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Ce n'est pas en tournant le dos à la vérité qu'on l'honore

par K. M.

Mon cher compatriote Sid Lakhdar Boumediene, pareillement, dans un esprit courtois, je réponds à vos injustes accusations sur ma prétendue propension quasi atavique à fustiger l'ennemi extérieur pour exonérer «l'ennemi intérieur», autrement dit, selon vous, le régime algérien. «L'impérialisme, la sempiternelle excuse de l'ennemi extérieur. Khider Mesloub y met le paquet », toutes les caricatures et les clichés sur l'impérialisme et le capitalisme des «Yankees » y passe. Je me demande si j'ai lu un tel déversement, avec un aussi grand acharnement, depuis les discours du parti unique de ma jeunesse. L'ennemi extérieur, ce vieil ami des régimes autoritaires. Le bouloulou des peuples, celui qu'on ressort pour souder l'instinct national autour du régime politique qui y trouve allégrement son compte. Et lorsque l'image de l'ennemi extérieur, le danger qui menacerait la nation, ses intérêts, sa souveraineté et sa liberté, devient plus atténuée, on le réveille, on en trouve un autre ou on instille une piqûre de rappel à la population. 59 ans que nous supportons cette piqûre, j'en suis immunisé, dans la douleur comme dans ses effets.», vous avez écrit dans votre texte publié le 10 juin 2021 sur le Quotidien d'Oran.

Pour vous paraphraser, à lire votre impulsive réaction, vous me rappelez ce trait de caractère typique de l'Algérien toujours prompt à convoquer des stéréotypes pour suppléer une argumentation dépourvue de tout fondement rationnel. En effet, sans me connaître, ni avoir lu mes textes et mes livres, sur le fondement de la lecture d'un seul article par ailleurs nullement consacré à l'Algérie, vous m'accusez de cultiver cet esprit chauviniste algérien, apanage, selon vous, de la majorité des intellectuels qui défendent aveuglement, voire servilement, le pouvoir algérien depuis l'indépendance. Pour avoir lu quelques-unes de vos contributions, je sais que vous vouez une haine inexpiable à l'endroit du régime algérien. C'est la raison pour laquelle vous le combattez depuis des décennies, combat que vous menez témérairement depuis Paris. C'est à votre honneur ! Sachez monsieur que, contrairement à vous, je ne fais pas une focalisation obsessionnelle sur le régime algérien. Je ne combats pas un régime, un système, ni l'armée, mais le capitalisme. Et contrairement

à ce que vous avez écrit, autre contre-vérité,

je n'ai jamais été un béat admirateur de l'URSS et de la Chine. J'ai toujours été viscéralement antistalinien, antimaoïste, anti-gauchiste.

Je n'ai jamais été encarté à un parti politique,

ni embrigadé à une officine religieuse.

Pour vous apporter la preuve contre vos injustes et gratuites accusations sur mon absence d'esprit critique à l'égard de mon pays, l'Algérie, je vous renvoie à mon livre et mes nombreux textes publiés sur plusieurs journaux algériens, français et canadien.

Avec l'autorisation de la rédaction du Quotidien d'Oran, je vous livre deux textes récents dénonçant justement cet esprit d'autosatisfaction algérien, pétri de relents complotistes, que vous me prêtez, publiés

le mois de mai dernier sur deux journaux algériens. Le premier s'intitule justement «Toujours la faute de la main invisible

de l'étranger», le second «Le complotisme : arme de la paresse intellectuelle et de la gouvernance institutionnelle». Par ces deux textes, je considère que le débat est clos.