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L’optimisme de l’Opep

par Akram Belkaïd, Paris

En ces temps incertains, un peu de mesure et même d’optimisme ne peuvent que faire du bien. C’est en tous les cas ce cocktail quelque peu revigorant –n’exagérons pas trop non plus– que vient de nous offrir l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Commençons d’abord par commenter son jugement sur 2021. Une année où la demande pétrolière, épidémie de Covid-19 ou pas, a augmenté de 5,7 millions de barils par jour (mbj) à 96,6 millions de mbj. La preuve que l’économie mondiale a repris sa marche en avant même si, bien entendu, d’importantes disparités existent.

Et 2022 ? A l’heure des rétrospectives et des bilans, l’Opep se risque à des prévisions assez encourageantes. La demande mondiale devrait ainsi progresser de 4,2 mbj pour franchir la barre symbolique des 100 mbj (100,8 mbj). En clair, selon l’Organisation, l’économie mondiale et ses principales locomotives (Chine, États-Unis, Allemagne) ne vont pas fléchir.

Pour autant, la prudence reste de mise. Le Cartel estime que l’épidémie de Covid-19 demeure le facteur principal en matière de détermination de l’équilibre du marché. C’est elle qui peut, si elle s’aggrave, provoquer une baisse brutale de la demande et, dans la foulée, tirer les prix du baril vers le bas.

Mais l’Opep juge toutefois que le variant Omicron que l’on met actuellement à toutes les analyses aura un « impact modéré ». Son existence et sa diffusion rapide ne remettent pas en cause, du moins pour le moment, la hausse graduelle de l’offre des pays exportateurs. En novembre, ces derniers ont mis sur le marché un excédent de 285.000 barils par jour (bj), grâce notamment aux pompages supplémentaires de l’Arabie saoudite, de l’Irak et du Nigeria. Cet optimisme de l’Opep se mesure dans la majorité des études publiées par les grandes banques d’affaires anglo-saxonnes pour ce qui est de l’année 2022. Une reprise qui se poursuit, une Chine qui garde les rênes du dynamisme économique et des pays industrialisés comme les États-Unis et leurs alliés européens qui gardent un œil sur l’inflation, conséquence directe d’une croissance soutenue.

On relèvera toutefois que nombre de points inquiétants sont trop peu abordés. Quid de la vaccination dans les pays du Sud. Si rien de sérieux n’est fait sur ce sujet : dons, transferts de doses et d’équipements (certains pays reçoivent des vaccins mais pas de seringues…) et, pourquoi pas gratuité du brevet, de nombreux pays où sévit la pandémie continueront à être des incubateurs de variants, retardant la sortie du cauchemar. De même, on commence à relever plusieurs attaques sur les devises des pays émergents, à l’image de la Turquie.      C’est l’une des conséquences des anticipations de hausse des taux aux États-Unis (hausse des taux signifie meilleure rémunération des placements). Cela fait planer l’ombre d’une nouvelle crise monétaire d’envergure. Mais, à l’heure du retour de la croissance, qui s’en soucie vraiment ?