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Les marchés et Omicron

par Akram Belkaïd, Paris

La séance aurait dû être tranquille. Un vendredi pas comme les autres, un lendemain de fête, Thanksgiving, qui est aux États-Unis la vraie fête familiale nationale. Bref, en règle générale les marchés financiers se tiennent tranquille, les opérateurs absents étant nombreux (c’est la seule fois dans l’année où les Américains n’ont pas de scrupules à faire le pont). Et puis, patatras. Des initiales inconnues sont sur toutes les lèvres et les écrans : B.1.1.529. Autrement dit la première désignation du nouveau variant du coronavirus désormais désigné par le nom « Omicron ». L’annonce de l’identification de ce variant en Afrique du sud a provoqué une chute brutale des cours. A titre d’exemple, le Dow Jones, indice phare de Wall Street, a perdu 2,53% à 34.899,34 points, soit son plus gros repli de l’année. Tous les autres marchés ont dévissé, en Asie comme en Europe. « Big drop ».

Craintes pour la reprise

Que craignent les marchés ? La réponse est simple. Même si aucune étude n’a été encore rendue publique, le variant pourrait être plus contagieux et, peut-être, plus virulent. C’est-à-dire que cela pourrait déboucher sur une nouvelle crise sanitaire d’envergure dont l’un des effets immédiats serait de tuer la fragile reprise de l’économie mondiale. Il n’est pas étonnant de voir que c’est le secteur aérien qui a le plus perdu en Bourse. La fermeture des frontières par de nombreux pays signifie que cette activité est de nouveau plongée dans l’incertitude et les compagnies aériennes ne cessent de voir leur valorisation boursière diminuer.

D’autres secteurs ont été touchés : les loisirs, l’hôtellerie, la restauration, la grande distribution, etc. Ainsi, tout ce qui risque d’être perturbé par de nouvelles mesures sanitaires restrictives a été délaissé par les marchés. Scénario classique, quelques jours plus tard, des achats à bon compte ont permis à ces valeurs de se redresser un peu mais la tendance baissière demeure. Dans les jours qui viennent, chaque annonce sur les propriétés d’Omicron seront analysées de près par les marchés. Que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dise que ses conséquences sont mineures et cela sera l’euphorie. Parions même que le Dow Jones battra un nouveau record historique. A l’inverse, toute alerte négative sera suivie d’une débâcle boursière d’envergure.

Quid des brevets ?

A ce stade, on reste curieux de savoir comment les marchés réagiraient si, demain, un accord international est trouvé pour que les brevets des vaccins soient mis dans le domaine public pour permettre aux pays du Sud de les fabriquer et d’augmenter leur taux de vaccination. Ce dernier est encore trop faible, notamment en Afrique et y compris au Maghreb. Au premier abord, cet abandon des brevets serait une bonne nouvelle mais, dans le même temps, les marchés en feraient une lecture légèrement différente : bonne nouvelle pour l’économie mondiale, certes, mais mauvaise pour les compagnies pharmaceutiques qui engrangent de gros bénéfices depuis plusieurs mois.