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La restauration de l'hôtel de ville à la traîne depuis plus de cinq ans: Un joyau architectural et un symbole de la ville à l'abandon

par D. B.

Hormis la façade extérieure relookée, l'hôtel de ville d'Oran semble aujourd'hui à l'abandon. C'est ce que révèlent des vidéos postées sur internet sur l'état de la bâtisse de l'intérieur, il y a quelques jours. Un chantier à l'arrêt depuis plusieurs années et qui soulève moult interrogations. La vidéo montre une structure en ruine qui a suscité l'ire des Oranais qui ont pointé du doigt les gestionnaires de la ville. On sait pourtant que les services techniques de la commune d'Oran avaient élaboré une fiche technique afin d'entamer et d'achever dans les délais la restauration des parties intérieures de l'édifice, dont la salle des conférences, la salle des délibérations, la salle des délégations hôtes et le cabinet du maire. Une enveloppe financière de 50 milliards de centimes a été dégagée par la wilaya pour l'achèvement des travaux, malheureusement les travaux sont à l'arrêt et l'édifice tombe en ruine.

Ce projet de restauration de l'hôtel de ville, qui a connu à son chevet pas moins de trois walis successifs, devait en principe être initialement livré en novembre 2017. Après un imbroglio administratif qui a été tranché par les tribunaux, la première entreprise intervenante, un «groupe» algéro-italien, a abandonné le chantier et fut remplacée par un opérateur algérien plutôt connu pour son sérieux et son intégrité. Mais après achèvement et livraison de la façade rénovée de l'édifice, l'opérateur a finalement quitté les lieux. Pour bon nombre d'Oranais qui ont commenté cette vidéo, cette façade rénovée est l'arbre qui cache la forêt. Selon les services de la wilaya, le wali d'Oran a réitéré son appel aux responsables concernés pour l'achèvement des travaux. Le chantier qui connaît d'importants retards devait être livré en principe avant les Jeux méditerranéens qui étaient prévus en 2021 avant d'être décalés à 2022.

Malgré les dispositions prises par la wilaya pour l'achèvement de ce chantier, les travaux lancés il y a plus de cinq années sont aujourd'hui à l'arrêt. La restauration de cet édifice historique semble durer dans le temps. Selon nos sources, une fiche technique a été effectivement élaborée par un bureau d'études algérien afin de parachever les structures internes de cet édifice. Malheureusement, les travaux tardent à être concrétisés.

50 milliards pour achever les travaux

Pourtant, il y a plus d'une année, la wilaya d'Oran avait débloqué une enveloppe financière de 50 milliards de centimes pour l'achèvement des travaux. C'est ce qu'avait annoncé à l'époque le maire d'Oran, M. Noreddine Boukhatem, lors d'un exécutif communal. Ce dernier a signalé que cette rallonge budgétaire a été décidée par l'ex-wali après un exposé détaillé sur la situation de cet édifice, l'un des plus importants à Oran.

Le maire d'Oran avait souligné que les travaux d'habillage et d'aménagement intérieurs de l'hôtel de ville, à l'arrêt pour manque de moyens financiers, seront relancés dans les plus brefs délais. Le maire a en outre indiqué qu'une délégation présidée par le vice-président responsable de la commission de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme CATU est présente sur place pour le suivi du projet. Pour rappel, ce projet lancé il y a plus de cinq années devait être livré, selon les déclarations de certains responsables, au courant du premier trimestre de l'année écoulée, mais l'achèvement des travaux a buté sur le problème de manque de moyens financiers. Selon un élu de l'APC d'Oran, la première tranche relative au traitement de la façade et de la toiture et des murs et les travaux de confortement a été achevée, mais la deuxième tranche inhérente aux travaux d'aménagement et à l'habillage à l'intérieur n'a pas été lancée. Notre interlocuteur signale à ce titre qu'une étude a été élaborée par l'APC pour les travaux d'intérieur. Pour achever le projet, notre source indique que l'APC d'Oran avait besoin d'une enveloppe de plus de 50 milliards de centimes, selon l'estimation de l'étude. Construit en 1886, l'édifice est un véritable joyau architectural.

Il se caractérise par sa rampe d'escalier en marbre où trônent deux statues de lions en bronze, symbolisant la ville d'Oran et par une belle mosaïque, à l'entrée principale, d'une toiture en ardoise et de cimaises d'œuvre d'art relatant les différentes légendes liées au nom de la ville d'Oran. La restauration avait été décidée après le constat des spécialistes qui avaient souligné que la bâtisse menaçait ruine. Son intérieur est constitué de plusieurs fresques inédites ornant ses plafonds, son parterre et ses murs. Les deux lions en bronze, œuvre réalisée par le sculpteur Nicholas Cain, qui ornent son entrée, ont été installés en 1888, comme pour protéger la ville et sa mairie contre toute convoitise.