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La pointure du monde

par Abdou BENABBOU

Le monde est parfois perçu et identifié par des tenants de fausses vérités comme une paire de chaussures et chacun d'eux voudrait que sa pointure soit à la mesure de ses pieds. Il en est souvent ainsi pour de nombreux privilégiés contrariés de ne pas constater que la majorité de leurs sociétés n'est pas conforme à l'idéal de ce qu'ils voudraient qu'elle soit en occultant leurs histoires et leurs origines. Le plus incommodant est qu'ils sont toujours à l'avant-garde des récriminations écrites et parlées pour dénoncer un état des lieux qui les exaspère au point de nourrir une forme de xénophobie contre leurs propres concitoyens.

En Algérie, il est certain que bien des choses ne sont pas comme on le voudrait. Des lacunes économiques et sociétales, les unes monstrueuses, d'autres objectives sont si visibles qu'elles ne doivent pas êtres tues. Peu à peu, cependant, et au fil du temps des fenêtres culturelles venues d'ailleurs se sont fermées par ceux qui se sont échinés à les fixer. D'autres qui peuvent être discutables et discutées se sont ouvertes pour qu'une nouvelle ère défriche un terrain qui exigeait d'être retourné. On a la facilité de vite déduire qu'une bataille des idéologies est en passe d'affirmer sa finalité. Les commentaires et les arguments contradictoires peuvent s'échanger mais les Algériens dans leur globalité n'avaient que l'enracinement de leur culture et de leur religion pour que leur nation ait une consistance conforme à leur raison d'être et pour être respectés.

A prêter l'oreille à une certaine élite, on est en droit de penser que le principal de ses griefs est de regretter que sa concitoyenneté n'ait pas cultivé le suivisme qu'elle même ne circonscrit que dans les limites du visu en surface du modernisme négatif.

Un ancien président de la République, dans un langage cru s'était aventuré à affirmer à ceux qui n'étaient pas satisfaits de leur pays n'avaient qu'à en trouver un autre. Un politicien de son côté a avoué à juste raison qu'il s'était trompé de société. Un autre encore est allé jusqu'à traiter cette société de ghachi pour vouloir dire gâchis.

L'une et l'autre de ces affirmations confirment à merveille que l'on a tendance à vouloir son monde à la dimension de ses pieds.