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L'Algérie d'aujourd'hui face aux défis des changements systémiques

par Haichour Ikram Eddine*

A l'aube du changement, l'Algérie nouvelle se dirige vers un rendez-vous politique crucial du 12 juin où toutes les cartes politiques sont mises à table.

La scène politique pour sa part témoigne d'uneconcurrence accrue pour l'obtention du Quorum parmi les prétendants à la deuxième chambre parlementaire c'est-à-dire passer au deuxième défi celui de la campagne électorale où la tâche s'annonce déjà difficile avec une masse électorale quasi désintéressé. L'Etat algérien de son côté avec l'approbation de la nouvelle loi organique relative au Régime électoral, espère reconfigurer par les paramètres de sélection le nouveau paysage politique qui sera marqué par le potentiel jeune, véritable vivier que le politique algérien a toujours vanté. Par ses exploits et son dévouement innombrable à son pays et à l'héritage des martyrs de la Révolution nationale de libération, la moralisation de la vie politiqueaura pour but, d'augmenter la participation des citoyens et de la société civile à la vie politique par la garantie du libre choix, loin de toute influence matérielle et d'argent sale.

Cela dit, la vie politique n'est pas dissociée de la vie sociale et le quotidien du citoyen algérien où tous les indicateurs socio-économiques sont au rouge. La propagation de la pandémie Covid-19 et son impact sur l'économie mondiale a entraîné une forte réduction des échanges commerciaux et de fortes variations des taux de change. Aussi il est important de reconnaitre que les perspectives restent très incertaines, car les risques de nouvelles vagues de contagion, d'inversion des flux de capitaux et de nouvelle diminution des échanges internationaux se profilent toujours à l'horizon. Selon le Fond Monétaire International dans une publication de Martin Kaufman et Daniel Leigh en mois d'Aout 2020, estime que Les pays qui dépendent de secteurs gravement touchés, comme le pétrole et le tourisme, ou sont tributaires des envois de fonds, pourraient voir leur solde des transactions courantes chuter de plus de 2 % du PIB.

L'économie algérienne n'est pas à l'abri des changements provoqués par le choc brutal de la crise sanitaire,arrivés juste au moment où le management algérien a décidé de conduire des réformes politiques et économiques, afin de rééquilibrer les finances publiques. La mission s'annonce difficile pour assurer une relance économique et sociale à l'heure actuelle avec des dépenses estimées à environ 3,7 milliards de dinars pour faire face au Covid-19et avec la chute drastique des prix du pétrole et une baisse considérable de l'activité économique engendrée par le recul de la production dans différents secteurs, notamment les hydrocarbures avec -13,4%.

Le secteur des transports, lui aussi a enregistré d'importantes chutes de revenusuite aux mesures de confinement sanitaire établis par les autorités algériennes. Dans ce même contexte l'algérien suffoque à cause de la régression majestueuse du pouvoir d'achat et la flambé des prix de large consommation.

Même une famille de moyen revenu arrive à peine de subvenir à ces besoins quotidiens. Tout ceci annonce l'approche d'une crise sociale importante dans le cas où l'Etat ne revoit pas sa politique budgétaireà moyen et long terme et encourager le développement de l'industrie manufacturière pour s'orienter vers les ressources non-conventionnelles et promouvoir le secteur privé.

Un candidat damné dans les méandres de la politique nouvelle

Pour une première, cette fois ci le législateur met l'accent sur la participation des jeunes et exige que la moitié des candidats présentés dans les listes devront être âgés de moins de 40 ans ainsi que la parité homme-femme qui peut ne pas être appliquée lors des législatives du 12 juin prochain mais, compte parmi les points fort de la nouvelle loi électorale. Cette dernière a ouvert la voie devant les candidats indépendants dont l'exigence pour chaque liste est d'au moins 100 signatures, recueillies auprès des électeurs de la circonscription électorale concernée, chose appréciée et saluée par la société civile et les partis politiques. Cette décision politique,a encouragé une grande majorité de jeunes universitaires et activistes de la société civile àparticiper au challenge politique du 12 juin qui va définir selon plusieurs experts politiques et sociologues la prochaine configuration de la scène politique du pays subséquemment l'avenir de l'Algérie profonde et les zones de l'ombre qui souffrent de délaissement et d'absence d'investissement économique. Théoriquement la mission semble facile et l'objectif semble proche mais le terrain prouve le contraire, avec un électeur débranché avec la vie politique et un citoyen déjà trahi par ces représentants d'un côtéet d'une majorité qui ne détient pas une carte de vote, pièce maitresse pour la validation des formulaires de collecte de signatures individuellesd'un autre. La volonté elle-seule ne suffit pas pour mener un combat politique encore moinsparticiper au travail législatif et au travail de contrôle du Gouvernement.

Aujourd'hui plus que jamais on a besoin de militants intègres capables de rassembler des électeurs issus de toutes les franges de la population car la conjoncture actuelle nécessite le recours aux talents jeunes et vétérans et l'implication de l'élite intellectuelle. Il reste que la médiocrité qui auparavant a prouvé son échec et son inefficacité, comme le dit le proverbe « le changement de corbillon fait trouver le pain bon ».

Dynamique civile et érrance politique

Ce qui a marqué cette étape de collecte de formulaires de signatures individuelles ces les alliances anarchiques entre les différentes listes indépendantes, sans même partager les mêmes objectifs et le même programme. On a vu de toutes les couleurs et toutes les tendances appliquer le principe qui dit « la fin justifie les moyens », voir aussi des listes entièrementabsorbées par d'autres. D'où l'émergence d'une errance politique conséquente avant même de commencer la course politique. Tout cela ne présage rien de bon pour un début de militantisme politique livré à lui-même. Par ailleurs on est faceà un boom de naissance d'associations nationales de différents courants politiques. Selon les déclarations du conseiller auprès duPrésident de la République chargé du mouvement associatif et de la communauté nationale à l'étranger, NazihBerramdane, qui a déclaré en juillet 2020 lors d'une rencontre de concertation avec des représentants du mouvement associatif au Centre des conventions «Mohamed Benahmed» à Oran, que pas moins de 2635 associations ont été agréées en un mois à l'échelle nationale sur plus de 4000 demandes d'agrément, un chiffre qui indique l'importance qu'accorde le Management Algérien au rôle du mouvement associatif dans la démocratie participative et l'édification d'une Algérie nouvelle.

Élection législativeversus fléaux sociaux ?

Qui va l'emporter à votre avis ? à J-42 des élections législatives l'acteur principal de cet événement on l'occurrence le citoyen Algérien essayeàpeine de survivre à son rude quotidien et faire toutes les acrobaties possibles qui existent sur terre pour subvenir aux besoins de sa famille, pénuries, cherté de vie, crise sanitaire, confinement partiel, contraction économique, bureaucratie et chômage. Avec tous ces ingrédients et en rajoutant ladévaluation du dinars et l'inflation, on se dirige versl'effondrement du pouvoir d'achat tandis que le marché de l'emploi reste précaire. Un peu de Hiraket on obtient la recette idéale de l'explosion sociale. Depuis le début de la pandémie, 50 000 artisans et commerçants auraient mis la clé sous le paillasson selon l'ANCA, une association nationale qui représente ces corporations.

Au milieu de tout ces événements se distingue L'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) parsa présence sur le terrain et de l'exercice de son rôle institutionnel notamment de veiller au bon déroulement des élections et l'examen stricte et transparent des dossiers des candidats en mettant les bouchées double afin que se scrutin soit une opération électorale loin de tout soupçon.

L'Algérie de demain reste tributaire de l'intelligence nationale

Quant au chômage,une enquête diligentée par le ministère du Travail, a révélé l'impact négatif significatif de la pandémie de Covid-19 sur le marché de l'emploi. Les données préliminaires révèlent qu'environ 334 000 Algériens ont enregistré une baisse de leur nombre d'heures de travail, 53 000 se sont retrouvés au chômage de façon temporaire ou permanente et 180 000 ont subi des retards dans le paiement de leurs salaires. Une enquête menée en juillet 2020 par le Cercle d'Action et de Réflexion pour l'Entreprise (Care) révèle quant à elle, la détresse financière du secteur privé. Environ 17 % des entreprises ont signalé que 100 % de leur chiffre d'affaires était affecté par les conséquences de la pandémie de COVID-19 et plus de 56 % des chefs d'entreprise interrogés, ont déclaré être incapables de faire face à leurs obligations fiscales et 61 % avoir besoin d'un financement urgent pour honorer leurs engagements financiers, tels que le paiement des salaires des employés ou de leurs congés. Le secteur bancaire lui non plus n'a pas été épargné, il signale un manque flagrant de liquidités, notamment des banques publiques, provoqué principalement par la diminution des revenus des hydrocarbures car selonles projections de la Banque mondiale, les revenus des hydrocarbures « passeront de 13,1% du PIB en 2019 à 9,5% du PIB en 2020, en ligne avec la contraction de la production et des prix des hydrocarbures». Le phénomène de l'émigration clandestine, de son côté reprend encore plus fort, on n'en voit de plus en plus de jeunes à la fleur de l'âge même des familles entières et jeunes couples prendre les barques de la mort a la recherche d'un avenir incertain au milieu de tout ça une question s'impose, ce phénomène «HARGA» est-il un résultant sociétal ou bien une conséquence politico-économique ?Avec un chiffre de plus de 11 000 Algériens qui sont entrés clandestinement en Espagne en 2020, déclarés officiellement par le ministère de l'Intérieur espagnol, le fléau du HARGA reste une équation à plusieurs inconnues. Pour conclure nous ne pouvons passer à côté d'un proverbe qui englobe beaucoup de philosophie « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».Le développement de l'Algérie et la stratégie de relance économique et une mission qui concerne tout algérien et une volonté collective qui devra constituer la pierre angulaire de l'Algérie de demain car une main seule ne peu applaudir. L'Algérie a besoin d'un sursaut salutaire. Pour peu que sa gouvernance soit menée par une intelligence nationale capable de la projeter vers les horizons des espérances. Une Algérie nouvelle est à notre portée au vu des potentialités énergétiques, agraires et cognitives.         L'œuvre des grands hommes est liée au sens des responsabilités et de la morale dans la conduite des affaires de la Nation. Les élections prochaines vont nous déterminer les hommes et femmes appelés à légiférer une Algérie nouvelle, moderne. C'est du choix porté par les électeurs que le destin d'une assemblée législative montrera les sillons des prochaines moissons annonçant le Printemps de la nouvelle Algérie.

Bibliographie

- Algérie Note de conjoncture Région Moyen-Orient et Afrique du Nord

- WWW.radioalgerie.dz

- KHELIFA LITAMINE journal el watan

- Journal officiel Algérie.

- www.banquemondiale.org

- Organisation Internationale du Travail

- Cercle d'Action et de Réflexion pour l'Entreprise «CARE»