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Santé, approches volontaristes et participatives

par Amrani Ahmed

«L'important n'est pas de vivre mais de vivre bien» Socrate

Cette contribution est motivée par le souci d'apporter une dimension plus réaliste, une approche plus globale à ce noble concept de santé qui est parfois réduit aux infrastructures sanitaires et aux prestations de soins.

L'enjeu primordial et ultime d'un système de santé, c'est la santé physique, mentale et le bien-être de toutes les composantes démographiques de la population. La définition de la santé de l'OMS: «La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité».

La contribution de mon confrère et ami M. Bouchakour au Quotidien d'Oran du 03/10/2021 s'articule essentiellement autour des aspects financiers, de gestions administratives et techniques ainsi que la qualité du personnel soignant. Cet aspect de la santé publique est certes fondamental mais occulte les interventions en amont qui freinent ou du moins atténuent notablement le développement des maladies transmissibles et non transmissibles et, par conséquent, les services de santé seront largement soulagés financièrement et plus performants. Les différentes politiques sanitaires de notre pays, depuis l'indépendance à ce jour, ont apporté énormément au point de vue formation du personnel soignant, de lutte, voire d'éradication de certaines maladies infectieuses (paludisme poliomyélite, variole, etc.), la réduction de la mortalité périnatale, d'infrastructures de proximité et de centres hospitalo-universitaires.

Un système de santé est global dans son élaboration du fait que l'ensemble des institutions dotées d'un pouvoir public, les associations nationales, voire internationales, les ONG et les médias, disposant de prérogatives à même d'apporter leurs contributions directes ou indirectes, restent indispensables à tout modèle de politique sanitaire par leurs actions au plus près des besoins de prévention, de sensibilisation et d'équité. Les textes juridiques et règlementaires disponibles en Algérie, en faveur de la promotion et la protection de la santé, abondent dans ce sens.

De nouveaux paramètres invitent à repenser périodiquement les actions à mettre en œuvre pour actualiser et optimiser les moyens de réussite d'une politique sanitaire globale et élargie tels que le développement durable, les changements climatiques, l'allongement de l'espérance de vie, les maladies émergentes et les technologie innovantes.

Les déterminants de la santé

A chaque étape de la vie, l'état de santé des individus est tributaire de l'interaction de plusieurs facteurs. La démographie et la pyramide des âges orientent les planifications inhérentes à chaque tranche d'âge (enfance et petite enfance, adolescence, populations actives, seniors) et groupes aux besoins spécifiques.

- La tranche d'âge de la petite enfance et l'enfance requièrent une attention particulière compte tenu de leur fragilité physique et mentale. Les différents contextes initiatiques, familiaux, scolaires, sportifs, culturels, loisirs, assurent incontestablement une santé physique et mentale, et un bien-être pourvu que les conditions de protection, d'éducation, de bienveillance soient réunies.

- L'adolescence est la période la plus cruciale dans le développement et la construction de l'adulte en devenir. Période d'affirmation de soi, de questionnement existentiel, de socialisation et de comportements à risques. Donc, les divers intervenants dans ce parcours de maturation tels que la famille, le milieu scolaire, les structures sportives et de loisirs, jusqu'à l'âge adulte, sont censés offrir des environnements de construction de soi, d'une socialisation emprunte d'humilité, une sensibilisation aux fléaux sociaux et un épanouissement à la mesure de cette population juvénile.

- Les populations actives exposées à de multiples risques au sein de leurs lieux de travail et en dehors sont en droit d'attendre des mesures de sécurité spécifique à leur activité et des conditions d'ergonomie optimale sous l'autorité de l'employeur et de l'action de la médecine du travail.

- Les seniors, avec l'espérance de vie qui s'allonge, sont souvent sujet à des maladies chroniques (diabète, hypertension artérielle et cardiovasculaires) sans omettre les troubles dus à la perte des capacités cérébrales suite aux démences séniles ou à des maladies neurodégénératives, dont les plus vulgarisées sont la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson. Susceptible à la perte d'autonomie et aux troubles de la mémoire, ce groupe de la population dont la prise en charge familiale ou en institution est laborieuse et délicate, nécessite un personnel et des structures adaptés à la gériatrie dans le respect et la dignité de la personne humaine.

- Les groupes aux besoins spécifiques bénéficient de toute l'attention accordée à l'ensemble de la population générale et un effort supplémentaire d'intégration dans le circuit scolaire, de travail, de loisirs, voire les sports de compétition.

Les stratégies de la promotion de la santé

Les stratégies et les plans nationaux, à court ou à long terme, s'appuient sur un financement à la mesure des objectifs de la promotion de la santé collective. Hormis la quote-part proportionnellement rapportée au PIB et définie par le gouvernement dans les lois de finances, les différents secteurs de la gouvernance sont mis à contribution par obligation légale et réglementaire.

Des intervenants complémentaires essentiels à l'accompagnement et parfois à la contestation envers les décideurs inconscients, voire indifférents à la santé de la population.

- Les sociétés savantes et scientifiques mettent à la portée des gouvernants les progrès et les mesures appropriées à prendre en matière de santé.

- Les associations de malades, de consommateurs, écologiques, voire des syndicats sont des partenaires qui s'impliquent efficacement en s'organisant et défendant leurs droits dans les perspectives favorables à une santé meilleure.

- Les pouvoirs publics veillent au respect des normes sanitaires et sécuritaires. De nombreux textes de loi mettent à leurs dispositions des outils de sensibilisation, de dissuasion et de répression.

Conclusion :

Les multiples indicateurs et paramètres qui entrent dans les évaluations d'un système de santé, reflétant le niveau et la qualité de la santé des habitants d'une nation, intègrent au-delà du degré de couverture sanitaire, les composantes socioéconomiques, environnementales et culturelles.

Les pays bien lotis dans les classements à l'échelle mondiale tels que le Japon, le Danemark, la Norvège, la Corée du Sud, etc., ont des modèles sanitaires différents, mais les dispositions pour une bonne qualité de vie des personnes sont analogues. Le vieil adage : «mieux vaut prévenir que guérir», prend toute sa place dans cette modeste contribution.

*Docteur en médecine.

Bibliographie :

- Constitution de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)

- Charte d'Ottawa 1986

- ONU 2015, les objectifs de développement durable horizon 2030

- Loi n° 18-11 du 2 juillet 2018 relative à la santé (JO)

Billet sur la Mémoire de la médecine en Algérie

Un fait historique qui peut paraître anecdotique et conjoncturel pendant quelques années post-indépendance, est la décision et l'autorisation par le ministère de la Santé dirigé par le Dr Mohamed Seghir Nekkache de la vente au niveau des épiceries de trois produits pharmaceutiques.

-ASPRO (aspirine ou acide acétyle salicylique) qui est un anti-inflammatoire et un antipyrétique. Mais l'objectif est de lutter contre les rhumatismes articulaires aigus (RAA), car l'aspirine était le primo- traitement avant la découverte de la pénicilline.

-LA QUININE (hydroxychloroquine) est le traitement préventif et curatif du paludisme qui sévissait largement à cette époque.

-AURÉOMYCINE pommade ophtalmique à base de tétracycline à 1% préconisée dans le traitement des conjonctivites bactériennes et le trachome et prévenir des troubles visuels, voire de la cécité.

L'évaluation de l'impact de cette mesure sur les pathologies sus-citées n'est pas connue. Cette exception en ces circonstances est proscrite actuellement au même titre que l'automédication, toutefois, certains pays réglementent une liste de produits en vente libre en pharmacie.