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Affaires (publiques)... A suivre !

par Belkacem Ahcene Djaballah

Dans sa récente intervention, en ouverture de la rencontre Gouvernement-Walis, tenue au Palais des Nations de Club des pins, le Chef de l'Etat a abordé plusieurs aspects de la gestion du pays. Deux points ont retenu mon attention et méritent d'être discutés :

1/ Selon lui, «les élections locales du 27 novembre se feront loin de l'argent sale et les walis doivent être très vigilants pour ce qui est des candidatures des hommes d'affaires». Tout en révélant qu'«on a découvert 750 candidatures issues de l'argent sale pour les dernières élections législatives», que «2 partis avaient près de 500 à eux seuls», et en indiquant que si «dans les grandes communes, on peut faire de la politique, les P/Apc des petites communes doivent se consacrer au développement». Par grandes communes, certainement, entendait-il celles relevant des métropoles comme Alger, Oran, Constantine, Annaba, etc., en général se voyant souvent chargées de gérer des problèmes économiques et sociaux d'envergure nationale et même, pour certaines d'entre-elles, internationales. Villes qui sont appelées à avoir des statuts particuliers à l'instar de ce qui fut appliqué pour Alger, alors transformée en ?Gouvernorat', ce qui était un peu exagéré, le Gouverneur étant devenu un super «politique» et ce qui lui valut d'être, par la suite, «dégradé», le pouvoir central du moment ne supportant pas la concurrence. Toutes les autres communes, petites et moyennes, de toute manière n'ayant pas ou plus les moyens d'être «politiques» (la quasi-totalité du patrimoine de valeur -terrains et immobiliers- ayant été déjà largement «accaparée», donc, presque plus rien à «négocier») devront donc se limiter au développement de leur territoire et de leur population. Une mission très, très difficile mais bien plus noble que celle qui échoit aux responsables des grandes villes, déjà bien pourvues en moyens et en cadres et plus proches des «centres de décision». C'est ce qui fait que les électeurs des prochaines élections locales, tout particulièrement à l'intérieur du pays, doivent prendre conscience des enjeux locaux, pour agir en conséquence et choisir non le plus bavard, le plus ancien, le plus gradé, le plus «friqué», le plus «filou», le plus «influent», le plus «introduit», mais le plus et le mieux formé, le plus compétent (en termes de formation scolaire et/ou universitaire) et, surtout le plus capable, c'est-à-dire ayant déjà prouvé, sur le terrain, ses réussites, son engagement, sa solidarité, sa disponibilité ainsi que sa rigueur (et sa vigueur) et son strict respect de la loi et de la propriété (publique et privée), se suffisant de ce qu'il possède et pas «affairiste» pour un sou, en perpétuelle recherche, pour lui et sa «tribu», d'avantages matériels et d'on ne sait quel «poste» ou nomination. Représentatif, actif, productif et honnête !

2/ Une fois de plus, au titre de «la protection des cadres», il a affirmé qu'il a «informé tous les services de Sécurité, la justice qu'il y a interdiction absolue de déclencher des enquêtes sur la base de lettres anonymes et ce, quelles qu'en soient les situations». Pour lui, «les lettres anonymes sont pour décourager les cadres et freiner le développement du pays». Et, «les enquêtes doivent être centralisées après obtention d'une autorisation des responsables habilités, pour qu'on ne lèse personne. Donc, il est interdit de déclencher des enquêtes localement». Il recommande «à ceux qui les (lettres anonymes) envoient, les médias sont là, celui qui veut dénoncer, dénonce» ! Bravo à Mâamar Farah (Le Soir d'Algérie) qui a déjà commencé ce jeudi en dénonçant vigoureusement le cadastre de M'daourouch et la conservation foncière de Sédrata pour obtenir un livret foncier et la Badr de Guelma pour obtenir un crédit bancaire. Au suivant !

D'accord sur le premier point d'autant qu'il y a une médiature, laquelle est le relais idoine. Et, heureusement qu'il y a la presse, ses journalistes et depuis un certain temps, les réseaux sociaux; ceux transparents, organisés en entreprise de presse, et animés de bonnes intentions, cela va de soi. Car, il ne faut pas l'oublier, le rôle de la presse, en particulier (plus important que celui des réseaux sociaux individuels ou de groupes - qui font du «journalisme de l'éphémère»- car le journaliste bien-né accompagne généralement ses publications d'informations recoupées et vérifiées) a été, pour ce qui concerne la dénonciation de la corruption, entre autres (il y a aussi, bien d'autre dérives), a été le plus important, sinon le plus expressif et le plus révélateur, publiquement, avec tous les risques que cette démarche impliquait aux époques des divers «terrorismes», le «hard» des années 90 (110 journalistes et travailleurs de la presse assassinés entre 1993 et 1997) puis les «softs» qui ont suivi. Méthodes de gestion (des affaires publiques)... à suivre !