Le Front
Polisario entame-t-il une nouvelle phase dans sa lutte contre l'occupation du
Sahara occidental par le Maroc ? A l'occasion d'une première tournée dans la
région de l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU, pour le Sahara
occidental, Staffan de Mistura,
qui l'a mené au Maroc et dans les camps des réfugiés sahraouis, à Smara, en
attendant de se rendre dans les deux pays voisins, en Algérie et en Mauritanie,
les membres du Conseil consultatif sahraoui ont soulevé leur revendication
relative à «l'indépendance nationale totale». C'est ce qui a été dit à M. Staffan de Mistura, lors de ses
discussions avec les responsables du Front Polisario, dans les camps de
réfugiés. La même revendication a été soulevée vendredi dernier, avant son
arrivée dans les camps des réfugiés, par le représentant du Front Polisario à
l'ONU, Sidi Mohamed Ammar, qui a annoncé à la Communauté internationale que son
mouvement «ne considère plus le référendum d'autodétermination comme une
solution possible, mais s'accroche directement à son droit légitime à
l'indépendance totale du Sahara occidental». En termes plus collaboratifs, les
membres du Conseil consultatif sahraoui ont souligné, dans ce contexte, que «le
référendum demeure une solution médiane acceptable». Si certains y voient une
hausse de ton du Front Polisario conjoncturelle, en lien avec la visite de
l'envoyé spécial du SG de l'ONU, les Sahraouis rappellent que la situation a
changé depuis le mois de novembre dernier, quand le Maroc a violé le
cessez-le-feu, en envoyant ses troupes militaires dans la zone tampon d'El Guerguerat. Depuis, on est dans une logique de
confrontation militaire et de blocage du processus de règlement pacifique du
conflit, et la situation peut se radicaliser davantage.
Peut-être
que tout l'avenir repose sur cette mission de M. Staffan
de Mistura. Arrivera-t-il à concilier les points de
vue des deux parties en conflit ? Si le Maroc a réitéré,
jeudi dernier, en recevant le nouvel émissaire de l'ONU, son soutien à la
reprise du «processus politique» sous l'égide des Nations Unies pour régler le
conflit du Sahara occidental, soit la mise en application d'un plan d'autonomie
sous sa souveraineté, le Front Polisario plaide, pour sa part, «pour une
indépendance nationale totale», en invitant le nouvel émissaire du SG de l'ONU
à bien peser «les raisons de l'échec de toutes les démarches et processus
engagés, et les efforts des précédents envoyés spéciaux du SG de l'ONU».
De Mistura arrive-t-il à un moment où le conflit a
atteint une voie sans issue ? Pourra-t-il trouver une
nouvelle issue qui éviterait une guerre ouverte entre les deux parties ? Tout
le monde s'accorde à dire que la mission de M. De Mistura
est très difficile, mais tout le monde doit bien se rendre à l'évidence de la
fin nécessaire du statu quo qui a, jusque-là, prévalu dans ce conflit.