Des dizaines de familles
occupant le bidonville « La foire » sont revenues à la charge hier, pour
demander aux responsables de la wilaya de se pencher sur leur cas et les
inclure dans la prochaine opération de relogement prévue à Aïn
El Turck. Les dernières averses accompagnées de vent
ont durement éprouver les mal-logés du chef-lieu de la
daïra, notamment les occupants des rudimentaires regroupements de constructions
illicites. Les familles sinistrées, entassées dans le bidonville communément
appelé « La foire », véritable plaie nichée en plein cœur de la municipalité d'Aïn El Turck, ont été sordidement
confrontées à la furie des eaux pluviales et des rafales de vent. Ce hideux
regroupement de plus d'une centaine de masures, qui s'est approprié
illégalement la superficie qui abritait les ex-Galeries, ayant été en partie
ravagées par un incendie avant d'être cédées par la suite à un particulier, a
été carrément inondé par les averses, qui ont submergé les masures sommaires,
refuges pour ces familles en attente depuis plus de neuf années un hypothétique
relogement. L'amertume et la répulsion étaient perceptibles dans le ton d'un
groupe de responsables de famille, ayant, faute de mieux, élu domicile dans ce
sordide bidonville, qui ont pris attache avec Le Quotidien d'Oran au lendemain
des intempéries. « Mine de rien, cela fait près d'une décennie que nous
glandons à attendre un hypothétique relogement comme nous l'ont promis à
maintes reprises les autorités locales. Nous avons mis au clou toutes nos
économies pour acquérir une masure dans ce répugnant regroupement de
constructions illicites. Nous n'avions pas où aller, c'était à prendre où à laisser où encore aller chercher ailleurs où loger
temporairement chez sa famille », ont fait remarquer avec une humeur bilieuse
nos interlocuteurs avant d'ajouter : « On nous a taxé de tous les
qualificatifs, alors que nous demandons légitimement un toit pour nous abriter
». Notons que la crise sanitaire a décuplé les affres de l'indigence chez les
indus occupants de ce bidonville où des familles de quatre à six enfants sont
entassées dans une effroyable exiguïté de parpaing et de tôle ondulée. Les
minuscules allées serpentant entre les masures sont si étroites qu'on peut y
faire passer un cercueil mais pas une ambulance. Pour ces familles, le slogan
«Restez chez vous !» est d'une perturbante ironie. « À notre humble avis, être
confinés dans ce répugnant regroupement de constructions rudimentaires nous
rend encore beaucoup plus vulnérables au virus. La promiscuité démultiplie les
risques de contagion. Hiver comme été, nous devons faire face aux humeurs de la
nature, dans des pièces qui ressemblent plus à des geôles, en l'absence de
toutes commodités. Sans eau, ni gaz, ni réseaux d'assainissement, avec des murs
et des plafonds fissurés qui laissent l'eau s'infiltrer, nos enfants souffrent
le martyre et sont, pour la plupart, atteints de maladies respiratoires. La
situation s'aggrave davantage durant les nuits glaciales d'hiver avec les
rafales de vent, qui arrachent les tôles faisant office de plafond et nous
obligent ainsi à nous réfugier ailleurs comme cela a été le cas ces derniers
jours avec les intempéries ». Toujours est-il que claustrées dans l'exigu
extrême par le confinement, qui démultiplie les déboires et les difficultés,
ces familles tentent de survivre dans des conditions de vie éprouvantes,
effroyables et avilissantes, en attente d'un hypothétique relogement.