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Le bitcoin à 100.000 dollars ?

par Akram Belkaïd, Paris

La question est simple et alimente d’interminables débats : le bitcoin va-t-il atteindre les 100.000 dollars l’unité d’ici la fin de l’année ? A l’heure où cette chronique est rédigée, il touchait les 62.000 dollars et nombre d’analystes sont persuadés que le cycle haussier est parti pour durer. Rappelons néanmoins que cette cryptomonnaie a connu un gros trou d’air en juin dernier en tombant à 30.000 dollars. Personne n’ignore donc aujourd’hui que la valeur de cette monnaie est hautement erratique et que rien ne permet d’affirmer qu’une nouvelle chute est impossible.

Wall Street s’y met

Si la prudence est de mise, il reste que de nombreux signaux contribuent à renforcer la crédibilité de cette monnaie. On sait aujourd’hui que toutes les grandes entreprises cotées en Bourse, notamment celles qui composent les principaux indices (Dow Jones, FTSE 100, CAC40, etc.) possèdent du bitcoin dans leurs actifs. L’éditeur américain de logiciels Microstrategy arrive en tête des investisseurs avec, au dernier pointage, 114.042 bitcoins, soit près de trois fois plus que Tesla (42.902) dont le patron Elon Musk est l’un des laudateurs les plus connus de cette monnaie. Selon Goldman Sachs, 40% des clients de cette banque d’affaires possèdent du bitcoin et, parmi ces derniers, 22% sont persuadés qu’il atteindra les 100.000 dollars. Le temps où Wall Street mettait en garde contre les cryptomonnaies -qui remettent en cause le monopole des banques sur les moyens de paiements- est terminé. Tout le monde essaie de mettre le pied dans ce système, quitte à privilégier d’autres cryptomonnaies jugées moins spéculatives.

Dans les faits, il est aussi des seuils qui ont valeur de symbole. Aujourd’hui, un bitcoin coûte plus cher qu’un kilogramme d’or. Certes, le cours de l’or est moins volatil même s’il existe une certaine spéculation autour de sa valeur. Mais le métal jaune comme le bitcoin ont en commun la rareté. Rareté physique pour l’un, rareté «numérique» pour l’autre puisque, il faut le rappeler, le nombre de bitcoins ne peut excéder les 21 millions d’unités (20 millions ont été créées jusqu’à présent). Quand on sait qu’une partie de ces 20 millions est définitivement perdue, les propriétaires ayant, par exemple, oublié le mot de passe pour accéder à leur portefeuille de bitcoins, on comprend pourquoi la valeur de la cryptomonnaie tend à augmenter. Ce n’est pas encore une monnaie de réserve pour le long terme mais cela commence à y ressembler.

Prisé par les criminels

Un autre élément qui renforce la popularité du bitcoin vient de son emploi fréquent par les groupes criminels. Aussi paradoxal que cela puisse être, cet usage, aussi illégal soit-il, tend ainsi à «normaliser» l’usage de cette monnaie. Aujourd’hui, nombre de rançonlogiciels (en anglais, «ransomwares») sont payés en bitcoins.
Des paiements qui présentent l’avantage de la discrétion et de l’immédiateté. Il est plus simple de transférer dix bitcoins d’un point à l’autre du globe que de passer par deux banques classiques pour un paiement de 600.000 dollars. De même, les groupes criminels ont tendance à privilégier cette monnaie dans les transactions entre eux.