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Un scrutin n'est jamais simple

par Abdou BENABBOU

Il fallait le faire et ça sera fait avant la fin de l'année. La discordance flagrante entre une institution parlementaire née de l'ancien système et la volonté présidentielle de changer de cap politique pour, affirme-t-il, une Algérie nouvelle ne pouvait pas s'éterniser. La dissolution du Parlement est un premier bon augure pour se mettre au diapason d'une logique incontournable d'autant que le départ des députés et des sénateurs était réclamé de toutes parts à cors et à cris.

Mais malgré toutes les garanties annoncées par le chef de l'Etat pour la mise en place d'une institution solvable, il demeure nécessaire de s'attarder sur la signification et la teneur des mots. Nouveauté et renouvellement n'ont pas deux sens identiques. C'est dans leurs significations respectives que se nicherait une future contradiction entre le dit et le fait susceptible de dérouter le volontarisme courageux et sincère. Ce qui est valable pour le Parlement l'est aussi pour le gouvernement. En politique, le transfert des hommes ou leurs permutations ne mènent pas loin.

Le président de la République s'est engagé pour que l'Etat prenne sur son dos toutes les fraîcheurs juvéniles candidates qui s'avanceraient pour les élections futures. En parallèle de multiples grandes compétences aujourd'hui dans l'anonymat sont disposées à s'avancer armées d'un patriotisme à toute épreuve pour occuper la scène politique.

Cependant, de par sa complexité et sa nature, un scrutin n'est jamais simple. Les élections obéissent à des instruments qui dépassent le cadrage de la loi. Par le très court temps imparti pour les élections législatives anticipées, des partis politiques bien ancrés dans le terrain ont plusieurs longueurs d'avance. Ils ont eu le temps d'aiguiser leurs capacités de mobilisation et d'asseoir leurs relais dans le large circuit national économique et social. Leurs accointances avec des organisations satellites sont solides et il est fort douteux qu'ils consentent à dénier leurs avantages ou à libérer un couloir pour de nouveaux acteurs politiques.

Les données ne sont donc pas simples. Pour que les élections futures aient un sens prometteur pour le pays, il est à espérer que de la nouvelle loi électorale soit extirpé un génie bienfaiteur.