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Mourir pour ses idées, mais de mort lente !

par Salim Metref

Les élections législatives ont donc eu lieu. Bien que légitimant une nouvelle Assemblée, ces élections n'ont cependant pas suscité l'adhésion d'une majorité d'électeurs. Si aucune analyse tranchée ne peut élucider les causes profondes de cette désaffection des électeurs, de nombreuses hypothèses peuvent néanmoins être formulées. Au refus déterminé d'une partie de l'électorat de participer à ce qui est, selon eux, une étape prématurée s'est greffée la désertion d'une autre qui désespère de l'action politique et qui doute de l'intégrité de la représentation du peuple. Si cette abstention historique qui vient d'être exprimée ne délégitime pas le vote de ceux qui ont participé à ce scrutin, elle n'en fragilise pas moins la représentativité et il serait légitime d'en prendre acte tant des pans entiers de la population attendent des réponses politiques. Car il s'est quand même produit quelque chose ce 12 juin 2021.

Le président de la République, qui est légitime et président de tous les Algériens et qui a bien raison de dire que chacun est libre de participer ou non à ce scrutin, pourrait apporter les éléments d'analyse d'une situation inédite qui voit une majorité de l'électorat récuser le processus en cours, après, faut-il le rappeler, un autre referendum qui, bien qu'ayant légitimé une nouvelle Constitution, a également été boudé par les électeurs.

Quelles seront les prochaines initiatives ? Une nouvelle Assemblée légitime mais mal élue suffira-t-elle à résoudre une crise politique majeure qu'une révolution de l'ampleur de celle de février 2019 n'a pas encore complètement résolue. Nous sommes largement en pleine crise de représentation politique qu'il faudrait peut-être résoudre en articulant deux leviers majeurs, la confiance portée par un dialogue sincère sans exclusive et de nouveaux instruments politiques susceptibles d'arrimer l'adhésion du plus grand nombre à la consolidation de l'Etat national dont les fondements ont été construits par la déclaration du 1er Novembre 54 et les résolutions du congrès de la Soummam.

Des initiatives politiques audacieuses pourraient être lancées vis-à-vis de cette autre Algérie utile qui refuse le processus politique en cours et qui, en même temps, n'a jusqu'au jour d'aujourd'hui mandaté personne pour la représenter ni désigné ses porte-paroles officiels.

S'il est ainsi impératif que l'Algérie soit toujours dotée d'institutions qu'aucune conjoncture politique ne peut interrompre, il est utile aussi que l'implication du plus grand nombre à la vie politique soit sollicitée et obtenue.

Le choix du redressement économique et de la promotion sociale sans la prise à bras-le-corps de la résolution de la question politique pourrait certes être compris puisque l'histoire nous enseigne qu'un corps social appauvri, sans repères et en souffrance, rejette tout greffon démocratique et constitue souvent un terreau propice au développement du chaos et au déploiement de toutes les aventures. L'exemple sud-coréen est édifiant à ce sujet puisqu'un développement économique et social, conduit au forceps et faisant fi de toute ouverture politique et démocratique, a permis à ce pays de connaître une émergence époustouflante et à son peuple une prospérité insolente. Mais l'Algérie mériterait de connaître un processus de développement économique et social qui intègre également une dimension politique en quête assidue d'une véritable prise en charge. L'Etat dans toute sa puissance ne peut s'émanciper de la contribution de tous ses citoyens, notamment de ceux qui représentent presque 80% de la population en âge de voter et qui ne l'ont pas fait. Ainsi, à la veille de la célébration de l'anniversaire du 05 Juillet 1962, une amnistie politique générale et la libération de tous les détenus d'opinion ne feront qu'anoblir cet Etat et consolider ce front interne qu'il faut bâtir à l'aube de ces nombreux défis de tout ordre, sécuritaire, hydrique, sanitaire, migratoire et autres qu'il nous faudra à court terme affronter et gagner. Qui peut ne pas se réjouir et être fier de la montée en puissance de notre armée qui, jour après jour, consolide notre sécurité nationale et contribue à redéfinir les contours géopolitiques et géostratégiques d'une région qui, plus que jamais, suscite les convoitises et aiguise l'appétit de prédateurs que le Sahara algérien, qui recèle d'immenses ressources et richesses naturelles qui contribueront à faire la richesse et la puissance de l'Algérie de demain, rend fous. Le retour a une vie politique, impliquant tous les acteurs politiques et toutes les sensibilités représentatives y compris celles non représentées à la nouvelle Assemblée nationale, gagnerait à être encouragé afin que cette union nationale, si nécessaire en ces moments historiques que nous vivons, soit définitivement acquise. L'Algérie est un grand pays qui a besoin d'accomplir son grand destin. Ce destin de nouvelle grande puissance régionale n'est pas un mythe. Il est déjà une réalité en gestation et qui se construit. Ne l'amputons plus d'aucun de ses piliers porteurs !