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Il y a un an, Idir nous quittait

par Djamal Kharchi*

Il y a un an, Idir, le chantre de la chanson kabyle moderne nous a quittés à l'âge de soixante-dix ans. Mais un chanteur de sa trempe a-t-il vraiment un âge ? Idir échappe à l'emprise du temps. Une année après sa disparition, il est toujours là dans notre mémoire et dans nos souvenirs. Ses mélodies continuent à immortaliser le grand artiste universel qu'il était.

Idir a eu le destin des grands hommes, ceux qui obéissent à leur passion, qui croient à la beauté de leurs rêves. L'enfant du village d'Aït Lahcène dans les hauteurs d'Ath Yenni en Grande Kabylie a fait un cursus universitaire en géologie, voie toute tracée pour étudier les minéraux et les fossiles. Mais il n'alla pas jusqu'au bout du chemin qui le destinait au métier d'ingénieur géologue. Il avait le feu sacré, cette flamme intérieure qui le portait et le nourrissait, qui l'irradiait au plus profond de son être intime, qui le vouait à chanter sa Kabylie natale, qu'il en honorât les traditions et les coutumes ancestrales qui se perdent dans la nuit des temps, qu'il célébrât ses forêts profondes, ses montagnes mythiques, glorieuses, ses terres enchantées où l'olivier et le figuier y ont plongé leurs racines depuis des millénaires. Idir n'a pu échapper à ce destin qui le dédiait corps et âme à l'épanouissement de la culture berbère à travers la chanson. Avec son talent, sa virtuosité et la beauté de sa voix, il fut l'un de ses meilleurs ambassadeurs. Idir était en parfaite harmonie avec son identité amazighe, cette force vitale qui le faisait remonter à la source même de sa sensibilité. Hamid Cheriet de son vrai nom, il devint «Idir» pour la chanson, le public et la scène.

Un prénom qui plonge ses racines dans l'antique Numidie. «Idir» signifie «il vivra». Ce prénom très usité renvoie à cette époque ancienne où les mères le donnaient à leurs enfants, comme une amulette, pour le protéger contre les maladies et les épidémies qui s'attaquaient en premier aux nouveau-nés. «J'ai choisi tout naturellement ce nom de scène, disait Idir, parce que, moi, j'ai envie et besoin que ma culture vive». Ce prénom d'emprunt lui allait à merveille tant il sut dans ses chansons se mettre au diapason de son essence première, sa source matricielle.

S'il fut un immense chanteur-compositeur-interprète, Idir ne s'est jamais départi de son affabilité naturelle même dans le succès. Jamais il ne renia ses origines modestes. Né dans une famille paysanne fermement ancrée dans ses traditions, la vie avait le goût de la simplicité. Son plus grand bonheur c'était d'être en communion avec la terre nourricière. Un père berger, une mère et une grand-mère poétesses à leurs heures vont façonner l'esprit d'Idir enfant. Ivre de soleil et de tous les bleus du ciel, le regard rassasié de paysages merveilleux, réinventés au gré des saisons, son esprit volait librement dans cette immensité qui le couvait de sa beauté généreuse, parfois farouche. Tout son être allait vers ces montagnes altières où s'est forgée l'âme de la culture berbère.

Au cours de son adolescence, Idir découvre la paix du cœur dans ces moments uniques du jour tombant quand l'esprit s'ouvre à toutes les résonnances, aux vibrations imperceptibles de la nature qui traversent la chair et aiguisent les sens. Le génie artistique couvait dans ses entrailles et le prédestinait à l'art de la chanson kabyle qu'il marquera d'une empreinte originale.

Dès sa prime jeunesse, Idir commence à s'initier à la guitare. Les notes lui viennent facilement, sans effort. S'il n'a jamais gratté une guitare, il est immédiatement en symbiose avec l'instrument dont il trouve les sons tout à fait appropriés à sa voix. Son talent inestimable fera le reste.

En 1975, Idir âgé alors de vingt-six ans sort son tout premier album, un album fondateur intitulé «A vava Inouva». Il ne contient pas moins de onze chansons toutes chantées en langue amazighe sur une musique typique de la Kabylie renouvelée aux accents de la modernité. Le succès est instantané. Encore méconnu du grand public la veille, Idir devient du jour au lendemain une vedette populaire au-delà de sa Kabylie natale. Sa chanson culte «A vava Inouva», éponyme du titre de l'album, suscite un engouement extraordinaire. Idir chante une histoire aux allures de conte dans un monde rural d'outre-temps, tandis que sa guitare acoustique égrène les plus belles notes. La chanson évoque les longues veillées nocturnes devant l'âtre flamboyant dans les bâtisses sans âge des villages haut perchés de la Kabylie, quand l'hiver les recouvre de neige, de givre et de mystère. Tout se transforme à la nuit tombée. Les montagnes se muent en géants terrifiants et les forêts impénétrables pullulent de créatures effrayantes. Malheur à celui qui n'a pas trouvé d'abri. De son timbre moelleux, la voix d'Idir libère des vers enchanteurs où se mêlent l'amour et la tendresse, la chaleur du giron familial protecteur, l'esprit d'entraide et de partage au sein de la communauté, la transmission entre générations, le respect des traditions, toutes ces valeurs qui font depuis toujours l'authenticité de la culture berbère. «A vava Inouva» a très vite dépassé les frontières nationales. Elle a été traduite et interprétée presque partout dans le monde. La chanson kabyle prit alors un essor inattendu à l'échelle planétaire. A peine avait-il entamé sa carrière d'artiste-chanteur qu'Idir était déjà au sommet de la célébrité.

Que ceux qui appartiennent à la même génération qu'Idir se souviennent de la ruée sur son premier album. Les airs envoûtants de A vava Inouva, Ssendu ou Zwit Rwit résonnaient sur les campus des universités, lors des cérémonies de mariage, sur les postes-cassettes des voitures, dans les cafés et boutiques des rues d'Alger, d'Oran ou de Constantine. Idir était à la mode. Il était un modèle pour toute une jeunesse. Le peuple algérien sans exclusive l'avait adopté. L'Algérie était en fête dans la grisaille du quotidien.

Dans une interview qu'il accorde en 2013 à l'Agence France Presse, Idir revient sur la sortie de son album «A vava Inouva»: «Je suis arrivé au moment où il fallait, avec les chansons qu'il fallait». C'était les années 1970. Des années de plomb durant lesquelles le déni et l'interdiction frappaient toute forme d'expression de la berbérité, cette dimension indissociable de l'identité algérienne, que les tenants de la pensée unique et les islamo-conservateurs considéraient en vertu de dogmes établis et d'à priori idéologiques, comme une menace pour les constantes nationales. En ce temps-là, les chansons d'Idir furent pour beaucoup un refuge, un réconfort, un encouragement à endosser la revendication identitaire amazighe et révéler au grand jour l'histoire glorieuse des peuples et des royaumes berbères de l'antique Numidie, sciemment occultée par les instances officielles de l'époque. La chanson a toujours tenu une place importante dans la culture kabyle. Vecteur des états d'âme de la collectivité, elle porte l'empreinte du temps sur la société et les hommes enracinés dans cette terre hérissée de bastions montagneux, aux traditions millénaires, en perpétuel mouvement et interaction avec l'Histoire.

Par ses qualités d'aède, de conteur d'antan, Idir a apporté son souffle infatigable de chanteur à la promotion de la culture berbère. Pour cela, il ne mit aucun ton de révolte dans sa voix, ni n'arma ses chansons de sentences hostiles. Pas de réquisitoire mais un plaidoyer. Malgré son jeune âge, Idir avait la lucidité des grands sages. Sa poésie aux relents du terroir ouvrait irrémédiablement le chemin d'une espérance en des jours meilleurs. Comme beaucoup d'artistes avant lui, Idir le poète-chanteur a quitté l'Algérie dans la décennie 1970 pour rejoindre la France. Sans doute comme ceux qui l'avaient précédé, il s'y sentait à l'étroit pour pratiquer librement son art. Peut-être se sentait-il marginalisé, que son imagination créatrice et son épanouissement artistique étaient bridés, entravés par le système en place. Il tenait à rester lui-même, à ne pas être vidé de son rêve par les manipulations du pouvoir politique. Fidèle à ses convictions, il voulait continuer à donner une image de lui-même dans laquelle il pouvait se reconnaître. La distance qui le séparait de l'Algérie lui permettait d'avoir du recul, de s'ouvrir à de nouvelles perspectives. Bugor Nedelcovici, écrivain roumain, disait que l'exil, c'est une résurrection spirituelle. Ce fut bien le cas pour Idir. A Paris, ville cosmopolite par excellence, Idir découvre la grande capitale des arts et de la culture. C'est tout un univers propice à la création qui s'ouvre à lui. Les multiples écritures artistiques ne connaissent guère de frontières esthétiques ou géographiques. Idir était dans son élément et ne va pas se priver de multiplier les concerts à travers la France et de nombreux pays dans le monde pour donner toute sa place à la chanson kabyle.

Sans nul doute, Idir a été l'un des précurseurs de la world music. Il a inscrit la musique kabyle dans le registre des musiques du monde. Mû par son désir de mélange des cultures, à travers la diversité des genres et styles musicaux, il a chanté avec des musiciens de divers horizons, tels Manu Chao, ce chanteur espagnol concepteur de musiques d'inspirations variables mixées à des formes musicales de type ethnique, traditionnel ou folklorique; Dan ar Braz, ce chanteur celte dans l'âme, ou encore Johnny Clegg dit le Zoulou blanc. De ces rencontres inattendues sont nés des croisements, des interpénétrations voire des fusions sonores et vocales des plus singulières, où Idir puisait sa propre énergie pour se projeter toujours plus loin.

En août 2008, Idir participe au 38éme festival interceltique de Lorient en Bretagne, à côté de grands noms de la musique celtique et d'artistes représentatifs de la mosaïque des musiques du monde. A l'occasion de ce festival, il déclare avec une touchante sincérité : «Je me sens proche des Bretons parce que, comme eux, je me suis senti méprisé à une époque». Cette époque où il avait l'impression, à travers le regard de certains responsables d'institutions culturelles, de faire de la musique indigène dans son propre pays.

Imbu de son identité amazighe, source d'une riche sensibilité qui impulsait son génie créateur, Idir allait au fond de ses émotions et de son imagination pour s'affirmer en tant que chanteur de culture berbère et se définir comme tel, quitte à user des comparaisons les plus improbables. «En Bretagne, confiait-il, je me sens l'âme celte». Et pour cause, Idir n'était pas démuni d'arguments qu'il va décliner en ces termes : «Le Breton appartient au monde celtique, comme le Kabyle appartient au monde berbère. Vos cousins sont les Irlandais, les Ecossais, les Gallois, chez nous ce sont les Touaregs, les Chaouis ou les Mozabites. Dans nos chansons et notre imagination poétique, on fait référence à la montagne, comme vous à l'océan. Vous avez la bombarde et le biniou, nous avons des instruments à vent qui leur ressemblent, sans doute parce que, au départ, tous étaient taillés dans le même roseau... Mais ce qui rapproche plus encore Bretons et Kabyles, c'est le côté rebelle et la quête d'identité culturelle et linguistique».

Idir n'a eu de cesse de construire des ponts entre les cultures qui toutes se sont avérées à ce géologue de formation une mine abondante à ses explorations musicales, ses affinités rythmiques, tonales et sonores. Foncièrement humaniste, il a toujours cru à la musique des mots et à la pureté des sentiments. Il a trouvé dans la diversité des écritures musicales une source d'enrichissement spirituel et une impulsion à sa propre créativité. «La culture kabyle, disait-il, n'est ni pire ni meilleure que les autres cultures», en ce sens que les cultures quelles que soient leurs origines se valent toutes. Indéniablement, Idir a hissé au plus haut degré l'esprit de tolérance et les vertus du vivre-ensemble. Ainsi était l'homme. Un homme de conviction et d'engagement, un homme épris de liberté.

Durant sa longue carrière de chanteur, Idir a produit peu d'albums. Sept en tout. Mais quels albums! Des incunables. Après son premier album «A vava Inouva», Idir a sorti en 1993 l'album intitulé «Les chasseurs de lumières», puis en 1999 «Identités», en 2005 «Entre scènes et terre», en 2007 «La France des couleurs», en 2013 «Adrar Inu» et en 2017 son dernier opus «Ici et ailleurs».

Idir était bel et bien une légende vivante. C'était la grande voix incontestée de la Kabylie éternelle. Un chanteur connu et reconnu dans tous les pays du globe. Il a donné toutes les palettes de son talent. Les chanteurs de renom ne se faisaient pas prier pour chanteur en duo avec lui dans la langue amazighe de ses aïeux. Patrick Bruel, Charles Aznavour, Francis Cabrel, Henri Salvador, Maxime Le Forestier, Grand Corps malade, Bernard Lavilliers, Gérard Lenormand et bien d'autres encore, étaient tous flattés de se plier à cet exercice. L'album «Ici et ailleurs» nous donne à savourer onze duos franco-kabyles. Des perles, des bijoux pour la chanson, et pour Idir un véritable exploit musical.

Tout au long de son existence, Idir a pris le temps de vivre et de chanter. Après son premier album, il a animé des concerts un peu partout dans le monde, puis s'est éclipsé pendant de nombreuses années. Il s'octroyait des retraites sabbatiques pour se ressourcer et écrire des textes de chansons qu'il ciselait, polissait lentement avant de les mettre en musique. Ce n'est qu'en 1993 qu'il revint au-devant de la scène artistique avec son deuxième album intitulé «Les chasseurs de lumières» où il revient au plan instrumental à des sonorités kabyles traditionnelles. De sa voix chaude, pénétrante et souveraine, il nous transporte à travers les paysages sublimes de la Kabylie, nous fait découvrir les mille visages de la beauté, nous fait partager ces élans du cœur qui transforment une existence, nous raconte les peines et les joies de la vie quotidienne. Des chansons interprétées avec élégance et sobriété. A cette époque, Idir était dans la quarantaine. Son visage fin et calme, ses cheveux longs, son nez camus et ses lunettes rondes lui donnaient étonnement une certaine ressemblance avec John Lennon, monstre sacré de la musique anglaise.

En 1999, Idir fait de nouveau son retour après une éclipse de plusieurs années entrecoupées de quelques apparitions dans des concerts. Son nouvel album «Identités», ce thème qui lui était cher, réunit de nombreux artistes, entre autres l'Espagnol Manu Chao, le guitariste breton Dan ar Braz, l'Ecossaise Karen Matheson qui chante en gaélique, l'Ougandais Geoffrey Oreyma.

Idir affectionnait particulièrement ce genre de duos. Il avait une attirance toute particulière pour la musique des nations celtiques. Toujours animé du désir de chanter avec des artistes de divers horizons culturels, il a interprété plusieurs chansons avec Alan Stivell qui l'accompagnait à la harpe traditionnelle bretonne. Idir se voulait l'inventeur d'une tour de Babel des cultures du monde. Idir a traversé les générations avec une grâce et une force d'innovation sans cesse renouvelée. En 2018, après quarante-trois ans d'absence, Idir retourne en Algérie. Malgré les années, il n'a rien perdu de sa popularité. Il peut constater à quel point il est aimé en tant que chanteur et défenseur inconditionnel de la culture berbère. En Kabylie, c'est un véritable pèlerinage, un ressourcement, une fusion avec cette terre de mythes et de légendes qui l'a vu naître et grandir. Tout au long de son séjour dans le pays, Idir aura mesuré le chemin parcouru depuis les années 1970. Le combat pour l'amazighité a porté ses fruits. Idir ne pouvait qu'en être fier. Ses chansons ont été pour une grande part dans la déghettoïsation de la culture berbère.

Bien qu'il ne résidait pas en Algérie, Idir était toujours resté attentif aux événements et à tout ce qui touche la nation. En avril 2019, dans une interview au Journal du dimanche, il évoque les marches populaires du Hirak en ces termes: «J'ai tout aimé de ces manifestations; l'intelligence de cette jeunesse, son humour, sa détermination à rester pacifique. J'ai vécu ces instants de grâce, depuis le 22 février 2019, comme des bouffées d'oxygène. Atteint d'une fibrose pulmonaire, je sais de quoi je parle».

Idir aimait à citer ces vers du grand poète chilien Pablo Neruda: «Ils peuvent empêcher les fleurs de pousser, mais ils n'empêchent jamais le printemps d'arriver». Toujours égal à lui-même, le chanteur-poète-militant croyait en son rêve de liberté dans une Algérie rassemblée, pacifiée avec elle-même politiquement et culturellement. Dans un large éventail de chansons, il a su exprimer avec une rare puissance d'évocation, un engagement sincère et profond. Il n'a jamais fait défaut à sa langue maternelle, cette langue venue du fin fond des âges qu'il a inscrite dans l'universalité. Il a su démontrer qu'il est possible de revendiquer une identité sans s'y confiner aveuglement et se fermer au monde. Idir est un symbole de rigueur, de détermination et de tolérance qui force l'admiration.

«Dire qu'il faudra mourir un jour», ce titre d'une chanson de Georges Moustaki nous rappelle que nous ne sommes pas éternels. Idir, l'inlassable chanteur, ce poète si exigeant dans son art, s'en est allé avec la discrétion qu'on lui connaît. Il s'est éteint le 2 mai 2020 à 21 heures 30, l'heure où tous les bruits du monde s'apaisent. Une maladie pulmonaire le privait de ce souffle vital qu'il avait le don de transformer en mélodies captivantes, accompagné de la guitare, son instrument de prédilection. C'est toute une page de la chanson algérienne d'expression kabyle qui se tourne. L'ampleur de la vague d'émotion que sa mort a suscitée en Algérie et à l'étranger témoigne de l'immense chanteur qu'il était. Sa voix pétrie dans l'argile et la glaise des terres ancestrales ne s'éteindra jamais. Ses chansons inoubliables resteront à jamais gravées dans les cœurs.

Idir, l'icône de la chanson algérienne, a été inhumé au cimetière du Père Lachaise, là où reposent Georges Moustaki, Edith Piaf, Alain Bashung, Gilbert Bécaud, Henri Salvador, Yves Montand et Jim Morrison. Il laisse derrière lui bien plus que des chansons. Son répertoire inestimable est un véritable trésor national dans l'univers de la chanson kabyle.

Comme tous les hommes, les chanteurs meurent un jour, mais leur voix se perpétue dans le temps infini. Les chansons d'Idir résonnent orphelines, mais vivantes pour toujours. L'astre d'Idir brille au front du ciel d'Algérie. C'est dans le cœur du peuple algérien qu'il repose pour l'éternité.

*Ecrivain. Ex-Directeur général de la Fonction publique. Docteur en sciences juridiques