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Quand le conteneur se fait rare

par Akram Belkaïd, Paris

Il est devenu l’emblème de la mondialisation et de l’explosion du commerce international.

Il est aussi, ceci allant de pair avec cela, l’icône du grand réveil chinois et de la capacité de Pékin de fournir toutes les marchandises possibles au monde dans des délais raisonnables y compris en matière de produits frais ou périssables. Enfin, il est aussi le symbole du gaspillage déraisonné et de la pollution des océans. Il s’agit, bien entendu, du container.

Pénurie globale

Au début des années 2000, nombre d’économistes estimaient déjà que ce début de siècle serait l’âge d’or du container. Des « boîtes » empilées les unes sur les autres, des navires toujours plus gigantesques pour les transporter, des innovations technologiques comme la technique frigorifique, et les échanges mondiaux ne cessent d’être facilités.

Bien sûr, cela permet toutes les dérives notamment les trafics, y compris humains, sans oublier ces containers qui dérivent dans l’océan et qui constituent de vrais dangers pour la navigation. De même, certaines boîtes ont servi à couler des déchets dangereux dans les mers. Mais la tendance est là, le container demeure incontournable. Il est la colonne vertébrale du commerce international.

Et en cette période marquée par la pandémie de Covid-19, cet équipement indispensable est en train de manquer. La raison en est simple : de nombreux conteneurs demeurent bloqués dans des centaines de ports à l’arrêt ou à l’accès difficile en raison des mesures de restrictions sanitaires. En règle générale, les conteneurs vont et viennent, dans un immense mouvement de recyclage perpétuel. Dans le cas présent, l’immobilisation forcée de milliers de boîtes crée un goulot d’étranglement.

La conséquence de tout cela est une hausse directe des coûts de fret maritime ( 150% sur un an pour les trois derniers mois de 2020).
En effet, les ports chinois manquent de conteneurs et les importateurs européens et nord-américains sont obligés de payer le transport plus cher. La situation est d’autant plus compliquée que l’économie mondiale redémarre plus rapidement que prévu. Elle est donc en avance par rapport à une éventuelle levée des restrictions sanitaires, voire une éventuelle amélioration de la situation pandémique.

Réorganisation

Cette situation va laisser des traces car, à l’avenir, les opérateurs vont certainement garder en tête le fait que le transport maritime n’est pas l’unique solution. Dans un contexte où de nombreuses entreprises sont en train de réorganiser leurs chaînes de valeur et leurs systèmes logistiques, il est possible d’envisager que des stratégies de relocation partielle soient décidées de manière à favoriser d’autres modes de transport (route, ferroviaire).

Une évolution que la Chine a d’ores et déjà anticipée. En effet, le projet des nouvelles routes de la soie prend en compte les exigences à venir en matière de proximité des centres de production par rapport aux consommateurs. Certes, le conteneur a encore de beaux jours devant lui mais sa domination (presque) totale est peut-être terminée.