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Aïn El Turck: L'immobilier durement affecté par la pandémie et les locations informelles

par Rachid Boutlelis

Durement éprouvé par le confinement sanitaire qui a été à l'origine d'un impact préjudiciable au cours de la brève précédente période estivale, n'ayant finalement duré qu'un mois en raison de l'accès aux plages décrété par les autorités sanitaires, le secteur de l'immobilier dans la contrée d'Aïn El Turck, constituant sa principale ressource financière, va probablement tenter cet été de sortir son bec de l'eau, dans le sens péjoratif du terme. Ridiculement oppressé par l'informel, l'immobilier, sur le volet location en particulier, tablera certainement sur un prévisible rush de vacanciers en quête d'un bol d'air iodé après un ramadhan doublement et sordidement impacté par l'envolée de la mercuriale et le confinement. Les professionnels dudit secteur ont, notons-le, dénoncé à maintes reprises l'informel qui mine leurs activités en soulignant notamment son incontrôlable situation en partant du fait que la grande majorité de la location de l'immobilier est conclue en violation de la réglementation en vigueur.

Aucune déclaration n'est établie au préalable en termes de contrat et ce, dans le but évident d'échapper au fisc.

Certains particuliers qui proposent des appartements et/ou des habitations à la location ne disposent même pas d'acte de propriété et ne sont donc pas en mesure d'établir un contrat notarié conformément à la législation en vigueur. Dans ce cas de figure ce sont les services des impôts en premier lieu qui accusent un cinglant déficit budgétaire. Il importe de noter en effet que l'indifférence des uns conjuguée à un certain laxisme des autres a poussé nombre de propriétaires à procéder à des aménagements dans leur habitation pour réaliser un espace destiné à la location, généralement sans aucune autorisation délivrée par les services compétents. Durant la saison estivale, exclusivement, le moindre petit espace et même les garages à bateau et ceux des voitures sont exploités pour être proposés à la location.

Du coup, ce sont aussi les bénéficiaires de logements sociaux dans les quatre communes que compte cette daïra qui entrent dans cette loufoque danse en commettant la grave infraction de la sous-location des biens de l'OPGI.

Ce triste constat n'est pas, soulignons-le, uniquement spécifique à cette daïra car il est également relevé dans les différentes communes d'Oran. Toujours est-il que cette transgression est devenue monnaie courante au fil des années dans cette partie de la wilaya d'Oran, à un tel point que de nos jours nul ne semble s'en offusquer. Selon une source bien au fait du dossier, il existe plus de 300 habitations, des R+2 et des R+3 équipés, dans le seul chef-lieu, qui proposent des nuitées, été comme hiver, à partir de 5 000 dinars. Certains haussent la barre jusqu'à 10 000 dinars pour une nuit durant la saison estivale et continuent toujours de la maintenir en hiver en raison de la forte demande, qui se manifeste notamment au cours des week-ends. La location mensuelle en période hivernale est proposée à partir de 20 000 dinars et le double voire plus pour seulement deux semaines en été. Ces habitations imposent une rude concurrence aux 63 établissements hôteliers essaimés à travers le territoire de la daïra d'Aïn El Turck, dont la grande majorité est répertoriée dans le chef-lieu.

Toujours est-il que ce phénomène a commencé à prendre des proportions démesurées avec l'apparition dans le paysage de cette région côtière, au milieu des années 2000, de résidences constituées d'appartements meublés qui proposent des tarifs de location qui donnent le tournis au plus imperturbable. Depuis, ces résidences ont poussé comme des champignons, en s'accaparant la moindre parcelle et en allant même jusqu'à empiéter et/ou envahir des superficies de terres agricoles, souvent acquises dans des conditions douteuses. Ce triste constat s'identifie à travers la série de scandales liés au détournement et à la dilapidation du foncier. Depuis l'avènement de la délégation de l'exécutif communal, DEC, puis de l'assemblée populaire communale, APC, rares sont les maires qui n'ont pas été cités dans ces scandales et ont été, de ce fait, poursuivis en justice.

Notons sur ce registre que les prévisions d'un probable considérable afflux d'estivants cet été ont été suggérées par nos interlocuteurs qui ont relevé le mémorable rush du week-end, qui a coïncidé avec la fête de l'Aïd.

Toujours est-il que cette ruée d'estivants a chassé la morosité qui prévalait sur les plages. Certaines familles ont exploité cette sortie d'oxygénation pour entamer des prospections dans le but d'une éventuelle location dans cette contrée. Cette grande affluence a provoqué des embouteillages monstres sur les axes routiers de cette partie de la wilaya. Les usagers ont, notons aussi, vivement dénoncé l'absence de l'éclairage public sur la sordide et sinueuse route de la corniche supérieure.