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«La marche d'un peuple» (Les graines de la colère)

par R. N.

Dans cet ouvrage, en réalité le tome 2 d'un premier essai consacré aux péripéties du Hirak (La révolution du 22 février, de la contestation à la chute des Bouteflika), Mahdi Boukhalfa, journaliste et auteur, revient sur les causes et les raisons à l'origine de l'explosion sociale en Algérie, qui a jeté chaque vendredi dans les rues du pays jeunes, vieux, femmes et enfants faire barrage pacifiquement à un 5ème mandat du président Bouteflika. Dans son dernier ouvrage, Mahdi Boukhalfa décortique une à une les grandes causes de la colère des Algériens contre la classe politique dirigeante, le gouvernement Ouyahia et avant lui celui de Sellal, deux exécutifs accusés d'avoir accéléré la crise sociale, économique, et surtout une crise politique profonde marquée par un recul des libertés.

Edité à Paris chez Les Editions du Net, « La marche d'un peuple », refusé par les éditions Chihab, revient sur près de deux ans de crise politique, économique et sociale, principale cause de l'explosion du mouvement populaire du 22 février 2019. Dans le détail, l'auteur s'arrête longuement sur les scandales financiers qui ont marqué le 4ème mandat de Bouteflika, des scandales qui ont accentué la crise de confiance sociale et politique dans un pays où les jeunes sont poussés, au péri de leur vie, à l'émigration clandestine pour aller en Europe chercher des soupçons d'une vie décente. Les décès des « harragas » en mer, la détresse des jeunes devant des opportunités sociales mises sous le boisseau par les gouvernements successifs depuis le second mandat du président Bouteflika constituent, avec la grève des médecins résidents réprimée par le gouvernement et exacerbée par le ministre de la Santé, ainsi que le blocage du secteur de l'Education nationale, un des axes principaux de «La marche d'un peuple».

Crise politique, crise du logement, crise de l'emploi, absence de dialogue dans une société algérienne bloquée, révoltée par des scandales à répétition, dont celui de l'éviction du président légitime du Parlement, Saïd Bouhadja, sont les autres segments de « La marche d'un peuple ».

L'ouvrage, loin d'être nihiliste, se concentre exclusivement sur la fracture de la société algérienne, fatiguée par une gestion calamiteuse, prédatrice des affaires du pays par le clan Bouteflika. Mahdi Boukhalfa illustre cette situation de «détresse sociale» par le nombre inquiétant de candidats à l'émigration clandestine et de demandes de visa pour l'espace Schengen enregistré en 2018, et souligne la réaction inopportune et inappropriée du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs, qui a appelé les imams à sensibiliser les jeunes aux dangers de la «traversée».

L'ouvrage s'intéresse par ailleurs au coup de force de certains partis politiques et organisations de masse qui ont commencé, en 2018, à appeler à un cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika et à la réaction des partis d'opposition, de la société civile, de la presse et de la rue face à cette «provocation».

Sociologue de formation et journaliste de profession, Mahdi Boukhalfa a publié trois ouvrages : «Mama Binette, naufragée en Barbarie» (Sept.2019, Paris, Editions du Net), «La révolution du 22 février, de la contestation à la chute des Bouteflika» (Oct.2019, Alger, Editions Chihab), et «La marche d'un peuple» (Les graines de la colère, Paris, Editions du Net, août 2020). «La révolution du 22 février, de la contestation à la chute des Bouteflika» a été épuisé. «Pavillon Covid-19» (sept jours en enfer), un livre témoignage sur sa contamination par le coronavirus et son hospitalisation, est le prochain livre de Mahdi Boukhalfa, qui devrait sortir dans les tout prochains jours.