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Le commerce extérieur français en déclin

par Akram Belkaïd, Paris

A bien des égards, l’économie française ressemble à celle d’un pays en voie de développement. Cette conclusion n’est pas celle d’un contempteur de l’Hexagone mais on la retrouve dans les commentaires accompagnant un rapport du Haut-commissariat au plan à propos des déboires du commerce extérieur français. Pour résumer, les exportations de ce pays ne sont pas à la hauteur de son rang de sixième (ou cinquième, selon les classements) puissance économique mondiale.

Déficit et désindustrialisation

En moyenne, au cours de la dernière décennie, le déficit commercial français a atteint 75 milliards d’euros (80 milliards d’euros en 2020). A l’opposé, l’Allemagne engrange 200 milliards d’euros d’excédent (ce qui lui pose d’autres problèmes, notamment quoi faire de cet argent). De fait, c’est l’histoire d’un déclin qui intervient à partir de la fin des années 1980. En 1990, les exportations françaises comptaient pour 6,3% du total mondial. En 2019, cette part était tombée à 3%. Autre exemple, le déficit bilatéral avec l’Allemagne a quasiment doublé en vingt ans, passant de 8,3 milliards d’euros en 2001 à 15,21 milliards en 2019. Quelles sont les raison d’un tel recul ?

Il y a d’abord la mondialisation et ses effets en matière de délocalisation. De nombreuses industries ont quitté la France pour s’installer dans des pays à faibles coûts salariaux. Des usines entières ont été démantelées pour renaître en Chine, au Vietnam ou au Bangladesh. Ceci accompagnant cela, il y a le choix stratégique d’opter pour les services au détriment de l’industrie. Que l’on se souvienne des discours des années 2000 où nombre de responsables économiques et politiques célébraient l’avènement du tertiaire et le commerce sans usines (sans ajouter que cela signifie sans employés).

Perte d’influence

Concrètement, la France continue encore d’exporter massivement des produits de base mais se retrouve acheteuse nette de produits transformés. C’est le cas pour les céréales, le bois ou le lait. Plus important encore, elle doit aussi importer les machines et équipements qui servent à produire ces ressources de base (moissonneuses, machine pour laiteries, etc.). Pour bien illustrer la situation, François Bayrou, commissaire au plan, a relevé que son pays était le premier exportateur mondial de pomme de terre mais qu’il était obligé d’importer des chips… D’où les comparaisons avec des pays du Sud incapables de monter en gamme en matière de valeur ajoutée à l’image de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao mais qui importe du chocolat.

Dans les conclusions que tirent les officiels français en ce qui concerne le recul de leurs exportations il en est une qui manque ou qui n’est que discrètement abordée. Depuis le début des années 1990, c’est dans son ancien pré-carré que le «made in France» a été concurrencé par les produits chinois, turcs ou même sud-africains. Hier les marchés étaient assurés, pour ne pas dire captifs. Ils sont devenus peu à peu ouverts et, faute d’argument compétitifs, les ventes françaises ont diminué.