussé l'Ukraine à un affrontement direct avec la Russie, avec notre pays. Permettez-moi de vous rappeler que de tels plans, y compris une attaque militaire contre la Crimée et le Donbass, ont malheureusement été énoncés dans les documents doctrinaux ukrainiens d'aujourd'hui, et que le peuple ukrainien est destiné au sort de «matériel consommable». Je pense qu'une prise de conscience touche une grande partie de la population ukrainienne.

L'ensemble du déroulement des événements récents, y compris les prétentions du régime de Kiev à posséder des armes nucléaires, le déploiement d'un réseau de laboratoires biologiques occidentaux sur le territoire ukrainien, la fourniture ininterrompue des armes les plus modernes à l'Ukraine, confirment que notre réaction à ces plans cyniques était correcte et opportune.

Chers collègues !

Je tiens à souligner une fois de plus que nos soldats et officiers, la milice du Donbass remplissent héroïquement leur devoir, toutes les tâches fixées, comme je l'ai dit, seront résolues.

Mais ce que je voudrais noter et dire maintenant. J'en ai déjà parlé tout au début de l'opération militaire spéciale. Permettez-moi de souligner à nouveau : si quelqu'un a l'intention de s'immiscer dans les événements en cours de l'extérieur et crée des menaces stratégiques pour la Russie qui sont inacceptables pour nous, il doit savoir que nos frappes de représailles seront rapides, et rapides comme l'éclair. Nous avons tous les outils pour cela, de sorte dont personne ne peut se vanter maintenant. Et nous ne nous vanterons pas, nous les utiliserons si nécessaire. Et je veux que tout le monde le sache, nous avons pris toutes les décisions à ce sujet.»

Ce discours du président russe en dit long sur ce qui pourrait se passer dans cette guerre en Ukraine. Après cet éclairage, revenons à la spirale de frappes nucléaires par la Russie et l'OTAN sous la direction américaine, quelle situation va résulter dans les pays touchés par les missiles nucléaires ? Ces pays sont essentiellement les pays frontaliers avec l'Ukraine. La Pologne, la Slovaquie, la Roumanie par où transitent les armements vers l'Ukraine sont les pays potentiels d'être pris pour cibles par la Russie.

Si ces pays sont touchés par les premières frappes et qu'une spirale dans les deux ou trois jours qui suivent s'enclenche, donc frappes russes contre frappes de l'OTAN, une effervescence politique va surgir et des manifestations monstres dans les pays nucléarisés vont éclater de jour comme de nuit. La crainte d'une guerre nucléaire va toucher tous les autres pays de l'Est et s'étendre aux peuples d'Allemagne, de France, du Royaume-Uni. Et ce ne sont pas seulement les peuples de Pologne, de Slovaquie, de Roumanie qui seraient touchés les premiers de frappes nucléaires russes, une guerre nucléaire peut s'étendre à toute l'Europe.

Tous les gouvernements européens seront sur les dents, la guerre en Ukraine s'étendant et devenant nucléaire frappera l'Europe de stupeur et d'angoisse. Ce qui était impossible à se représenter comme le furent Hiroshima et Nagasaki en 1945 va devenir réellement possible. L'Ukraine comme l'Occident cessera de parler de victoire face à la Russie. Les États-Unis cesseront d'être les meneurs de jeu de la guerre ; tous les peuples d'Europe vont se réveiller et obligeront leurs gouvernements d'arrêter la guerre d'urgence. Dès lors que la prise de conscience des pays d'Europe va s'opérer dans un climat de terreur nucléaire, les négociations vont s'opérer très rapidement avec la Russie.

Les frappes nucléaires vont aussitôt s'arrêter avec une Europe bouleversée, et on doit comprendre que toutes les négociations vont viser la paix et uniquement la paix en Europe. Et non seulement les revendications de la Russie pour la neutralité de l'Ukraine seront satisfaites, mais tous les pays de l'Europe de l'Est chercheront la neutralité avec la Russie comme l'est la Suisse en Europe.

En clair, il y a une forte probabilité que les pays de l'Europe de l'Est quitteront d'eux-mêmes l'OTAN à moins d'intégrer la Russie dans l'OTAN qui définira alors une Europe pacifique avec la Russie. Quant aux États-Unis, ils seront libres de rester dans l'OTAN ou quitter l'OTAN si la Russie viendra à intégrer l'OTAN.

Évidemment ce pronostic est loin, mais dans l'immédiat, la Russie aura gain de cause pour ses revendications stratégiques, et les dirigeants occidentaux, sous la pression populaire atteignant probablement son paroxysme devant la crainte d'une guerre nucléaire généralisée, ne peuvent qu'acquiescer aux demandes russes pour éviter l'irréparable.

On comprend dès lors pourquoi Dieu a permis à l'homme de découvrir l'arme absolue. Elle joue un rôle essentiel dans la dissuasion de la guerre entre les puissances. Le choix est donné aux humains : «la paix ou la mort collective». Et donc personne n'échappera, et c'est cela que l'on doit comprendre dans cette guerre en Ukraine qui, en réalité, oppose deux puissances mondiales, la Russie et les États-Unis. D'autant plus que la guerre nucléaire commencée ne s'opère pas sur leurs sols. Et c'est l'Europe, intermédiaire entre eux, qui en paie le prix.

Pour terminer sur cette analyse-phare pour l'humanité, l'auteur prévient que ce qui est écrit dans ses lignes ne provient pas de lui, mais de sa pensée. L'auteur qu'il est pense qu'il n'est pas l'auteur de ce développement aussi précis sur ce qui va se passer dans les mois ou un temps plus ou moins long à venir dans cette guerre qui pourrait être progressivement «apocalyptique» et que ce sont les pays d'Europe, à commencer les pays d'Europe de l'Est qui auront à payer le plus lourd tribut de la guerre si cette guerre n'est pas arrêtée à temps. Et qu'ils seront certainement abandonnés à leur sort si la guerre en Ukraine prend des proportions nucléaires. Les États-Unis quand il s'agit de se protéger des conséquences d'une guerre nucléaire qui pourrait les toucher n'hésiteront pas à ramener le «tapis de la sécurité» sur eux. Et c'est naturel pour toute nation qui cherche à se préserver d'une extinction, d'un suicide délibéré ; c'est ainsi qu'est toute nature humaine, de se conserver, de ne pas périr, de rester simplement vivante.

L'auteur le redit, ce n'est pas lui qui écrit cette analyse mais sa pensée, et par cette pensée, l'auteur a «demandé», a «prié» Dieu de l'éclairer. Dieu ne peut tromper l'être humain qu'est l'auteur ou tout être humain si cet être ou ces êtres humains viennent lui demander dans l'humilité sur ce qui pourrait survenir pour les peuples qui se trouvent politisés, poussés les uns contre les autres, par des puissances qui ne cherchent qu'à dominer, qu'à avoir raison parce qu'elles croient qu'elles sont dans leurs droits, qu'elles sont meilleures que les autres, parce qu'elles se targuent d'être des démocraties alors qu'elles sont tout autant des dictatures combien même elles se définissent démocratiques contre des dictatures En fait un pays démocratique peut s'ériger en dictature dès lors qu'ils cherchent à dominer, à s'imposer par la force à son peuple et aux autres peuples. Et l'OTAN est une force offensive et non une force collective défensive, du moins elle l'a été défensive, elle ne l'est plus depuis qu'elle est entrée en guerre dans plusieurs régions du monde, et encore aujourd'hui.

La Russie, et ce n'est pas pour la défendre mais c'est une vérité, elle n'a procédé à l'invasion de l'Ukraine que parce que l'OTAN a été la cause de l'offensive russe. Sans cette offensive de l'OTAN avec implantation de systèmes d'armes ultrasophistiqués aux frontières d'une grande puissance nucléaire, la Russie, qui compte parmi les trois que compte le monde ? États-Unis- Russie-Chine-, il n'y aurait certainement pas eu de guerre.

Aussi, pour terminer et éviter l'horreur d'une guerre nucléaire en Europe, il faut que les États-Unis arrêtent cette guerre. Qu'ils n'arrivent pas à l'irréparable où c'est l'Europe, et seulement l'Europe qui subira des horreurs encore plus grandes, que la guerre en Ukraine qui risque de devenir nucléaire et restera limitée sur le sol européen.

Et surtout : «Que les États-Unis et l'Europe ne provoquent pas le courroux de Dieu.» L'auteur espère que son appel parviendra aux puissants de ce monde, qu'ils comprennent qu'il y a une Raison qui dirige, qui gouverne le monde, une Raison qui cherche à faire progresser le monde, une Raison qui fait la part du bien et du mal dans ce bas-monde, qu'au final, la Raison, l'Esprit du monde ou Dieu tout court ne veut que du bien à l'humanité, à sa Création à bien d'égard tumultueuse, qui souvent dénuée de sens moral, et Dieu la réoriente ensuite avec perte et fracas comme le furent les guerres passées et celles d'aujourd'hui. Il faut prier Dieu que la raison revienne aux puissants de ce monde.

*Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective

Notes :

1. «Guerre en Ukraine EN DIRECT : «Une guerre au 21e siècle est une absurdité», déclare le chef de l'ONU depuis la banlieue de Kiev... », par 20minutes.fr. Le 21 avril 2022

https://www.20minutes.fr/monde/3279251-20220428-guerre-ukraine-direct-secretaire-general-onu-antonio-guterres-attendu-jeudi-boutcha

2. «L'armée russe dit qu'elle va désormais se concentrer sur l'est de l'Ukraine», par BFM TV. Le 25/03/2022

- https://www.bfmtv.com/international/l-armee-russe-dit-qu-elle-va-desormais-se-concentrer-sur-l-est-de-l-ukraine_AD-202203250430.html

3. «La Russie vise le contrôle total du Donbass et du sud de l'Ukraine», par Courrier international. Le 23 avril 2022 https://www.courrierinternational.com/article/guerre-em-ukraine-la-russie-vise-le-controle-total-du-donbass-et-du-sud-de-l-ukraine

4. «Ukraine: la livraison d'armes lourdes montre que la guerre «va durer»», par HuffPost. Le 27 avril 2022

https://www.huffingtonpost.fr/entry/ukraine-la-livraison-darmes-lourdes-montre-que-le-conflit-va-durer_fr_62692a52e4b0d0774867a599

5. «Ukraine: pour le Kremlin, les livraisons d'armes à Kiev «menacent la sécurité» européenne» Par BFMTV avec AFP. Le 28 avril 2022 - https://www.bfmtv.com/international/pour-le-kremlin-les-livraisons-d-armes-a-l-u3kraine-menacent-la-securite-europeenne_AD-202204280346.html

6. «Washington choisit d'ignorer les menaces de Poutine» Sites TV5 monde et L'Express. Le 1er mai 2022. https://information.tv5monde.com/info/washington-choisit-d-ignorer-les-menaces-de-poutine-454934 - https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/washington-choisit-d-ignorer-les-menaces-de-poutine_2172718.html

7. «Ukraine: à la télévision russe, 3e Guerre mondiale et arme nucléaire évoqués sans complexes», par le Hufftington Post. Le 30 avril 2022 - https://www.huffingtonpost.fr/entry/ukraine-a-la-television-russe-3e-guerre-mondiale-et-arme-nucleaire-evoques-sans-complexes_fr_626c2c60e4b0cca67555d7c8

8. «Ukraine: à la télévision russe, 3e Guerre mondiale et arme nucléaire évoqués sans complexes», par le Hufftington Post. Le 30 avril 2022 - https://www.huffingtonpost.fr/entry/ukraine-a-la-television-russe-3e-guerre-mondiale-et-arme-nucleaire-evoques-sans-