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Réinventer l'école, c'est faire en sorte que le directeur de l'éducation de wilaya connaisse son rôle et comprenne sa mission (1ère partie)

par Chaib Aïssa*

Afin qu'ils n'apportent de mécomptes supplémentaires et ne sacrifient d'autres générations, le rôle et la mission du directeur de l'éducation de wilaya ne peuvent être que l'expression du consensus social, assurer une scolarité de qualité et amener le maximum d'élèves «à la diplomation». Cela dit, se fixer cet objectif, c'est lui donner un contenu clair et hautement stratégique, c'est faire en sorte qu'il ne soit pas enveloppé d'ambiguïtés, c'est comprendre son utilité, c'est conscientiser ses défis, c'est circonscrire ses principes et les convictions qu'il devra subjuguer.

LE RÔLE DU DIRECTEUR DE L'EDUCATION DE WILAYA

Appelé à planer au-dessus des formules fourre-tout, abstraites et utopiques jusque-là apprivoisées, le directeur de l'éducation de wilaya ne fera plus dans le discours simplificateur et réduit à d'aléatoires didactiques. Il s'élèvera vers une clarification de la gestion de mission éducative et de celle de l'acte pédagogique qui lui sont dévolues et qui remédiera aux lacunes et aux carences inexorablement comptabilisées, qui sera une démarche scientifique, un choix éclairé, qui se pensera en termes de responsabilité, qui ne se confondra pas en une alchimie politico-administrative.

Il ne se contentera plus de faire dans l'innovation sans mémoire et de s'inventer, tantôt idéaliste, tantôt «prêcheur». Il ne fera plus semblant d'avoir l'accent de la sincérité et de mettre son professionnalisme sourcilleux à nu. Il ne jouera plus à avoir la conviction entêtée. Il ne s'évertuera plus à doper ses mots pour se faire entendre. Son langage ne déroutera plus aux premiers abords. Son geste ne sera plus en quête de contenance. Il ne cherchera pas à aller plus loin comme pour s'affranchir des sens communs. Il ne s'érigera plus en défi. Il ne s'investira plus dans un renouvellement fastidieux d'attelages technico-administratifs en faisant la sourde oreille aux conséquences qui en découleront. Il ne se confortera plus de la présence de ses amis à qui il offrira des avantages à tour de bras. A ses yeux, la responsabilité ne sera plus une simple fantaisie, un vulgaire artifice. Il ne confondra plus le bien avec sa volonté. Il s'évitera de trouver un malin plaisir à tout «effacer» pour tout recommencer et de surcroît, avec une dose supplémentaire de désinvolture. Il ne se perdra pas dans ses pensées qui interrogeront peut-être mais qui ne s'interrogent jamais. Il ne se fossilisera pas dans le rôle qui lui est confié. Dompter celui-ci devra être son ultime préoccupation. Il ne fera pas de l'échec scolaire une fatalité qui, flagellant les élèves et leurs parents, s'est fait l'écho de leur détresse et de leur désespoir.

Pour accomplir ce rôle avec le maximum de chances de succès, le directeur de l'éducation de wilaya ne s'enfermera plus dans de banales résurrections administratives. Il s'engagera courageusement dans la défense des objectifs de l'action éducative dont il a la charge. Il n'accordera plus de crédit aux discours simplificateurs. Il s'armera d'une volonté déterminée à écarter le risque de l'échec scolaire qui, d'année en année, s'élève dans des allures grandioses. Son souci majeur est que :

-désormais, des cohortes d'élèves ne quitteront plus l'école mutilées intellectuellement, marginales socialement et incapables de prendre part activement à la vie de la cité ;

-conjurer le sort de voir apparaître, encore et toujours, au-dessus d'une masse médiocre intellectuellement, une élite de technocrates sans culture.

Souscrivant au fait que parce que l'échec scolaire, patent à tous les niveaux du système éducatif national, est le signe de l'absence de raisonnement logique, il le combattra parce qu'il est aussi celui de la faiblesse ostentatoire de la culture générale qui handicape des pans entiers de jeunes. Cela dit, le directeur de l'éducation de wilaya s'évertuera, en dépit des parasitages qui tenteront d'affecter sa gestion, à conserver le sens des fonctions essentielles de celle-ci :

-le développement de la personnalité de l'individu, de ses dons, de ses talents, de sa liberté ;

-l'initiation de l'individu à la citoyenneté, ce qui lui permettra de s'intégrer dans sa cité et de participer à la vie sociale, sans gêne et sans complexe.

Se créant d'admirables défis :

-il ne fera pas dans l'incertitude, il accomplira ses prérogatives en veillant à ce que l'école s'investisse sérieusement dans sa mission, enseigner non seulement les connaissances mais aussi la sagesse, non seulement la compréhension des concepts mais aussi la vision harmonieuse des perspectives, non seulement la passion du rationnel mais aussi celle du raisonnable ;

-il ne se laissera pas se prendre dans le tourbillon d'arguments fallacieux ;

-il se mettra au service d'une école attentive à l'épanouissement de la société en développant en tout un chacun le sentiment de lui être utile.

L'organisation scolaire

Le directeur de l'éducation de wilaya appelé à mettre en place les outils appropriés à l'amélioration des résultats dans sa wilaya en vue d'une performance quand bien même graduelle, ne manquera pas d'évaluer trimestriellement les bilans de sa gestion et de les comparer aux exigences préalablement définies par un programme novateur qu'il aura préalablement établi et qui consiste à enrayer les phénomènes qui ont généré la dégradation des résultats en question et à mettre en place les voies et les moyens de leur redressement. Ce souci étant pour lui un défi majeur quand on sait les ravages qu'a causés l'incompétence en la matière.

Il devra être autant établi que les efforts en matière d'investissement, ne peuvent donner des résultats probants que si la gestion de la mission éducative et celle de l'acte pédagogique soient l'apanage de compétences avérées, car nul n'ignore qu'à l'échelle de l'entreprise éducative, la question de compétence est vitale, comme personne n'ignore que c'est du savoir-être entreprenarial et du savoir-faire managérial de ceux qui la pilotent que dépend son souhait de ne pas être condamnée à la mise en marge ou à la simple contemplation de ce qui se fait ailleurs.

L'avenir national étant de plus en plus visible et de mieux en mieux lisible, le directeur de l'éducation de wilaya n'a pas le droit de se dérober à ses engagements. Il y va de la prospérité de tout un système scolaire inscrit à son indicatif. Il a donc le devoir de s'acquitter de ses obligations avec abnégation et conscience.

Comme pour tous les esprits cartésiens, il doit considérer que les temps ne sont plus aux slogans, à la démagogie ou à la fuite en avant comme iI doit être convaincu que ce n'est plus le temps des replis et des pauses mais celui de la conjugaison des efforts de tous et de toutes volontés. Les temps ne sont plus ceux de l'indétermination et de l'incertitude mais ceux de la feuille de route vers la réussite scolaire de qualité celle qui n'a même plus besoin d'un Smig d'indulgence pour aboutir.

Sans pour autant vouloir régenter le système éducatif dans sa wilaya, il considère que l'heure est venue de débusquer toutes les carences qui ont empêché ce dernier de promouvoir une société scolaire capable de mobiliser ses aspirations pour qu'elles ne s'effilochent, d'orienter ses ambitions pour qu'elles ne tombent en désuétude, de sélectionner ses besoins pour qu'ils ne se transforment en désirs épars et de canaliser ses contraintes pour qu'elles ne l'envahissent. Il considère que l'heure est venue pour l'école algérienne de faire corps avec les ajustements structurels à définir par une politique éducative qui, aux moments propices, saura s'arrêter, relire la conjoncture socioculturelle qui prévaudra, sélectionner les urgences et prendre «les virages» -(mesures)- qui s'imposeront. Cette politique qu'il convient donc de clarifier et d'engager, s'investira courageusement dans la défense des objectifs escomptés et privilégiera les actions porteuses d'intérêts sur les activités marginales et stériles générées des années durant par le discours politico-idéologique en vogue à l'époque et dont la fragilité et la vicissitude provenaient des contradictions qu'il sécrétait et qu'il s'obstine indécemment d'entretenir aujourd'hui encore.

Il est convaincu que cette politique, élevée au rang de stratégie-tactique, moralisera l'engagement des acteurs censés l'animer, (encadrements administratif et pédagogique), d'une part, et, d'autre part, se chargera de développer une cohérence dans la mise en interaction des activités d'éducation et de formation et dans les procédures d'évaluation des curriculums et des acquis par souci de permettre aux élèves d'exercer un réel pouvoir au sein de l'école pour recouvrer leur statut «d'élève». L'école devant devenir un espace où ils seront initiés à cultiver et à mettre en synergie leurs potentialités, où ils apprendront à ne pas se soumettre au diktat du fatalisme et de la résignation que produit la difficulté d'apprendre et l'échec, où s'installeront entre eux et ceux qui les encadrent, (enseignants et administration), des réseaux de communication horizontaux, plus directs et plus démocratiques, où la recherche et l'action s'articuleront pour faire aboutir le succès de tous, où s'édifieront leurs repères.

Cela dit et pour que cette politique éducative, cette démarche stratégique ne s'enlise dans une perspective utopique, le directeur de l'éducation de wilaya mettra en place des dispositifs appropriés afin qu'elle se confonde en une méthodologie qui «scolarisera» la formation laquelle formation garantira des résultats. Ces dispositifs encadreront une gestion efficace de la mission éducative. Il s'agira de l'évaluation des connaissances et des attitudes que chaque élève acquerra, de la régulation de ses progressions intellectuelles et psychologiques, de la structuration de ses compétences cognitives et comportementales et de son orientation (à ce sujet, il sera aidé à se déterminer de l'intérieur de lui-même et en fonction de ses aptitudes potentiellement utilisables).

Il inscrira désormais, comme un inéluctable la nécessité :

-de donner à chaque élève un local pour l'abriter et un enseignant pour l'encadrer et ce, conformément à une carte scolaire mise au point scientifiquement et non point à la volée ;

-d'asseoir un authentique dispositif de recherche-développement pédagogique et de défaire l'attelage du consensus d'hallucinations qui prévaut et qui se complaît dans sa condition, faute d'engagement des acteurs du système éducatif, tous corps d'état confondus et qui s'obstinent à faire dans des tâches périphériques, si ce n'est dans le semblant ;

-d'aménager une situation pédagogique appropriée à la formation de l'esprit capable de raisonner logiquement et de juger avec méthode ;

-de réanimer l'évaluation systémique, formative et sommative donnée, depuis des lustres, en pâture aux injures du temps;

-de préparer et d'accompagner la scolarité de tout un chacun ;

-de faire de l'établissement scolaire le levier de la réussite ;

-de revaloriser la fonction enseignante en impliquant les enseignants dans les débats qu'il engagera ;

-de veiller à ce que les personnels administratif et pédagogique soient d'authentiques entrepreneurs, ne perdent plus de leur prestige et ne se sentent plus en situation d'échec;

Il travaillera à faire en sorte que la fonction enseignante, (tous corps d'état confondus), joue le rôle de substitut de la famille.

Il oeuvrera pour que la motivation et le savoir professionnel des gestionnaires de la mission éducative et ceux en charge de celle de l'acte pédagogique (les inspecteurs d'enseignement, les chefs des établissements scolaires et les enseignants), n'accusent plus de précarité. Ils ne se figeront plus dans une position conservatrice. Il oeuvrera pour qu'ils n'adoptent pas une attitude défensive à l'égard de leurs élèves, pour qu'ils n'accusent pas la démocratisation de l'enseignement comme une atteinte aux droits de ceux qu'ils appellent les «bons élèves» et surtout pas comme une contribution à la dégradation de la discipline rigide autrefois instaurée parce qu'elle leur permettait de cacher leurs tares multiples. Faisant dans des stratégies pédagogiques bien pensées et bien réfléchies et nantis d'engagement professionnel, ils ne considéreront plus les élèves faibles comme ne disposant ni de codes, ni de vocabulaire, ni de culture, ni de disponibilité à l'apprentissage. Ils ne feront pas dans la promotion des stéréotypes discriminatoires).

-de veiller à ce que l'école ne perde plus son ambition d'enseigner les valeurs (Faire acquérir un savoir créatif de savoir-faire, former le comportement citoyen, développer l'attitude scientifique, - le goût de rechercher pour découvrir et celui de découvrir pour créer-, devront devenir l'expression de son ambition. Elle (l'école) n'a plus le droit de se trouver en rupture avec sa mission originelle, -éduquer, instruire, former et qualifier- et surtout avec l'aspiration des jeunes qui lui sont confiés, -acquérir une formation de qualité, celle qui leur permettra d'évoluer, aisément, au rythme de l'international). Elle n'a plus le droit d'être en rupture avec la vie économique Les compétences générales et les qualifications spécialisées que les diplômes qu'elle décerne sont censés représenter, devront être jugées suffisantes).

-de piloter le partenariat Ecole / APC (Ils ne laissent plus les coudées franches à celles-ci, (les APC) parce qu'elles n'ont pu remplir leur contrat. (Quasi absence du transport scolaire ? Les cantines scolaires très mal gérées ? Absence totale de l'entretien des écoles primaires qui bien que domiciliées dans les grands centres urbains sont profondément délabrées).

-de piloter le partenariat Ecole / Direction Des équipements. (Assurer le suivi des réalisations des programmes de construction scolaire et défendre son point de vue à ce propos) ;

-de piloter le partenariat Administration / Syndicat ;

(Les innombrables syndicats chargés des affaires des enseignants ne devront plus faire dans cette cogestion politique et administrative du système éducatif parce qu'elle ne lui ressemble guère).

-de promouvoir un enseignement privé qui ne soit pas « hors la loi».

Cette entreprise est d'une importance signalée. Elle n'est ni plus ni moins qu'une refonte de la gestion de la mission éducative jusque-là usitée. Cela va : -des règles de recrutement des encadrements pédagogique et administratif, ce qui suppose la rigueur dans les concours, (les résultats de ces derniers devront être l'expression de la capacité de l'individu à changer ce qu'il est pour s'adapter à l'individu qu'il devra être, c'est-à-dire, cet enseignant) ;

-aux normes régissant la certification des acquis, en passant par l'organisation des enseignements par cycle d'étude et de celle de la progressions de leurs contenus, par le choix des objectifs qu'ils doivent véhiculer, par la performance des méthodes d'apprentissage à mettre en place, par la disponibilité des moyens didactiques appropriés, par la maîtrise des techniques d'évaluation.

Par ailleurs et ambitionnant à augmenter l'espérance de la vie scolaire et par conséquent, à réduire le taux de l'échec et de la déperdition scolaires, le directeur de l'éducation de wilaya doit faire en sorte que ses élèves poursuivent le plus loin possible leurs études en recevant une formation de qualité qui leur permettra d'acquérir des compétences générales et des qualifications opérationnelles pour pouvoir affronter une concurrence accrue, tant durant leur scolarité que sur le marché de l'emploi. Il travaillera à rendre le système éducatif dont il a la charge, moderne et performant et participe à en faire le levier principal de la transformation civique, culturelle, économique et sociale de la société algérienne.

Cependant, cela ne pourra se faire que s'il instruit les personnels administratif et pédagogique placés sous son autorité à ne plus mobiliser la mission de l'école sur des objectifs politiques ou idéologiques parce que fantasques, disparates, fugaces et sans portées et sur des buts informels et illusoires pour lesquels l'administration en charge du secteur nourrit farouchement la propension et le secret. Le souci est de promouvoir et d'améliorer un enseignement formationnel*.

*Enseignement formationnel : qui s'appréciera par la rigueur dans la formation de l'esprit critique, par son efficacité dans l'épanouissement de ses aptitudes et l'accomplissement de ses attitudes, par l'affermissement de la volonté et l'enrichissement de la personnalité, par l'orientation qu'il fera prendre au rapport attention/intérêt modulateur de la perfectibilité intellectuelle et qui apprendra à l'esprit à dompter les mystères de la nature. Qui permettra de la sorte à celui qui le recevra, de réunir le maximum de conditions pour pouvoir s'investir dans l'actualisation de ses acquis et de son expertise.

Notons que les tentatives de promouvoir et d'améliorer cet enseignement ont, jusque-là, été entreprises de façon ponctuelle ou circonstancielle et ont, en conséquence, échoué. Le manque de suivi à leur endroit et la déscolarisation des objectifs de l'enseignement en question, y sont aussi pour beaucoup dans leur échec.

Considérant que l'école algérienne ait atteint un âge suffisamment avancé pour prétendre à l'âge de raison, pour briller des flambeurs de la performance et de l'efficacité, pour s'ériger en cette authentique école intelligente pour laquelle ont opté les nations qui aujourd'hui s'affichent en tête du peloton, le directeur de l'éducation de wilaya devra :

?s'évertuer à l'ériger en un authentique moteur de réaménagement social qui forme le citoyen du monde, qui produit une personnalité valorisée et en mesure de se mouvoir dans un espace mondial sans cesse actualisé, en assurant aux jeunes une orientation conforme à leurs profils psycho-intellectuel et psycho-mental par souci d'améliorer leur état d'équilibre (les inciter à réaliser une synergie entre leur épanouissement cognitif, psychologique, intellectuel et mental), et en apportant des réponses franches et novatrices à leurs interrogations, ce qui suppose un encadrement pédagogique et administratif compétent et surtout motivé pour la cause ;

Cette école qui, structurée dans une perspective d'ouverture sur le monde et rompant avec les querelles idéologiques et les dogmes, ne sera pas cet espace en rupture avec le complexe progrès-civilisation. Elle se gardera, cependant, d'en faire un complexe mythifié. Elle produira la richesse et la puissance et non les malentendus. Autrement dit, il est grand temps qu'elle s'organise pour que ceux qui en sortent aillent bardés de savoirs et de culture grossir les rangs de la prospérité à laquelle aspire la société algérienne.

Il est grand temps qu'elle s'extraie du cloaque de la restriction culturelle que certains tentent de pérenniser, ce qui suppose un engagement politique certain. Il est grand temps que décideurs, enseignants et parents d'élèves brisent les défaitismes et compromissions et abordent, sans apriorisme ni autres tabous, l'avenir d'une société se voulant de savoir, épanouie et dynamique.

Convaincu que si elle est convenablement prise en charge par les décideurs à l'échelle nationale, elle permettra à la société algérienne de lutter contre ce confusionnisme qui empêche son système technico-économico-culturel de prendre de l'essor et de gagner en envergure. Adoptant cette stratégie animée par la volonté de former l'homme intégral**, elle mettra l'avenir de celui-ci à l'abri du besoin. Cette volonté se situant, bien entendu, au-delà du discours politique simplificateur et générateur d'utopie.

**L'homme intégral est cet homme dépositaire de savoir-être que distille le capital cognitif comptabilisé, (savoir et savoir-faire). Il est cet homme qui se conjugue dans celui qui conçoit et celui qui applique. Il est celui qui est en mesure d'établir des correspondances entre ses expériences afin qu'elles aient de l'épaisseur. Il est celui qui adopte une position souple et fonctionnelle dans la gestion de ses préoccupations. Il est cet homme apte à s'ériger en rampe de lancement du développement durable, cette émanation du développement national autonome. Il est cet homme nanti de compétences générales et de qualifications spécialisées, de volonté et de sagesse. Il est cet homme qui saura établir entre lui et les choses de la vie, une liaison aussi intime que possible.

Ce n'est qu'ainsi qu'elle portera en elle la réponse aux revendications fondamentales des Algériennes et des Algériens pour la justice, la dignité et la solidarité dans l'effort et dans le mérite. Le directeur de l'éducation doit pour ce faire conscientiser le fait que nous vivons aujourd'hui une ère différente, ce qui implique une véritable renaissance sur laquelle nous devons embrayer avec une méthode adaptée à la logique du siècle et aux visions différentes de celles du passé.

Le directeur de l'éducation de wilaya devra comprendre que seul ce qui maximalise le rendement scolaire (une réussite scolaire de qualité), est digne d'intérêt parce qu'il sert véritablement le développement national durable. Il devra, en outre, comprendre qu'un paradigme donné de gestion de la mission éducative ne peut être que l'expression d'une conjoncture politico-idéologique donnée. «Chaque société considérée à un moment déterminé de son développement, a un système éducatif qui s'impose aux individus avec une force généralement irrésistible» -Emile Durkheim- Il devra par conséquent, évaluer continuellement la direction dans laquelle évoluera sa gestion afin qu'elle développe une meilleure efficacité, comptabilise une meilleure performance et anime une école au moyen de laquelle l'Algérie embrayera sur son développement durable, enclenchera le processus et accélèrera la cadence.

Son souci est de prendre part au cursus honorum, celui de participer à l'édification d'une Algérie en mesure d'évoluer au rythme de l'international et capable de gérer le tumulte de la modernité, sans erreurs et sans illusions et de jouer «dans la cour des grands», sans gêne et sans complexe.

Pour ce faire, il s'évertuera à mettre en place un attelage technico-pédagogique, une école qui incitera l'élève à vivre son apprentissage comme une expérience où :

-il interrogera ses relations avec la vérité ;

-il appréciera la faisabilité et la portée de l'effort intellectuel authentique (cet effort auquel collaborent le raisonnement logique et le jugement méthodique) ;

-il persévérera dans la voie dans laquelle il s'engagera en développant son sens de la responsabilité et en effectuant des percées dans l'actualité.

A suivre

*Directeur départemental de l'éducation Ancien professeur INRE Auteur dernier ouvrage paru aux Editions El Maârifa : «Comment mettre en état un Etat qui était dans tous ses états»