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TERRE RARE ET BRAS DE FER EN SOURDINE

par Abdou BENABBOU

Le nom d'une nouvelle énergie est doucement et sûrement ajouté aux lexiques des armes pour donner à la connotation des impérialismes et des néocolonialismes à laquelle peu d'économistes et de stratèges militaires s'attendaient. «Terre rare» est une dénomination tapie sous le coude de quelques Etats éveillés à la tête desquels on retrouve comme par hasard l'ogre chinois. Terre pourvoyeuse de métaux nécessaires essentiels pour l'industrie technologique nouvelle, elle est en passe de supplanter la gloriole de l'arme atomique et ses effets dissuasifs. Doucement et sûrement l'impérialisme à l'ancienne fait sa mue et une autre méthode pour mettre la main sur le monde s'est profilée presque à l'ombre pour que le colonialisme se vête de nouveaux habits.

Les trésors que recèlent ce que l'on appelle aujourd'hui terre rare sont fabuleux, offrant à ceux qui les monopolisent une suprématie économique capable d'imposer une reconfiguration du monde telle qu'elle sied à leurs intérêts.

A l'heure où l'Algérie braque un œil timide sur l'importance des énergies nouvelles, l'hésitation n'est plus de mise. Le plus vaste pays d'Afrique a l'impérative obligation de s'introduire avec un entrain conséquent dans ce créneau. Son vaste territoire et ses terres nues variées offrent une opportunité imparable pour retracer son avenir. Ils lui accordent l'avantage de ne pas tenter d'aller prospecter sur la Lune ou sur Mars ni au Groenland, comme le font certaines puissances, afin de se pourvoir en pesant de terre rare. Si le dos est tourné à cet immense et fabuleux pactole encore méconnu, d'autres viendront en puiser d'une manière ou d'une autre.

Il est vrai qu'une telle orientation économique n'est pas sans conséquences négatives sur l'écologie. Mais sa prise en charge réalisée de manière intelligente avec un juste milieu serait une efficace parade pour se mettre au niveau du bras de fer planétaire qui s'opère en sourdine.