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Tlemcen: Des catégories vulnérables livrées à elles-mêmes

par Khaled Boumediene

Les catégories vulnérables de la wilaya de Tlemcen font face à de sérieux problèmes pour prétendre à leur allocation forfaitaire de solidarité (AFS) octroyée par le secteur de la solidarité nationale par le biais de l'agence de développement social (ADS).

Dans leur cas, une détérioration de leur santé physique et mentale est plus que probable surtout en raison de l'indisponibilité de l'appui social et l'absence de toute aide directe sous forme d'allocation mensuelle qui leur garantit ainsi qu'à leurs ayants-droit la couverture sociale dans le cadre de la carte Chifa.

Selon nos informations, près de 5000 dossiers de cette catégorie sociale sont entassés depuis l'année 2018 dans les tiroirs de la direction de l'action sociale (DAS) de Tlemcen en raison de l'insuffisance de quotas d'allocations budgétaires. «Cela fait plus de deux ans que nous avons déposé nos dossiers au niveau du technicien supérieur chargé de la gestion du filet social de l'APC de Tlemcen.

Ces dossiers ont été transmis à la DAS, mais les responsables concernés de cette direction nous disent que la commission qui regroupe la DAS, l'ADS et un médecin de la DSP pour octroyer l'AFS, ne s'est pas encore réunie et qu'il faut attendre car il y a un problème de financement des postes budgétaires dans ce secteur ! Un autre responsable nous a affirmé qu'il faut attendre le décès d'un bénéficiaire pour pouvoir le remplacer et prétendre à cette allocation forfaitaire ! Mais jusqu'à quand nous allons encore attendre alors que notre santé se détériore de plus en plus ! Nous ne pouvons même pas accéder aux services médicaux pour se faire soigner ! », se lamentent de nombreux malades chroniques de la commune de Tlemcen. D'autres personnes âgées, handicapées et femmes au foyer de la commune de Remchi n'ayant aucun revenu ou ne pouvant travailler, sont confrontés à cette même problématique malgré plusieurs requêtes adressées aux responsables concernés : «Nous sommes privés de l'allocation forfaitaire de solidarité et des facilitations d'accès aux soins ! La CNAS refuse de nous prendre en charge et nous exige le document de la DAS pour pouvoir acquérir des médicaments pour soigner nos maladies ! Il y a aussi parmi nous des cancéreux, des diabétiques, des insuffisants rénaux, des invalides et des personnes vivant seules qui souffrent à cause de cette situation pénalisante et l'absence de carte Chifa ! Nous exigeons l'intervention des hautes instances du pays pour trouver une solution », affirment-ils. Il faut rappeler, que contrairement à cette catégorie sociale sensible, les handicapés physiques et malades mentaux à 100% sont pris en charge sur le budget de l'état.

Selon un médecin du CHU de Tlemcen «l'exclusion des personnes vulnérables du domaine de la santé entraîne des conséquences majeures telles que la souffrance individuelle et des risques pour la santé publique en général».

Par ailleurs, le président de l'association des malades diabétiques de Tlemcen, Brahimi Fethi, attire l'attention des responsables concernés sur le sort préoccupant de certaines personnes atteintes de diabète qui ne disposent pas de carte Chifa pour se faire soigner. «Certaines personnes ont des problèmes de santé. Elles sont plus à risque de développer des complications après une infection au Covid-19 ! C'est notamment le cas pour les personnes âgées de 70 ans et plus, les patients atteints de maladies infectieuses, de maladies chroniques comme l'hypertension, ainsi que les personnes immunodéprimées, obèses et les femmes enceintes, qui sont susceptibles d'avoir des complications du Covid-19.

En effet, la maladie provoque l'élévation permanente de la glycémie qui peut altérer le système immunitaire et favoriser le risque de surinfection. Il faut régler cette situation en urgence, car des dizaines de malades diabétiques manquent cruellement de médicaments pour se faire soigner en raison de la situation de blocage de leurs dossiers au niveau de la DAS de Tlemcen», explique-t-il.