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La politique extérieure de l'Algérie et ses ancrages dans la Révolution de Novembre

par Kharchi Nadjib Messaoud*

  Prise dans son sens large, la politique extérieure d'un Etat couvre l'ensemble des relations qu'il établit et entretient avec d'autres Etats ou avec des organisations internationales en vue de réaliser, au moyen de l'instrument diplomatique, ses objectifs géostratégiques, politiques ou économiques notamment. La politique extérieure constitue la matière par excellence des relations internationales dont la finalité s'inscrit dans une dynamique d'interaction et d'interdépendance.

Chaque pays formule sa propre politique extérieure par référence, selon le cas, à des repères historiques, à une situation ou un environnement géographique, à des principes ou des valeurs idéologiques, culturelles ou d'inspiration éthique en rapport notamment avec la justice et la morale internationales. Entrent également dans le champ de la politique extérieure d'un Etat, les objectifs politiques spécifiques à atteindre sur la scène internationale, les questions émergentes qui sévissent dans l'ordre mondial, ainsi que les impératifs inhérents aux intérêts fondamentaux de la nation.

En tant que composante de la communauté des nations, l'Algérie est très active sur la scène internationale et assume avec persévérance son rôle dans l'échiquier mondial du jeu diplomatique. Evidemment, cela ne va pas sans une politique extérieure bien définie dans ses objectifs, ses principes directeurs et ses stratégies. L'Algérie a toujours œuvré avec une volonté clairement affirmée, de faire entendre sa voix dans le concert des nations et à assumer sa part de responsabilité dans la conduite des affaires internationales.

Dans ses orientations essentielles, la politique extérieure de l'Algérie revêt une profondeur historique qui remonte à la Révolution de Novembre et se distingue par une grande continuité à l'actif des différents gouvernements qui se sont succédé depuis l'indépendance à nos jours. Ceci est d'autant plus vrai que les organes institutionnels de l'Etat algérien indépendant, doté d'une personnalité de droit international, s'inscrivaient dans le prolongement du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), considéré comme une sorte de parlement de la révolution, coopté par les instances du FLN.

A cet égard, il n'est pas exagéré d'affirmer que les lignes de force de la politique extérieure de l'Algérie ont été définies bien avant la restauration de l'Etat algérien dans sa pleine et entière souveraineté. Aussi, s'agit-il à la faveur de la présente contribution d'en explorer les ancrages historiques dans le contexte de la lutte de libération nationale, et d'identifier les principes ainsi que les axes directeurs qui ont permis d'en conceptualiser les objectifs supérieurs.

Dans leur signification profonde, les principes qui guident l'action extérieure de l'Algérie plongent leurs racines dans la conscience vive du peuple algérien et son aspiration inébranlable à la dignité, la liberté et la justice. La lutte anticoloniale en est tout à la fois le soubassement historique et la dynamique qui en découle. C'est ce qui fait la force des principes et des idéaux sur lesquels repose la politique extérieure de l'Algérie.

Bien des évènements séparent l'Algérie d'aujourd'hui de celle de la révolution armée contre le colonialisme, mais entre celle-ci et celle-là le lien est évident, à travers la remarquable continuité historique qui caractérise l'action extérieure de l'Etat algérien et ce, par fidélité à l'esprit intemporel de Novembre qui fait l'identité et la singularité de la diplomatie algérienne.

La proclamation du 1er novembre 1954, socle de la politique extérieure de l'Algérie indépendante

Par bien des aspects, la proclamation du 1er novembre 1954 constitue une source d'inspiration de l'action extérieure de l'Etat national dont elle a forgé l'esprit et le caractère. Au-delà de l'appel à la lutte armée contre le pouvoir colonial français, celle-ci projette dans son expression profonde et ses finalités, une conception du monde, un monde nouveau libre de toute forme d'hégémonie, d'exploitation ou d'oppression. Tant par sa teneur d'une portée inestimable que par les valeurs universelles qui la sous-tendent, la proclamation du 1er novembre constitue un texte fondateur qui participe des grandes orientations de la politique étrangère de l'Algérie dans l'environnement géopolitique mondial. Les principes dont elle s'inspire prennent tout leur sens au regard de l'entreprise génocidaire que la France coloniale mena en Algérie.

Pour être conséquente avec l'esprit de la révolution de Novembre, l'Algérie, peuple et nation, milite pour la paix, la coexistence pacifique, la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et le règlement négocié des problèmes internationaux. Elle aspire à avoir des relations amicales avec tous les pays du monde respectueux du droit et de la légalité internationale.

Ayant récupéré sa souveraineté et redevenue maîtresse de son destin politique, l'Algérie soutient avec une constance jamais démentie, la libération des peuples de toute oppression coloniale ou néocoloniale et appuie dans le cadre de la Charte des Nations Unies le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes avec pour corollaire le respect des principes universels du droit international et l'avènement d'un ordre mondial basé sur la justice, la paix et la sécurité. La politique étrangère de l'Algérie se nourrit des principes et des valeurs de Novembre, véritable cadre de référence, qui en détermine les fondements conceptuels.

Dans son énoncé préliminaire en matière de politique extérieure, la charte nationale du 5 juillet 1975 déclare en substance que « La politique extérieure de l'Algérie est le reflet de sa politique intérieure. Elle vise fondamentalement à servir les intérêts supérieurs du peuple algérien et de sa Révolution, en veillant aux impératifs de sécurité et de défense de la souveraineté nationale ». En cela, la préservation de l'indépendance nationale et de l'intégrité territoriale a été depuis toujours une des composantes essentielles de la politique extérieure de l'Algérie.

Arabe, africaine et méditerranéenne, l'Algérie se trouve à un carrefour où les conflits et les tensions entre les grandes puissances trouvent leurs répercussions immédiates. La position géographique éminemment stratégique de l'Algérie ne rend que plus impérative, la nécessité d'empêcher tout lien de dépendance direct ou indirect vis-à-vis d'un Etat ou d'une communauté de nations susceptible d'atteindre de quelque manière que ce soit au libre exercice de sa souveraineté nationale et de préserver les ressources naturelles de toute mainmise étrangère. De telles préventions dictées par la période longue de colonisation que connut notre pays ne font qu'entériner le lourd tribut que le peuple algérien a payé pour la survie de son identité et la récupération de ses droits nationaux.

Les hauts idéaux de Novembre innervent profondément l'action extérieure de l'Algérie et la nature de ses rapports avec les Etats qui s'intègrent dans une conception globale de la vie internationale.

Les valeurs politiques et morales aussi bien que les perspectives historiques qui font l'esprit de Novembre et sa vision d'avenir, inspirent la politique extérieure de l'Algérie qui y trouve de multiples attaches.

Emanation des aspirations les plus élevées du peuple algérien, l'esprit de Novembre est indissociable des idéaux de liberté, de justice et de progrès. Dans ses divers contours, la politique extérieure en porte l'empreinte. Ils en définissent les principes cardinaux et en déclinent les objectifs majeurs qui lui sont assignés.

Nonobstant les nécessités d'adaptation induites par les mutations multiformes qui affectent le monde contemporain, la politique extérieure de l'Algérie demeure inséparable de son substrat historique qu'incarne l'Appel du 1er novembre et le processus révolutionnaire qui en est résulté.

La Conférence afro-asiatique de Bandung ou les premiers pas diplomatiques de l'Algérie combattante sur la scène internationale

La ville de Bandung en Indonésie a donné son nom à la première Conférence afro-asiatique qui s'est tenue du 18 au 24 avril 1955, à laquelle participaient 26 pays d'Asie et 3 pays africains nouvellement indépendants. Ce fut un évènement marquant de par ses répercussions sur la scène internationale. Parmi les personnalités politiques invitées figuraient Gamal Abdel Nasser pour l'Egypte, Nehru pour l'Inde, Soekarno pour l'Indonésie et Zhou Enlai pour la Chine populaire. L'Algérie était représentée par la délégation extérieure du FLN conduite par Hocine Aït-Ahmed et M'hamed Yazid. Celle-ci avait le statut d'observateur.

La conférence de Bandung s'inscrivait alors dans un contexte mondial fortement marqué par la politique des blocs Est-Ouest et le climat de guerre froide entre les deux superpuissances du moment, les Etats-Unis et l'URSS ; l'existence de vastes empires coloniaux qui tenaient une majorité écrasante de peuples dans l'asservissement ; ainsi que l'émergence des pays du tiers-monde en tant que troisième force dans l'échiquier politique mondial.

Dans le premier document officiel de la révolution algérienne, qu'est la proclamation du 1er novembre 1954, il est clairement déclaré que « le FLN aura deux tâches essentielles à mener de front et simultanément : une action intérieure... et une action extérieure en vue de faire du problème algérien une réalité pour le monde entier avec l'appui de nos alliés naturels ».

Une fois la ligne politique fixée, il convenait d'agir au plus vite afin de donner à la lutte du peuple algérien un écho à l'échelle internationale. La conférence de Bandung qui s'est tenue six mois après le déclenchement de la révolution allait offrir une occasion unique et inespérée de sensibiliser la communauté des nations au problème algérien avec l'appui des pays participants dont la plupart venaient à peine de recouvrer leur indépendance.

L'Algérie en lutte pour son indépendance faisait ses premiers pas diplomatiques sur la scène internationale. Les délégués du FLN déployèrent une intense activité qui se solda par l'adoption d'une résolution aux termes de laquelle «La Conférence afro-asiatique déclare donner son appui aux droits des peuples de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie à disposer d'eux-mêmes et à accéder à l'indépendance».

Trois mois après la tenue de la Conférence, un appui plus concret devait se traduire par la lettre du 26 juillet 1955 que quatorze pays afro-asiatiques adressaient au Secrétaire général des Nations Unies pour demander l'inscription de la « Questions algérienne » à la Xème session de son Assemblée générale qui allait se tenir du 20 septembre au 20 décembre 1955.

L'esprit de Bandung toujours vivant

L'esprit de Bandung s'est perpétué au fil des époques et exerce une forte influence sur la politique extérieure de nombreux Etats ayant connu les affres de colonisation. Les thèses anti-impérialistes prônées avec force par les délégués à la Conférence historique de Bandung conservent encore aujourd'hui leur première vigueur pour la promotion des droits universels de l'humanité.

Sans conteste, l'esprit de Bandung occupe une place privilégiée dans la doctrine diplomatique de l'Etat algérien. C'est là un héritage substantiel de principes fondé notamment sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des nations, la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, le règlement négocié des conflits entre Etats, le désarmement universel, l'interdiction des armes atomiques et nucléaires, le développement de relations internationales équitables, la coexistence pacifique entre peuples et nations.

Au-delà de la reconnaissance de la légitimité de la révolution algérienne, la Conférence des Nations afro-asiatiques d'avril 1955 a été le forum inaugural du tiers-mondisme et la matrice du non-alignement, prélude à la naissance du mouvement des non-alignés au sein duquel l'Algérie a contribué à l'approfondissement des principes énoncés dans la déclaration de Bandung. Des principes qui, confrontés avec les réalités internationales du monde d'aujourd'hui, sont toujours d'actualité. A ce jour, ils représentent des leviers importants de la politique extérieure de l'Algérie.

Est-il besoin de souligner que le principe du règlement des conflits entre Etats par des moyens pacifiques a été à l'origine de nombreuses actions de médiation menées par l'entremise de la diplomatie algérienne. Ainsi a-t-elle pu apaiser de nombreux conflits entre pays arabes ou africains, à l'exemple du différend frontalier entre le Mali et le Burkina Faso en 1985 à propos de la bande d'Agacher ou celui qui opposa le Tchad et la Libye en 1989 à propos de la bande d'Aouzou. Dans le même sillage, il est utile de citer la médiation algérienne réussie dans la libération des diplomates américains pris en otage lors de la révolution islamique d'Iran de 1979.

Dans le cours de sa politique étrangère, l'Algérie a toujours appelé au respect des principes de Bandung et affirmé à cet égard sa foi dans la consolidation de la paix et de la sécurité internationale. Dans le continuum de la conférence de Bandung, le non-alignement demeure l'une des positions cardinales de l'Algérie dans la conduite de sa politique étrangère. Ce principe l'oriente de manière constante dans ses engagements à l'échelle internationale. Dans cet ordre d'idée, l'Algérie ne s'est jamais départie de son rôle actif au sein du mouvement des non-alignés, un héritage de la guerre froide dont elle tient à préserver l'existence et à le redynamiser autour de questions mondiales émergentes, de sorte à l'inscrire de plain-pied dans les nouveaux paradigmes des réalités internationales, tels que la mondialisation libérale et l'intérêt national, l'ajustement de l'ordre mondial établi aux objectifs des pays en développement ou la coopération Sud-Sud, afin que les grandes puissances ne puissent imposer leur seule volonté.

Le GPRA maître d'œuvre du positionnement politique de l'Algérie sur la scène internationale

Le 18 septembre 1958 est annoncée simultanément au Caire, à Tunis et Rabat la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), bras politique du FLN et unique dépositaire des intérêts nationaux du peuple algérien. Mohamed Lamine Debaghine en est le ministre des Affaires extérieures. Dans le deuxième GPRA remanié en janvier 1960, Krim Belkacem en devient le nouveau titulaire. Dans le troisième et dernier GPRA modifié en août 1961, Saad Dahleb est nommé ministre des Affaires étrangères.

Dans sa première déclaration politique du 26 septembre 1958, le GPRA a défini les lignes directrices de sa politique extérieure en ces termes : « ...nous déclarons que notre gouvernement est conscient de ses responsabilités au plan international. Il respectera les principes de la Charte des Nations Unies et fait sienne la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Ces principes demeureront la base intangible de la politique de la République algérienne... ».

Moins spectaculaire que ne le fut l'action militaire de l'ALN, la constitution du GPRA n'en a pas moins représenté un moyen de lutte important dans la libération de l'Algérie de l'emprise coloniale.

Dans le contexte politico-stratégique de l'époque, le GPRA a adopté une approche pragmatique qui a permis à l'Algérie d'être et de rester, encore aujourd'hui, un acteur influent dans la défense des principes qui fondent l'instauration d'un ordre international juste et équitable.

Dans son rapport de politique étrangère (1) destiné à la réunion du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) qui s'est tenue à Tripoli du 9 au 28 août 1961, Krim Belkacem définit l'action extérieure du GPRA en ces termes : « Conformément aux résolutions prises lors de la dernière du CNRA (18 décembre 1959-18 janvier 1960) et en application des décisions du GPRA, notre politique extérieure se fondait sur trois principes fondamentaux. Tout d'abord notre politique étrangère a été menée en fonction de la politique du neutralisme positif... Ensuite nous avons tenu à utiliser les trois courants de l'arabisme, du panafricanisme et de l'afro-asiatisme comme leviers d'action essentiels de notre politique extérieure... Ayant opté pour le neutralisme positif, il était logique de s'appuyer sur ces trois courants, qui eux-mêmes se situent dans le cadre général de cette politique qualifiée par ailleurs d'indépendance active... Enfin, il ne nous fallait pas oublier que la révolution algérienne a opté dès le printemps 1955, pour Bandung, ses principes et sa politique. Le troisième principe qui a réagi notre action diplomatique était l'élargissement du cadre stratégique de la révolution algérienne... »

Il ressort à travers cette analyse conjoncturelle que la diplomatie conduite par le GPRA présentait toutes les caractéristiques d'une diplomatie moderne, en ce sens qu'elle était basée sur une évaluation conséquente des objectifs et des moyens, ainsi qu'une appréciation critique des résultats possibles en rapport avec la balance des forces politiques influentes au niveau international.

Les chefs de missions diplomatiques du GPRA et les membres de la délégation extérieure du FLN ont constitué l'embryon de l'appareil diplomatique de l'Algérie. Les analyses politico-stratégiques minutieuses auxquelles ils ont procédé en vue de définir les grandes orientations de la politique extérieure du GPRA ont montré toute leur pertinence et demeurent en grande partie toujours d'actualité.

Les acquis en matière de politique extérieure légués par le GPRA

Fort de la riche expérience politique acquise par les militants du mouvement national, de leur maturité et leur clairvoyance, le GPRA a su déployer une action politico-diplomatique proactive et dynamique qui a permis d'établir des relations d'amitié avec des nombreux Etats dont les effets continuent à se faire sentir jusqu'à ce jour. Les alliances forgées au cours de la révolution revêtent un caractère historique particulier et une profondeur sentimentale que les divers gouvernements depuis l'indépendance veillent à consolider par les biais d'une coopération bilatérale étroite et multiforme.

Les relations politiques du GPRA avec les pays arabes et ceux du Maghreb, que la proclamation du 1er novembre compte parmi « les alliés naturels » du peuple algérien, s'inscrivaient dans une cadre de solidarité agissante, empreinte d'un esprit de fraternité, qui prend sa source dans l'histoire et un fond culturel commun. La perspective d'un Maghreb uni, inséparable de l'unité des peuples, entrait directement dans la ligne politique du GPRA. Cette vision n'était ni un mythe ni une utopie. Malgré des vicissitudes et les contingences politiques, celle-ci trouve toujours sa place parmi les objectifs majeurs de la politique extérieure de l'Algérie.

Dans le même esprit, le GPRA a entretenu des relations étroites et soutenues avec les pays arabes qui dépassaient les divergences et dissensions conjoncturelles. Conscient du poids spécifique du monde arabe et de sa force politique, le GPRA accordait un intérêt particulier à la consolidation des liens de fraternité. Cette position n'a guère variée jusqu'à ce jour et se manifeste continuellement dans l'action extérieure de l'Algérie.

Le GPRA a donné l'expression la plus élevée de la révolution algérienne sur la scène internationale. De ce point de vue, l'éventail des reconnaissances officielles dont il a bénéficié de la part des Etats, dès sa naissance, en est la parfaite l'illustration.

La détermination du GPRA dans son combat contre le colonialisme sous toutes ses formes et ses convictions profondément enracinées ont permis à l'Algérie d'être et de rester à ce jour un acteur influent dans le concert de nations, fortement engagé en faveur des causes justes, de l'émancipation économique et sociale des peuples, ainsi que de l'élimination des déséquilibres et imperfections qui affectent le système des relations internationales afin que tous les Etats, sans exclusive, puissent assumer leur part de responsabilité dans le règlement des grands problèmes qui se posent à l'échelle mondiale.

La diplomatie algérienne ne ménage aucun effort pour contribuer à la promotion d'une société mondiale ouverte à tous les peuples, y compris les plus vulnérables, dans des conditions d'égalité, de justice et de solidarité internationale.

Le rayonnement diplomatique du GPRA et l'audience internationale du FLN ont servi de leviers d'action essentiels lors de la rude bataille de procédure et de compétence livrée autour de l'inscription de la « Question algérienne » à l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations Unies. Depuis 1955, les Etats afro-asiatiques avaient entrepris de faire inscrire la question algérienne auprès des instances de l'ONU. Tout au long des années ultérieures, « l'internationalisation du problème algérien », tel que consacré dans la proclamation du 1er Novembre, et ses répercussions sur la scène mondiale, s'imposa comme un atout majeur qui renforça sensiblement l'élan révolutionnaire du peuple algérien.

Lors de sa XVème session, l'Assemblée générale de l'ONU va adopter la résolution 1573 du 19 décembre 1960 par laquelle elle reconnaissait « le droit du peuple algérien à la libre détermination et à l'indépendance ».

Force est de constater que l'inscription de la question algérienne à l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations Unis ainsi que les longs et durs débats qui s'en sont suivis en vue de mettre en échec les thèses de la France coloniale, ont grandement contribué à accentuer la pression sur le gouvernement de la métropole et l'amener à des négociations avec le GPRA pour l'accession de l'Algérie à l'indépendance. Sensible au précieux soutien que l'organisation mondiale a apporté au peuple algérien dans un moment critique et glorieux de son histoire, l'Algérie a toujours soutenu, à travers sa diplomatie, les projets de réforme qui tendent au renforcement de l'ONU dans sa mission au service de la paix et de la sécurité dans le monde.

Par ailleurs, il n'est pas superflu d'évoquer les accords d'Evian du 19 mars 1962 qui mirent fin à la guerre d'Algérie. Lors des pourparlers, le GPRA a donné la pleine mesure de son pouvoir de négociation et démontré avec éclat son habilité tactique doublée d'une remarquable capacité d'anticipation. Ces qualités sont devenues la marque caractéristique dont s'honore la diplomatie algérienne.

Conclusion

Par définition, la politique extérieure d'un Etat est en corrélation étroite avec l'évolution de l'ordre international et la recomposition du paysage stratégique régional ou mondial. Dans ce cadre, des facteurs objectifs liés à la défense de « l'intérêt national » proprement dit guident, à divers degrés, les ajustements dans le champ de l'action diplomatique en vue de répondre aux enjeux résultant des nouvelles données de la conjoncture internationale. Bien évidemment, la politique extérieure de l'Algérie, dans ses orientations et ses choix stratégiques, obéit à cette logique. Il n'en reste pas moins que les décisions prises dans ce cadre ne font pas abstraction de principes qui sont devenus des « constantes » en matière de politique extérieure, voire des « positions traditionnelles irréversibles » sur la scène internationale, tels que l'engagement sans réserve en faveur des peuples opprimés, la solidarité avec tous les peuples qui luttent pour leur libération, le non recours à la guerre pour porter atteinte à la souveraineté légitime et à la liberté d'autres peuples. Ces positions intangibles renvoient à des facteurs historiques qui s'identifient avec la lutte de libération du peuple algérien. Cela explique leur poids particulier dans la politique internationale de l'Algérie.

La glorieuse révolution de Novembre, forte de ses idéaux qui se confondent avec les plus hautes aspirations de l'humanité, creuset de valeurs et de principes universels, confère à l'Algérie une crédibilité indéniable sur la scène internationale, au-delà du rôle d'avant-garde qui lui échoit au niveau régional et continental.

(1) Mohamed Harbi : Les archives de la révolution algérienne ?page 395-396- Editions Enag. 2014

*Fonctionnaire. Ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger