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Covid -19 : Variant «Omicron» : Bénin ou dangereux ?

par M. Bouchakour*

Quand un virus contamine et se répand à l'intérieur d'un organisme, il doit répliquer de manière fidèle son matériel génétique composé de nucléotides (protéines) ceci afin de s'adapter, d'assurer sa survie et rester plus efficace à entretenir la maladie, c'est «son job» !

Parfois, cette opération de recopiage peut faire l'objet d'erreurs, soit en oubliant ou en ajoutant des nucléotides ; il en résultera une mutation qui sera à l'origine de l'apparition d'un virus légèrement «différent de l'original» appelé «variant».

C'est pour cela que l'apparition de variants est considérée comme un processus naturel dans l'histoire des virus. Il n'y a rien d'extraordinaire !

Les nouveaux variants ne sont pas obligatoirement plus dangereux ou plus infectieux que le virus d'origine.

Dernièrement, en réponse aux restrictions de voyages, décidées, en quelques heures, par des pays, initialement européens, qui venaient juste de s'ouvrir au monde, puis suivis par de nombreux autres, de et vers, les pays d'Afrique Australe, créant, par voie de conséquence, un vent de panique, l'OMS a dû appeler à ce que les frontières restent ouvertes et ne pas céder à la psychose généralisée.

Cette décision avait provoqué un sentiment de punition ressentie par le pays qui a détecté le variant et risquerait d'avoir un effet pervers dissuasif sur les autres.

Selon la présidente de l'Association des médecins sud-africains, Angélique Coetzee, lors d'une déclaration sur la chaîne britannique ?BBC', à propos des personnes infectées par le nouveau variant du coronavirus ?Omicron' découvert récemment le 18/11/2021, elle a indiqué que celles-ci ne sont pas gravement malades pour l'instant ; «Les patients se plaignent surtout d'avoir les muscles endoloris et une fatigue extrême, a-t-elle déclaré. On le voit au sein de la jeune génération, pas chez les personnes âgées», et que, jusqu'à présent, les patients infectés par le nouveau variant ?Omicron' du coronavirus responsable du Covid présentaient des symptômes très légers a-t-elle ajouté.

«Ce que nous voyons maintenant en Afrique du Sud et rappelez-vous que je suis à l'épicentre, est extrêmement doux» Ce variant ne nécessiterait pas une hospitalisation immédiate des patients.

Au début, elle avait remarqué des symptômes plutôt inhabituels présentés par certains de ses patients qui se plaignaient, en effet, d'une extrême fatigue mais sans perte ni du goût ni, de l'odorat. «Leurs symptômes étaient tellement différents et plus légers que ceux auxquels j'avais été habituée» !

Le 1er patient et les autres membres de sa famille ont été testés positifs au Covid, ils avaient tous des symptômes «très, très légers».

Devant la réaction qui me paraît disproportionnée , de nombreux pays dans le monde, au regard des connaissances actuelles de la science, dont les scientifiques sud-africains ont fait preuve, entre autres en matière de professionnalisme et d'honnêteté intellectuelle, voilà que l'OMS se voit tenue de «demander aux dirigeants du monde entier de ne pas réagir de manière impulsive» et de privilégier une «approche scientifique, fondée sur les risques».

A tel point que le gouvernement sud- africain a dû, lui aussi, réagir et a estimé «être puni pour son séquençage génomique avancé et sa capacité à détecter plus rapidement (que d'autres pays dans le monde !), de nouveaux variants.

Dans certains pays européens développés les résultats du séquençage demandent 02 à 03 jours !

L'excellence scientifique aurait dû être applaudie et non pas punie», et «n'avoir rien à se reprocher et dénonce sa stigmatisation pour être l'annonceur de mauvaises nouvelles» a estimé le gouvernement samedi, deux jours après l'annonce de cette découverte, baptisée ?Omicron' par l'OMS qui ont immédiatement fermé leurs frontières avant même d'en savoir plus sur sa dangerosité, évoquant une réaction de «panique». Alors que «de nouveaux variants ont été détectés dans d'autres pays et chacun de ces cas n'ayant aucun lien récent avec l'Afrique australe, il convient de noter que la réaction à l'égard de ces pays est radicalement différente de celle des cas à l'égard de l'Afrique» !

Une semaine après la détection du nouveau variant ?Omicron' à Pretoria, en Afrique du Sud, les analyses des eaux usées confirment une circulation dense de la mutation du virus.

Sans préjuger de sa dangerosité, en l'attente d'informations supplémentaires, dans les jours à venir, une chose est certaine: «Omicron» circule très fortement dans la ville de Pretoria et ce, depuis quelques semaines déjà. «En quelques semaines à peine, à Pretoria en Afrique du Sud, la charge virale détectée dans les eaux usées a atteint des niveaux similaires au pic de Delta», mais transmission rapide ne veut pas forcément dire dangerosité accrue du variant. «Les cas détectés sont faibles alors même que les charges virales des eaux usées sont élevées» !

Bien que prônant toujours la vigilance et très certainement afin de mettre fin à une «forme inavouée de défiance», pourrions-nous dire, vis-à-vis de toute donnée scientifique qui proviendrait d'Afrique, l'OMS a salué la «rapidité et la transparence avec lesquelles les gouvernements d'Afrique du Sud et du Botswana ont informé le monde de ce nouveau variant».

Un «courage» de la part de ces pays, selon la docteure Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique, «il est crucial que les pays qui sont transparents avec leurs données soient soutenus». «C'est le seul moyen de s'assurer que nous recevons les données importantes en temps opportun.» «Même si ?Omicron' n'est pas cliniquement plus dangereux et que les premiers signaux ne sont pas encore alarmants, nous allons très probablement assister à une augmentation des cas en raison de la rapidité de la transmission», a averti M. Abdool Karim épidémiologiste sud-africain lors d'une conférence de presse en ligne du ministère de la Santé. «Il n'y a pas lieu de paniquer.

Nous sommes déjà passés par là, a martelé le ministre de la Santé, Joe Phaahla, rappelant que le pays a déjà fait face aux variants Beta et Delta. «Dans les prochains jours ou semaines, nos scientifiques auront les réponses».

Il me semble utile de préciser aussi que le variant Omicron a été détecté, en Europe ou ailleurs, chez des personnes ayant pris l'avion pour voyager et dans lesquels des protocoles sanitaires drastiques sont mis en place avec présentation obligatoire d'un «passeport sanitaire».

Alors que s'est-il passé pour que le variant ?Omicron', venant d'Afrique, entre avec une facilité déconcertante dans des pays disposant d'un arsenal de protection «anti-Covid» qu'ils présentaient comme étant d'une efficacité redoutable et dont de nombreux pays africains s'en inspirent chez eux !

Pour rappel, la 5ème vague qui sévit, actuellement, en Europe ayant atteint un taux de vaccination avoisinant les 70-80% notamment en Europe de l'Ouest, et dans lesquels les attroupements, en milliers de personnes, étaient ré-autorisés ces dernières semaines dans les stades et autres lieux publics, touristiques ou de culture, est due au variant ?D'elta', non pas l' ?Omicron' ! En attendant des réponses plus claires ne paniquons pas, restons toujours vigilants et continuons à respecter scrupuleusement les gestes barrières que je considère comme le moyen le plus efficace de lutte contre la transmission du virus entre nous ; le port du masque en extérieur ou en réunion, le lavage des mains, et le maintien d'une distance assez raisonnable entre les personnes.

En effet, car pour empêcher la transmission du virus d'une personne à une autre, il faut bloquer l'entrée de celui-ci dans les voies aériennes (nez, gorge, yeux et poumons), et ceci n'est pas le rôle du vaccin mais celui du masque de protection» et du lavage des mains. Variant ou pas, un virus est un virus, quel que soit le nom qui lui est attribué, et seules des mesures strictes s'imposent et doivent être respectées, afin de rompre la chaîne de transmission interhumaine en interdisant ou en limitant les brassages des personnes et en vérifiant son application sur le terrain et en respectant toutes les mesures distanciation ! Il ne saute pas, il ne vole pas, il ne traverse pas de force les masques, c'est nous-mêmes qui l'introduisons dans notre organisme lorsque nous ne respectons pas les mesures de protection qui sont sans cesse répétées, à qui veut bien les entendre, depuis bientôt 02 ans !

Des espoirs sont proches avec une avancée majeure dans la lutte contre la pandémie grâce au médicament antiviral, «molnupiravir» , du Laboratoire américain Merck et commercialisé sous le nom ?Lagevrio' déjà approuvé en Grande-Bretagne début novembre et aux USA , hier mardi, par la FDA, Agence américaine des médicaments; le gouvernement fédéral américain ayant commandé 3,1 millions de traitements à Merck, c'est-à-dire 02 comprimés par jour pendant 05 jours qui réduirait de 30% le taux d'hospitalisations et de décès chez les patients à risques .

*Pr - Médecin chef - Service de Neurochirurgie CHUO, Oran

Sources :

1/- FDA advisers vote to recommend authorization of a pill to treat Covid-19

By Maggie Fox and Jen Christensen, CNN

Updated 1659 GMT (0059 HKT) December 1, 2021

2/ - ?Omicron' : les symptômes du nouveau variant du Covid-19, selon le médecin qui l'a découvert en Afrique du Sud BBC News / Afrique, 29 novembre 2021

3/- Covid-19 : des experts américains évaluent la pilule de Merck. Par SudOuest.fr avec AFP, Publié le 30/11/2021 à 17h04