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La main invisible

par Medjdoub Hamed

Dans le développement qui va suivre, l'auteur relève la présence d'une « main invisible » qui dirige le monde. Comme l'a énoncé Adam Smith dans son livre « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations », Livre IV, 1776, page 31-33, ch. 2 :

«Premièrement, chaque individu tâche d'employer son capital aussi près de lui qu'il le peut et, par conséquent, autant qu'il le peut, il tâche de faire valoir l'industrie nationale, pourvu qu'il puisse gagner par là les profits ordinaires que rendent les capitaux, ou guère moins. [?]

En second lieu, chaque individu qui emploie son capital à faire valoir l'industrie nationale, tâche nécessairement de diriger cette industrie de manière que le produit qu'elle donne ait la plus grande valeur possible.

Le produit de l'industrie est ce qu'elle ajoute au sujet ou à la matière à laquelle elle s'applique. Suivant que la valeur de ce produit sera plus grande ou plus petite, les produits de celui qui met l'industrie en œuvre seront aussi plus grands ou plus petits. Or, ce n'est que dans la vue du profit qu'un homme emploie son capital à faire valoir l'industrie et, par conséquent, il tâchera toujours d'employer son capital à faire valoir le genre d'industrie dont le produit promettra la plus grande valeur, ou dont on pourra espérer le plus d'argent ou d'autres marchandises en échange.

Mais le revenu annuel de toute société est toujours précisément égal à la valeur échangeable de tout le produit annuel de son industrie, ou plutôt c'est précisément la même chose que cette valeur échangeable. Par conséquent, puisque chaque individu tâche, le plus qu'il peut, 1° d'employer son capital à faire valoir l'industrie nationale, et 2° de diriger cette industrie de manière à lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société. À la vérité, son intention, en général, n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société. En préférant le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie étrangère, il ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande sûreté ; et en dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler. Je n'ai jamais vu que ceux qui aspiraient, dans leurs entreprises de commerce, à travailler pour le bien général, aient fait beaucoup de bonnes choses. Il est vrai que cette belle passion n'est pas très commune parmi les marchands, et qu'il ne faudrait pas de longs discours pour les en guérir.» (1)

Note de l'auteur

 On est en droit donc partant de cette main invisible de se poser des questions sur le sens du Covid-19. Une pandémie qui a dérouté tous les experts du monde, biologistes, virologues, chercheurs du monde entier, et il n'y a pas une réponse rationnelle. Surtout qu'en quelques mois, elle s'est étendue à l'ensemble du monde. A notre sens, la seule approche qui nous apparaît en relation avec les grands événements que l'humanité a vécus est de se référer à l'histoire. Tenter de comprendre l'histoire nous permet de situer chaque grand évènement dans son contexte historique et ce qui a résulté pour l'humanité dans la marche de l'histoire.

Portons un regard sur les pandémies qui ont surgi au XXème siècle. Mis à part la grippe espagnole, de 1918 à 1920, qui a été une des pandémies les plus mortelles de l'histoire, les autres pandémies ont été plus modérées. Le taux de létalité pour la grippe espagnole était estimé à 10%, le plus haut de l'échelle. Le taux de létalité est le rapport en pourcent du nombre de décès sur le nombre total de contaminés. Pour la pandémie Covid-19, le taux est de 1,5% (5,6 millions de décès sur 366 millions de contaminés, à fin janvier 2022), bien sûr variant d'un pays à l'autre ; tout dépend de la contagiosité et donc du virus s'il est vite transmissible, augmentant le nombre de contaminés dans le monde.

Au début du XXIème siècle, la grippe saisonnière et la grippe A (H1N1) de 2009 ont un taux de létalité inférieur à 0,1%. Pour l'épidémie de l'Ebola, une fièvre hémorragique à virus Ebola qui a sévi en Afrique de l'Ouest, en un an, l'analyse du Geography of Ebola virus. Socio-Spatial Issues in Central Africa. Outlook for West Africa fait état : «L'épidémie qui sévit en Afrique de l'Ouest depuis plus d'un an a fait à ce jour près de 25 791 cas et 10 689 morts (15 avril 2015), notamment en Guinée - 2 346 décès -, au Libéria - 4 486 décès - et en Sierra Leone - 3 857 décès (WHO, 2015).»

Des chiffres qui ne peuvent se comparer à la pandémie Covid-19 qui sévit aujourd'hui dans le monde. A titre de comparaison avec la grippe espagnole dont le taux de létalité est estimé à 10% (50 millions de décès sur 500 millions de contaminés), le nombre de décès est beaucoup moindre et ce, essentiellement en rapport des formidables progrès dans la médecine, de l'hygiène corporelle et collective et des moyens de prévention. Cependant, les structures économiques au niveau mondial ont subi le choc de la pandémie, avec l'explosion du chômage à travers le monde.

Mais si on regarde la structure de l'histoire et les événements qui ont marqué le XXème siècle jusqu'à la pandémie Covid-19 aujourd'hui, on constaterait que chaque événement qui surgit tire son origine du précédent. Sur le plan historique, la 1ère Guerre mondiale a été un concours de circonstances qui a amené les empires européens, dans leurs rivalités sur le partage du monde, à en venir aux armes. La guerre a certes éclaté en 1914 mais les gouvernements et souverains de l'époque savaient-ils qu'ils allaient provoquer le premier conflit mondial qui va faire des millions de morts et emportera plusieurs empires d'Europe ?

En 1917, éclate la grippe espagnole ; elle a fait plus de morts que la première Guerre mondiale, entre 50 et 100 millions selon les chiffres donnés par les historiens ; il est fait état, par le nombre de morts dans les rangs des armées des pays en guerre, que la grippe espagnole a accéléré la fin de la guerre. Par les ravages que la pandémie a commis en vies humaines n'a-t-elle pas fait pressentir la 2ème Guerre mondiale ? On décompte plus de 70 millions le nombre de morts durant la guerre (1939-1945).

Que peut-on dire des deux Guerres mon-diales ? Le prix Nobel, François Jacob : «Une partie n'est jamais perdue, les jeux n'y sont jamais faits. L'histoire, ce n'est pas une fatalité, une série de circonstances irrévocables fixées par le destin [...] Personne ne connaît la tournure que prendra l'histoire. Rien n'est joué, jamais.» (Le Monde, 25 juin 1980). C'est vrai que rien n'est joué, mais lorsque l'événement arrive, et l'on regarde ce qui a résulté, on ne peut s'empêcher de dire qu'il relève d'une «contingence nécessaire», dans le sens qu'il doit arriver ; et ce étayé à la fois par la causalité et la finalité qui l'ont fait entrer de force dans l'histoire. Nous y reviendrons à la fin de cette analyse.

Sur un autre plan, qu'en est-il aujourd'hui sur la situation financière et monétaire qui prévaut aujourd'hui ; qui présage non plus une guerre chaude mais une guerre froide d'un style nouveau, une «guerre économique» ; non qu'il est réellement nouveau, mais une guerre économique ne ressemble jamais à celle ou celles qui ont précédé ; il reste toujours des dissemblances entre elles. Il demeure qu'une guerre économique est sournoise, certes elle n'est pas chaude mais a des enjeux similaires aux guerres chaudes ; comme le furent les deux guerres mondiales et toujours la volonté de puissance, la volonté hégémonique d'une puissance sur une autre. On le voit aujourd'hui, avec la menace de l'invasion russe en Ukraine et les menaces de sanctions économiques des États-Unis contre la Russie.

De même, entre la Chine et les États-Unis sur le détroit de mer de Chine et sur Taïwan et les menaces de protectionnisme de part et d'autre. Et toujours le même leitmotiv : «dominer son adversaire».

Ne perdons pas de vue les ex-pays colonisés, qui ont recouvré leurs indépendances, sont aussi dans le collimateur des guerres qu'elles soient chaudes ou économiques entre les grandes puissances. Les pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Sud dépendent pour leur commerce extérieur des monnaies internationales que seuls les pays occidentaux émettent ; des recettes que les pays du Sud tirent de leurs exportations et d'où résultent pour eux la prospérité ou la crise, et le plus souvent, des économies ruinées par l'endettement et la pauvreté.

C'est dans les Bourses occidentales que se fixent le prix des matières premières, du pétrole, du gaz, des produits agricoles... Aujourd'hui, l'Occident reste toujours le principal émetteur de monnaies internationales, et ce malgré le renminbi chinois (ou yuan) devenu une monnaie internationale, depuis son entrée, en octobre 2016, dans le panier de monnaies de l'étalon monétaire du FMI, le DTS (droits de tirage spéciaux).

Une situation qui octroie un pouvoir exorbitant à l'Occident dans le commerce international ; l'essor, la stagnation et l'appauvrissement des pays du Sud dépendent des politiques monétaires menées par les Banques centrales occidentales. Si, par exemple, une politique monétaire restrictive perdure et impacte la demande mondiale à la baisse, l'offre mondiale est forcément à la baisse, il s'ensuit que les premiers touchés sont les pays hors-Occident, mais, par effet boomerang, les économies occidentales subissent à leur tour, même décalé dans le temps, un contrecoup, ce qui se termine pour elles par la stagnation voire la récession. A voir l'endettement mondial du reste du monde dans les années 1980, la décennie a été pour un grand nombre de pays hors-Occident des crises économiques à répétition, pour l'Occident, elle a été globalement une décennie de stagnation qui s'est terminée par des récessions à la fin de la décennie 1980-début de la décennie 1990.

Et de stagnation aux récessions, les Banques centrales occidentales se retrouvent à mener des politiques contracycliques pour relancer leurs économies. Une période de croissance arrive, puis, pour plusieurs raisons, leurs économies de nouveau s'affaissent, et le cycle recommence. Pourquoi le cycle recommence ? Parce que la situation économique et financière mondiale n'est jamais stable ; il arrive toujours un acteur qui change les donnes ; que ce soit un nouveau acteur qui survient et change les donnes, une guerre, une pandémie qui survient, et toutes les nations peuvent en subir le choc.

Et aujourd'hui, depuis fin 2019, survient un acteur inattendu qui a bouleversé le cours de l'économie mondiale. Ce nouvel acteur, c'est la pandémie du coronavirus ; elle a ébranlé toutes les projections des grands argentiers du monde ; on peut se poser à juste titre la question pourquoi ; est-ce un hasard ; mais le hasard dans l'absolu n'existe pas ; il existe toujours une cause sauf que parfois elle n'est pas lisible pour l'esprit humain. Précisément la «main invisible» d'Adam Smith répond à la question. La «main invisible», comme énoncé dans le passage du livre historique d'Adam Smith, inclut que «la recherche des intérêts particuliers aboutit à la fin à l'intérêt général». Ce qu'exprime l'auteur anglais sur l'individu ou une société, on peut le comprendre ainsi «qu'une nation qui préfère que le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie étrangère est tout à fait normal, sauf que tout en cherchant son intérêt, cette nation ne sait pas qu'elle travaille aussi pour l'intérêt général». Et c'est là le paradoxe dans les intérêts particuliers où chacun ne pense qu'à son gain et que tous ne savent pas qu'«ils sont conduits par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans leurs intentions.» Et qui est l'auteur de cette «main invisible» si ce n'est Dieu Lui-Même qui n'est pas visible ; l'auteur n'en parle pas, mais on peut penser qu'il pense à Dieu sans le nommer dans son livre.

Un autre exemple. Au début des années 1970, les pays européens ont remis en question le dollar américain du fait qu'il n'était plus adossé à l'or. A cette époque, le système monétaire international reposait sur le change fixe. Instauré à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, avec les Accords de Bretton Woods, le système avait établi des parités de changes fixes entre les monnaies et le dollar. Mais seul ce dernier était convertible en or selon une parité de 35 dollars ($) l'once. Or, à la fin des années 1960-début des années 1970, les États-Unis avaient perdu une grande partie de leur or dans les transactions internationales ; ils ne pouvaient plus convertir les dollars détenus par les pays d'Europe ; ils suspendirent la convertibilité du dollar en or le 15 août 1971 ; les Accords de la Jamaïque de 1976 confirment officiellement l'abandon du rôle légal international de l'or, et donc mettent fin à la convertibilité du dollar en or.

Après deux années d'instabilité monétaire, les pays d'Europe remettent toujours en question le dollar qui n'était plus adossé à l'or ; pour se protéger, ils sont passés au change flottant (loi de l'offre et la demande) ; par ce système, toute émission monétaire par les États-Unis se traduisait par une dépréciation de leur monnaie. Bloqués sur le plan monétaire, les États-Unis provoquent le premier «choc pétrolier», lors de la guerre du Kippour. L'Arabie saoudite, qui est protégée par le parapluie nucléaire américain, quadruple le prix du pétrole, le faisant passer de 3 dollars à 12 dollars. Et comme le prix du pétrole arabe était facturé en dollar américain, ce quadruplement du prix du pétrole a obligé les pays d'Europe de rechercher les dollars pour régler leurs importations de pétrole aux pays arabes, et ce faisant, se sont trouvés de nouveau à financer les déficits américains.

Tout compte fait, pour les États-Unis, le problème était qui financerait leurs déficits extérieurs d'autant que les dépenses publiques avaient explosé avec la guerre du Vietnam, à l'époque. On comprend que les pays d'Europe comme les États-Unis ont cherché chacun leurs intérêts ; les États-Unis, en faisant entrer un autre acteur étranger à leurs crises monétaires, «les pays arabes», ne savaient pas que eux et les pays d'Europe ont contribué, sans qu'ils le sachent, à l'intérêt général. Puisque les pays arabes, grâce à la hausse de leurs royalties pétrolières, vont doper, par leurs importations en biens et services, le commerce mondial. Ce qui profite aux économies développées, et donc aux économies occidentales et aux nouveaux pays industrialisés (NPI) et aussi aux pays du reste du monde, la hausse des prix du pétrole s'étendant aux matières premières et prix agricoles.

Le choc pétrolier en Europe en 1973 est vite dépassé du fait que les monnaies européennes, à l'instar du dollar US, ont cours dans le commerce international. Ce qui signifie que les grands pays d'Europe (Allemagne de l'Ouest, France et Royaume-Uni) détiennent aussi le pouvoir monétaire exorbitant, en tant qu'émetteur de monnaies internationales. Certes moindre que les États-Unis, du fait que seul le dollar américain est la monnaie de facturation des ventes de pétrole des pays arabes et de l'Opep. Par cet exemple, on constate qu'il y a bien «une main invisible présente dans l'évolution du monde.» Ou, en clair, Dieu dans la marche du monde.

De même pour le développement des NPI (Corée du Sud, Taïwan?) y compris le Japon qui était occupé en 1945 par les États-Unis. A l'époque c'était la guerre froide, avec la guerre de Corée (1950-1953), qui a poussé les États-Unis à faire du Japon, de la Corée du Sud, Taïwan et d'autres pays d'Asie des alliés pour endiguer le communisme que propageaient l'URSS et la Chine sur le monde. L'enjeu, à cette époque, était vital pour les États-Unis. Si le continent asiatique passait entièrement aux régimes communistes, l'Europe de l'Est était déjà dans l'aire soviétique, les continents africain et sud-américain qui suivraient. Que se passerait-il, avec cette situation, si elle venait à se réaliser, sur le plan mondial ?

L'Europe de l'Ouest et les États-Unis seraient acculés ; ils se retrouveraient alors seuls face au reste du monde devenu communiste. Le danger pour l'Europe et les États-Unis est que, sous la poussée extérieure, ils deviennent aussi communistes. On comprend pourquoi il fallait vite reconstruire le Japon, développer la Corée du Sud qui faisait partie, à l'époque, du Tiers monde ; soutenir d'autres pays pour la même cause. En Amérique du Sud, en Afrique et dans le monde arabe, il y avait ceux alignés à l'Occident et ceux alignés à l'Union soviétique. Et donc les mêmes enjeux étaient présents. Là aussi on constate que «la main invisible était présente dans l'intérêt que visaient les États-Unis et dans l'intérêt que visaient l'Union soviétique et la Chine», ce qui, par les stratégies de part et d'autre pour endiguer l'adversaire, a profité au plus grand nombre, en particulier aux pays d'Asie.

La situation d'aujourd'hui, par exemple. Comment comprendre la situation sanitaire du monde devenue plus complexe. Bien que le virus Omicron, très contagieux mais moins virulent que le variant Delta, ne contamine essentiellement que les voix ORL supérieures et semble causer moins de dégâts aux poumons que les précédents, il demeure que l'on doit situer le SARS-CoV-2 avec ses mutations dans le contexte mondial. Puisque, par ses conséquences, et les bouleversements que le SARS-CoV-2 a opéré sur l'ensemble des économies du monde, en deux ans, plus de 378 millions d'êtres humains contaminés et 5,67 millions de décès aujourd'hui, et on ne sait toujours pas le futur de cette pandémie. L'incertitude demeure totale. Le plus grave est que même si cette pandémie disparaisse, rien n'indique qu'elle ne reparaîtra pas. De plus, on ne sait pas si le SARS-Cov-2 va devenir endémique, à l'instar de la grippe saisonnière, ou non. Précisément, cette analyse de la situation économique mondiale, et l'auteur, comme il l'a indiqué supra, c'est-à-dire ce qui arrive relève d'une «main invisible qui dirige le monde», va apporter une réponse. Quelle est cette réponse ?

Partant de cette idée sur la situation économique dans le monde, mettons au centre de cette problématique économique mondiale un phénomène nouveau qui est apparu il y a moins de deux décennies, au début des années 2000. Ce phénomène nouveau c'est l'«endettement occidental». Aujourd'hui, l'endettement est presque devenu un problème central pour l'économie mondiale ; il n'est certes pas ressenti pour les pays du reste du monde parce qu'il est occidental mais il reste un problème mondial majeur, nonobstant les économistes qui pensent que l'endettement de l'Occident n'est pas un véritable problème puisque celui-ci détient les monnaies internationales, en clair un pouvoir exorbitant sr le reste du monde.

Or, c'est précisément de l'endettement occidental qu'il s'agit, que non seulement dépendra l'évolution économique mondiale, mais l'évolution va en se complexifiant au point que des acteurs extérieurs non attendus vont entrer en jeu. D'autre part, on fait état plus de l'endettement des pays émergents, des pays africains - celui-ci concentre à lui seul 71% des pays les plus pauvres du monde - et très peu de l'endettement occidental, alors que c'est lui qui est au centre, il est certes nouveau mais parce qu'il est nouveau et n'arrête pas de croître qu'«il est en fait la clé de voûte de l'avenir de l'économie mondiale». De lui dépendra la tendance économique mondiale vers la prospérité ou la stagnation voire la récession pour un grand nombre de pays du monde. Comment le comprendre ?

Pour répondre, prenons deux situations, en partant du fait que l'Occident et le reste du monde sont toujours liés dans leurs échanges commerciaux. Et c'est ce qui s'est passé depuis la décolonisation du monde.

Premier cas.

 Postulons que l'Occident est l'émetteur des monnaies internationale ; qu'il est aussi le principal producteur de biens industriels en termes d'équipements, de transports, de construction, de produits manufacturiers, de produits de bases agricoles ; le reste du monde essentiellement exportateur de matières premières, d'énergie, de produis agricoles.

L'Occident importe des pays du reste du monde tout ce dont il a besoin en matières premières, énergie (pétrole, gaz?) et produits agricoles qu'il ne produit pas ; en échange de ses importations, les pays du reste du monde reçoivent des liquidités en dollar US, en euro, en livre sterling, en yen. Grâce aux produits de leurs exportations, c'est-à-dire les recettes en devises, les pays du reste du monde importent ce dont ils manquent, en matière d'équipements industriels, moyens de transport, construction, services, produits agricoles. Les prix mondiaux des matières premières, pétrole, gaz et produits agricoles sont fixés au niveau des Bourses occidentales.

L'Occident, détenant les émissions de monnaies internationales et fixant les prix des matières premières, pétrole, gaz, produits agricoles, régule en fait les échanges commerciaux dans le monde. Que les pays du reste du monde aient des déficits ou des excédents commerciaux, importent peu puisque cela reste à la discrétion de l'Occident, d'augmenter le prix des matières premières, du pétrole? Toujours est-il, d'une manière générale, il y aura très peu de décalage pour la simple raison que les pays du reste du monde sont dépendants des devises internationales que seul l'Occident crée et des prix des matières premières, pétrole? que l'Occident fixe. Dans tous les cas, le commerce mondial qui se trouve régulé par ces trois pouvoirs, «la «monnaie-devise», la «fixation des prix» et il est «seul producteur de biens et services», ce qui rend l'Occident «maître du commerce mondial» et donc aura toujours l'ascendant sur le reste du monde.

Deuxième cas.

Prenons la deuxième situation qui est la situation réelle. Certes l'Occident régule toujours le commerce mondial puisqu'il est toujours détenteur des deux pouvoirs «la monnaie-devise et de la fixation des prix», sauf qu'il n'est plus le principal producteur de biens et services échangés dans le monde. Il a même perdu de compétitivité depuis au moins une quarantaine d'années, et aujourd'hui, il est supplanté par l'Asie, en particulier la Chine qui est devenue l'«atelier du monde».

Dès lors, que va-t-il se passer sur le plan économique mondial ? L'Occident se retrouve dépendant du reste du monde en matière de production de biens et services. Donc il enregistre inévitablement des déficits extérieurs du fait qu'il a délocalisé une grande partie de son industrie productive. Sur ce point, il faut se rappeler ses alliés en Asie que l'Occident a soutenus sur le plan industriel et technologique, lors de la guerre froide, au point de les transformer en vrais dragons puis tigres économiques d'Asie. Du fait toujours de la «main invisible» contre laquelle les puissances n'y peuvent rien, en somme un cours naturel, un cours tracé par Dieu de la marche de l'histoire.

Mais le problème des dragons et tigres asiatiques ne s'est pas arrêté là, il restait encore un grand dragon plus puissant, le Japon ; il s'est hissé au rang de deuxième puissance économique mondiale, dans les années 1980 ; tous les médias occidentaux pronostiquaient qu'il pourrait se hisser au rang de première puissance économique mondiale, et supplanter, par sa formidable puissance exportatrice de richesses, les États-Unis. Mais c'est sans compter du pouvoir exorbitant que détenaient les États-Unis et l'Europe sur le reste du monde. Qu'ils détiennent encore aujourd'hui.

En effet, lors des Accords de Plaza (New York), en septembre 1985, en plus des discussions pour atterrir le dollar qui s'est fortement apprécié entre 1980 et 1985, les grands argentiers du monde (américains et européens) ont sommé le Japon à réévaluer sa monnaie, le yen. A partir de cette date, le Japon s'est trouvé progressivement en difficulté dans son commerce extérieur. En perte de compétitivité par un yen plus cher, le Japon, sans solution pour doper son économie, s'est rapproché de ses voisins asiatiques. La Chine qui s'est convertie au socialisme de marché dès le début des années 1980, une population laborieuse au coût de main-d'œuvre très bas défiant toute concurrence, le formidable débouché qu'était le marché chinois apparaissaient une opportunité idoine pour l'économie du Japon. En réponse aux Accords de Plaza, il délocalisa massivement une grande partie de ses firmes industrielles et manufacturières à forte intensité de main-d'œuvre en Chine.

Si le Japon est entré en dépression dans les années 1990, il demeure que ses délocalisations en Chine ont influé très négativement sur l'industrie américaine et européenne poussant, à leur tour, les États-Unis et les pays d'Europe, à le suivre, et donc à délocaliser massivement les industries qui n'étaient pas compétitives. Il était plus avantageux de délocaliser des industries qui n'étaient plus rentables par des joint-ventures que de les fermer. Telle a été l'«équation à solution unique» pour le Japon, les États-Unis et l'Europe.

Et toujours la «main invisible» à l'œuvre dans l'évolution économique du monde. L'Occident a cherché son intérêt en sommant le Japon à réévaluer sa monnaie, le yen ; le Japon a lui aussi cherché son intérêt en se rapprochant de la Chine pour booster son économie et ne pas fermer ses entreprises industrielles du fait d'un yen cher ; de même les États-Unis et l'Europe ont suivi le Japon et ont délocalisé, à leur tour, leurs entreprises économiques en Chine, ce qui leur a évité de fermer leurs firmes.

Au final, les intérêts des deux parties, Japon- États-Unis et Europe, ont fusionné et rendu un grand service au monde, notamment à la Chine qui est devenue une véritable plateforme de productions industrielles et manufacturières, à l'échelle mondiale. En exportant massivement tous azimuts des biens et services à bas prix, la Chine, en somme l'«atelier du monde», avec ses 800 millions de travailleurs sur 1,4 milliard de Chinois aujourd'hui, a rendu service à l'ensemble du monde. Au final, tout le monde a gagné, tant Occident que le reste du monde.

Dès lors que l'Occident certes détient toujours les deux pouvoirs «la monnaie-devise et la fixation des prix», mais est supplanté dans la production mondiale par les pays émergents au centre desquels trône la Chine, suivie de l'Inde, la Russie pour le pétrole et gaz, le Brésil?, il est évident qu'il ne peut pas être toujours gagnant même s'il a encore les deux pouvoirs qui font sa puissance. L'Occident est devenu importateur net de biens et services des pays émergents et de matières premières, pétrole, gaz et produits agricoles des pays d'Afrique, d'Amérique du Sud, du Moyen-Orient?

Cette situation sera progressivement une contrainte qui deviendra une épée de Damoclès suspendue au-dessus de l'Occident. Bien sûr, s'il ne réagit pas positivement. Et par positivement, il faut entendre «intelligence», sans cette «intelligence» à mettre en œuvre, face au défi que représentent la Chine et les autres pays émergents, et les «Accords de Plaza» comme ils ont été menés contre le Japon ne faisant plus recette, la situation pourrait être très mal vécue par les puissances occidentales.

Et cette situation est déjà donnée au grand jour au début des années 2000. Les États-Unis entraient en guerre en 2001 suite à l'attaque terroriste contre le World Trade Center (WTC). Après la campagne militaire en Afghanistan, c'est au tour de l'Irak, en 2003. Durant toute la campagne militaire en Irak, les déficits jumeaux (budgétaires et commerciaux) n'ont cessé d'augmenter ; les déficits courants américains ont oscillé entre 6% et 8% du PIB ; ce qui s'est traduit par un endettement massif, comme le témoigne l'évolution des réserves de change et de l'endettement occidental entre 1999 et 2014.

Celle des réserves de change des pays émergents et des pays exportateurs de pétrole en forte hausse contredisant une évolution négative des dettes publiques occidentales, en forte hausse.

Les réserves de change de la Chine passent de 161,414 Md$ (milliards de dollars), en 1999, à 3900 M$, en 2014 ; la Russie de 12,325 Md$, en 1999, à 386,216 milliards de dollars, en 2014 ; l'Inde de 36,005 Md$, en 1999, à 325,081 Md$, en 2014 ; le Brésil de 36,342 Md$, en 1999, à 363,57 Md$, en 2014 ; l'Afrique du Sud de 7,497 Md$, en 1999, à 49,122 Md$, en 2014 ; l'Arabie Saoudite de 18,321 Md$, en 1999, à 744,441 Md$, en 2014 ; l'Algérie de 6,146 Md$, en 1999, à 186,351 Md$, en 2014. (Données Banque mondiale)

La dette publique des États-Unis passe de 37,612% du PIB, en 1999, à 97,108% du PIB, en 2014 ; le Royaume-Uni de 43, 62% du PIB, en 1999, à 108,605% du PIB, en 2014 ; la France de 58,869% du PIB, en 1999, à 97,666% du PIB, en 2014 ; l'Allemagne de 39,15% du PIB, en 1999, à 53,533% du PIB, en 2014 ; le Japon de 93,328% du PIB, en 1999, à 193,433% du PIB, en 2014. (Données Banque mondiale)

Que donnent l'évolution des dettes publiques occidentales et celle des réserves de change des pays émergents et exportateurs de pétrole, entre 2008 et 2014 ? En l'espace de quinze ans, les montants des réserves de change ont augmenté de 23 fois pour la Chine, 30 fois pour la Russie, 8 fois pour l'Inde, 9 fois pour le Brésil, 5 fois et demie pour l'Afrique du Sud, 39 fois pour l'Arabie saoudite, 29 fois pour l'Algérie. Ce qui signifie que les pays occidentaux qui sont les émetteurs de monnaies internationales et qui émettent des liquidités massives pour importer des biens et services des pays du reste du ponde le font pour enrichir ces derniers. Autrement dit les pays occidentaux sont des pays émetteurs de monnaies internationales mais, par leurs déficits extérieurs, sont importateurs et consommateurs de biens et services des pays du reste du monde qui eux sont émetteurs de biens et services mais, par leurs excédents extérieurs, sont importateurs et consommateurs de devises internationales que l'Occident émet.

Et cette situation est nouvelle. Regardons la période 1984-1999 qui a précédé la période 1999-2014, pour le même nombre d'années. La Chine, pays détenteur des plus grandes réserves de change du monde aujourd'hui, n'avait, en 1984, que 21,241 Md$ de réserves de change ; elles sont passées à 161,414 Md$, soit 6 fois ce qu'elles étaient en 1984 ; rien à voir avec les 23 fois pour la même période qui a suivi entre 1999 et 2014. L'Inde, ses réserves de change, avec 8,536 Md$ en 1984, n'ont augmenté que 4 fois, en 1999, alors qu'entre 1999 et 2014, elles ont augmenté de 8 fois, soit le double de la période précédente. Même évolution pour la Russie, le Brésil, la Russie, l'Afrique du Sud.

Pour les pays exportateurs de pétrole. Les réserves de change de l'Arabie saoudite, qui étaient de 26,165 Md$ en 1984, ont au contraire diminué, en 1999, elles ne comptaient plus que 18,321 Mds ; pour la période 1999-2014, elles ont littéralement explosé, augmentant de 39 fois. Même situation pour l'Algérie, de 3,185 Md$ en 1984, ses réserves de change ont doublé en 1999, passant à 6,146 Md$ ; la période suivante 1999-2014, elles ont littéralement explosé, passant à 186,351 Md$, soit 29 fois par rapport à leur niveau de 1999.

Les autres pays émergents ne sont pas en reste. La Corée du Sud, par exemple, ses réserves de change sont passées de 2,849 Md$ en 1984 à 74,114 Md$ en 1999, augmentant de 26 fois ; pour la même période qui a suivi 1999-2014, elles ont atteint 362,835 Md$, augmentant de près de 5 fois.

Que peut-on dire de ce constat de faible hausse des réserves de change pour les pays les pays émergents et les pays exportateurs de pétrole, entre 1984 et 1999, et de très fortes hausses entre 1999 et 2014 ? Qu'en tant que processus naturel, le processus de hausse des réserves de change de ces pays porte toujours la marque de la «main invisible d'Adam Smith». En effet, pendant que les États-Unis guerroyaient en Afghanistan et en Irak, aidés par les pays d'Europe (OTAN), les déficits courants américains qui explosaient par des importations massives du reste du monde, le prix du baril de pétrole et l'or-métal en tant que contreparties monétaires aux émissions monétaires de la Banque centrale américaine (Fed) pour financer les déficits extérieurs, il était normal que ces pays engrangeaient année après année des excédents commerciaux, et donc des réserves de change considérables qu'ils ont accumulées et qu'ils plaçaient d'ailleurs aux États-Unis et en Europe.

Résumons : la «main invisible d'Adam Smith» a joué lorsque les États-Unis et l'Europe ont sommé le Japon de réévaluer le yen, ce qui a poussé le Japon à se tourner au milieu des années 1980 vers la Chine qui, par son formidable réservoir de main-d'œuvre disciplinée, travailleuse, et qui vite assimile la technologie des moyens modernes de production, et surtout son très bas coût de main-d'œuvre, auquel il faut ajouter le formidable débouché que représentait le marché chinois, ont changé les donnes mondiales. Le Japon, les États-Unis et l'Europe se sont trouvés malgré eux, forcés par les forces économiques, à délocaliser une grande partie de leurs industries qui n'étaient plus rentables compte tenu du haut coût de leur main-d'œuvre.

A cette situation déjà défavorable pour l'Occident, s'est ajoutée la guerre menée par les États-Unis, soutenus par les Forces de l'OTAN en Afghanistan ; en Irak soutenus par le Royaume-Uni, l'objectif était de mettre au pas l'Iran et l'Irak ; ce dernier sous embargo remettait en cause le dollar US comme monnaie de facturation de ses exportations monétaires contre nourriture ; le président Saddam Hussein qui avait demandé à facturer ses exportations pétrolières en euro a reçu un avis favorable de l'ONU ; et ces dépenses de guerre et le soutien de l'économie par la Réserve fédérale américaine (Fed) a terminé le reste ; c'est ainsi que la boucle a été bouclée.

L'Occident visait sa suprématie face au Japon et face à l'Iran et l'Irak ; le Japon visait à sortir du cul-de-sac d'un yen réévalué a entraîné tout l'Occident à sa suite ; la Chine, devenant une destination idoine pour des industries occidentales en faillite, s'est retrouvée propulsée, à son corps défendant, dès 2010, «deuxième puissance économique mondiale». N'est-ce pas un prodige la «main invisible d'Adam Smith» ?

Mais cette main invisible, on peut le penser, a de tout temps fait évoluer le monde, sauf que les puissances n'en prennent pas conscience. Reprenons la question que l'on a posée au début de cette analyse : Que peut-on dire des deux Guerres mondiales ? «Et là qu'en est-il de la main invisible d'Adam Smith ?»

Un nouveau conflit mondial est survenu en 1939. Mais le 2ème conflit n'est survenu que parce que le «boulevard des guerres mondiales» a été ouvert par la Première Guerre mondiale. Et l'enjeu a été toujours le même chaque courant belliciste visait ses intérêts propres ; que ce soit lors de la première ou de la seconde ; après la Première Guerre mondiale, deux courants se sont formés en Europe ; le courant expansionniste formé par les puissances de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon) et le courant conservateur formé par les puissances de l'Entente (France, Angleterre, Russie) qui entendaient conserver le statu quo sur leurs empires coloniaux ; la fin des deux guerres mondiales ouvra ce qui était attendu par la «main invisible» un «boulevard pour la libération des peuples d'Asie et d'Afrique» ; des peuples qui croulaient sous la domination coloniale ; pour certains peuples cette tutelle a duré plus de 200 ans, en l'occurrence l'Inde, l'Algérie 132 ans.

Force pour nous d'accepter la «main invisible d'Adam Smith» comme une loi herméneutique. Aussi, après cette analyse, qu'en est-il dans les années et décennies à venir pour le monde ?

Toujours la même «main invisible», en fait la «main divine» serait plus appropriée, elle est «invisible». Aujourd'hui nous constatons un véritable bras de fer économique entre les États-Unis et la Chine. La crainte est palpable pour la superpuissance américaine d'être supplantée sur le podium mondial par la Chine. Certes une possibilité réelle pour la Chine ; la toile qu'elle a construite sur pratiquement tous les continents sur le plan économique lui servira certainement ; la «route de la soie» pensée par Xi Jinping, le président chinois, en fait a commencé bien avant ; la toile que tisse la Chine sur le monde et va en se renforçant relève des «contingences nécessaires» de la marche du monde ; en fait, une «nécessité de fait» et donc qui arrive, qu'elle soit.

Évidemment, l'Occident n'est pas en reste, il affûte ses armes. Mais quelles armes ? Le protectionnisme ? La relocation de ses firmes ? Pour les firmes c'est déjà trop tard, la Chine a assimilé la science, les techniques, elle l'a prouvé en envoyant sur Mars un engin de fabrication, de technologie chinoise. Elle est en train d'assembler sa station spatiale, la deuxième après l'ISS (Station spatiale internationale). La main-d'œuvre occidentale restant toujours chère serait toujours un obstacle pour la remontée de l'Occident, à moins de baisser et d'être concurrentielle avec la main-d'œuvre chinoise. Donc en s'appauvrissant. Ou inversement, la main-d'œuvre chinoise d'être plus coûteuse, ce qui est peu probable du moins pour les temps actuels.

La dollarisation du monde va forcément reculer, mais l'Occident est retors ; le simple regard sur les politiques monétaires non conventionnelles menées par les grandes Banques centrales occidentales du monde montre qu'elles s'opposent à l'ascension de la Chine au rang de première puissance mondiale ; ces politiques monétaires non conventionnelles dites ultra-accommodantes alors qu'elles sont déflationnistes, signifient plutôt qu'elles sont restrictives et non accommodantes ; une énigme ou un «paradoxe naturel» qui entre dans la «main invisible d'Adam Smith».

Une question encore, le dollar US sera-t-il supplanté pas le renminbi chinois ? L'euro restera-t-il une monnaie européenne ? Les pays d'Opep continueront-ils à facturer leurs exportations pétrolières en dollar ? Les États-Unis qui ont évacué l'Afghanistan en 2021 vont-ils progressivement encore reculer du Moyen-Orient, et d'autres aires géostratégiques. Qu'en est-il de l'Europe que l'eurodéputée Nathalie Loiseau, ancienne ministre des Affaires européennes et diplomate de carrière, l'a qualifiée d'«une trop grosse Suisse molle».

La Russie a compris le recul, le déclin de l'Occident et impose aujourd'hui sa vision sur l'Ukraine, en massant 100 000 hommes armés à ses frontières. Le conflit au Dombass s'éternise, les peuples souffrent de la guerre, au Yémen, en Syrie... Ce qui explique, par le recul américain, l'établissement de relations diplomatiques, commerciales, économiques et culturelles de paix entre Israël, les Émirats arabes unis, Bahreïn. Le Soudan et le Maroc ont suivi, par intérêt compris, dans le contexte nouveau qu'ouvrent les Accords d'Abraham. Ces pays sentent un changement du monde en cours et veulent se prémunir par l'union de leurs pays. De même l'Union africaine qui inscrit Israël comme pays observateur. Ces pays préparent visiblement l'après-Amérique au Moyen-Orient qui s'opèrera un jour lorsque le pétrodollar perdra sa raison d'être pour les États-Unis.

Tout pouvoir exorbitant comme celui de l'Amérique deviendra un jour caduc ; toute puissance atteindra un pic puis redeviendra ce qu'elle a été, une puissance comme les autres, sans avantage qui la hisse au-dessus des autres ; ce processus est dans l'ordre de l'histoire comme l'ont attesté les puissances qui ont dominé les siècles et les millénaires passées. C'est une «Loi de l'histoire». Aucune nation ne peut trôner indéfiniment au-dessus des autres nations sinon il n'y a plus de sens à l'histoire de l'humanité. L'histoire ne s'arrête pas à une domination ; elle est toujours en mouvement, en progrès, et «menée par la main invisible».

Enfin une dernière question, elle porte sur la pandémie mondiale ? Relève-t-elle de la «main invisible» ? Compte tenu des bouleversements opérés sur le plan de la santé mondiale avec plus de 350 millions de contaminés et plus de 5 millions de décès en deux ans, la pandémie Covid-19 relève aussi de la «main invisible». Sauf qu'il faut comprendre le contexte dans lequel elle est apparue ; et surtout des bouleversements économiques mondiaux qu'elle a opérés ; elle n'est pas venue sans but ; il y a visiblement un but dans cette pandémie qu'il faut seulement décoder.

Il n'y a pas de hasard dans les événements qui arrivent à l'humanité, en particulier des événements mondiaux qui changent la marche de l'humanité, qui changent le cours de son histoire. Et la situation ne va pas s'arrêter là ; certes le SARS-Cov-2 très probablement sera oublié du fait qu'il disparaîtra comme il est venu ; mais le SARS-CoV-2 sous d'autres variants ou un SARS-CoV-3 ou 4 pourraient réapparaître pour débloquer ce que leur prescrira la «main invisible d'Adam Smith». Et ce sera comme ce qui s'est passé les siècles passés, les décennies passées, à l'instar des Guerres mondiales, qui ont rebattu la carte du monde ; à l'instar des crises et des guerres froides ou chaudes.

L'être humain que nous sommes doit se poser la question sur chaque événement qui survient et change la donne mondiale ; cette recherche est d'un intérêt vital pour sa survie, pour son progrès, pour sa prospérité ; autrement il sera balloté par non seulement des guerres froides et chaudes mais aussi des guerres sanitaires qui sont beaucoup plus insidieuses, plus sournoises, et ne lui laisseront pas de répit.

«Et la seule façon d'avancer est de «décrypter la main invisible» qui gouverne le monde. Le pourra-t-il ? Il importe qu'il doit s'y mettre ; puisque la main invisible est d'essence divine, cette essence est aussi en l'être humain ? l'humanité est créée par Dieu, elle ne s'est pas créée par elle-même ?, cela signifie qu'il le pourra. Tel est l'espoir de l'homme dans la marche du monde.»

*Auteur et chercheur indépendant en économie mondiale, relations internationales et prospective

 Note :

1. «Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776)». Livre IV : Des systèmes d'économie politique (Texte intégral)

http://classiques.uqac.ca/classiques/Smith_adam/richesse_des_nations/livre_4/richesse_nations_L4.html